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Lorsqu’il s’agit de projets studio, déconnectés de toute filiation cinématographique, il est assez rare de constater l’usage de vocalises (naturelles, de surcroît !), en accompagnement des compositions mandariniennes. A ce titre, "Tyger" mérite une oreille attentive, car il accorde une partition vocale qui dépasse sensiblement le stade de la figuration, sur trois des cinq morceaux embarqués. Seuls 'Alchemy Of The Heart' et le titre de clôture sont entièrement instrumentaux.
Le chant est confié à Jocelyn Smith, qui fait son possible pour diversifier les registres. Ainsi, sa voix est haut perchée sur l’éponyme, une introduction berçante et joliment plaintive, gutturale sur le très planant 'Smile', bien que noyée dans les harmoniques de nappes de claviers scintillants, et forcément changeante sur le mutant 'London'. Cette composition dont l’intitulé met à l’honneur la capitale britannique est l’une des plus intéressantes de la livrée. Elle propose plus de 14 minutes de musique électro-progressive ostensiblement contenue, qui chemine d’ambiances éthérées en humeurs méditatives, cérémonieuses, parfois festives, pour aboutir sur le paroxysme d’un final instrumental de toute beauté, magnifiant pareillement l’expressivité de guitares électriques en transes, des percussions et des synthés. Une mise en scène qui n’a pas si souvent été reconduite depuis que les Allemands ont délaissé les sonorités vintage de la période seventies.
Pour rester en phase avec les évolutions narratives de 'London', la chanteuse se verra donc priée de passer du grave aux aigus, de l’onirisme à la désinvolture (amusant, ce bref et petit rire en portion médiane, surplombant le swing du clavier), de tirades oratoires aux phrasés complexes de mélodies acrobatiques. Tout cela, sur le papier, semble avoir été parfaitement bien orchestré ; le problème, c’est que la tessiture de Jocelyn Smith manque d'amplitude, et qu’en définitive sa prestation ne s’avère réellement convaincante sur aucune des deux extrémités tonales. Du coup, on se prend parfois à réorienter les oreilles sur les harmonies de l’instrumentation, talentueuses, en dessous des paroles !
Assez à l’aise sur le titre éponyme ouvrant l’album, trouvant ses limites sur le suivant, le chant a hélas tendance à se faire oublier au fur et à mesure que défile le compteur, d’autant qu’ 'Alchemy Of The Heart', dépourvu de paroles, prend l’initiative d’enfoncer le clou de l’émotion purement instrumentale. En première partie notamment, sur une rythmique changeante, truffée de pièges et de détours, habillée de claviers haletants se prenant pour des percussions, la piste médiane est un modèle de narration accrocheuse et captivante, digne des meilleurs moments de films à suspens.
Avec une ligne vocale en demi-réussite, et une enveloppe sonore parfois très (trop) cristalline, un brin corrosive, "Tyger" devra jouer des coudes pour gagner sa place parmi les champions musicaux de Tangerine Dream. Mais ses mélodies immédiates sont très réussies, autant que le dosage en prise de risques est généreux, et productif. Si elle intègre votre collection, nul doute que la galette trouvera plus d'une fois le chemin du mange-disque. - Site officiel
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LISTE DES PISTES:
01. Tyger - 05:48 02. London - 14:25 03. Alchemy Of The Heart - 12:24 04. Smile - 06:12 05. 21st Century Common Man (parts 1 & 2) - 08:50
FORMATION:
Chris Franke: Synthétiseur, Percussions électroniques Christian Gstettner: Programmation Edgar Froese: Guitares / Synthétiseur Jocelyn B. Smith: Chant Paul Haslinger: Guitares / Synthétiseur, Piano
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