ANTHROPIA: Acoustic Reactions (METAL PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Avec "Acoustic Reactions", le groupe niçois Anthropia s'attaque au toujours périlleux exercice du live acoustique pour un groupe de prog métal. L'album a été enregistré lors d'un concert donné en 2009 à la FNAC de Monaco devant un public restreint. La setlist est constituée de cinq titres du groupe, extraits de leur second album "The Chain Reaction", mélange de progressif et de métal, proche de Kamelot ou d'un Ayreon dans ses moments les plus vitaminés, et de trois reprises de Toto, Extreme et Iron Maiden.

Périlleux exercice, donc, car le passage de l'électrique à l'acoustique pour un groupe orienté métal risque de se conclure par une déperdition d'énergie nuisible à ce type de musique. Pour éviter cet écueil, il est nécessaire de faire un travail en profondeur de ré-interprétation des titres, pour tirer parti au mieux des sonorités acoustiques.

Dès le premier titre, il est évident qu'Anthropia a eu l'intelligence de faire cet effort d'adaptation. La vigoureuse énergie de la version studio de "The Altar Of Trust" fait place à quelque chose de plus doux, sans pour autant en être mièvre. Le tempo est enlevé, les voix mêlées d'Hugues Lefebvre et de la très jolie Nathalie Olmi se marient bien, Nathalie se laissant même aller à quelques volutes du plus bel effet. Les changements de mélodies sont fréquents et bien amenés, et le titre contient juste ce qu'il faut d'énergie, sans exagération, rendant cette version finalement plus sensible et intéressante que l'originale.

Dès lors, le ton est donné à l'album : les titres s'enchaînent, alternant moments intenses et passages plus calmes. Les musiciens sont impeccables, la basse et la batterie, présentes sans être envahissantes, assurant une très belle prestation rythmique, et les deux guitaristes nous livrent un travail d'orfèvre, avec des morceaux de bravoure où ils laissent s'exprimer leur dextérité sans ostentation inopportune. Le chant joue sur la dualité des voix masculines et féminines qui alternent chant à l'unisson ou à la tierce, dialogues, croisements et chœurs. Hugues Lefebvre a une voix juste et très agréable et Nathalie Olmi, au timbre légèrement voilé qui en fait le charme, passe régulièrement du mezzo au soprano. Enfin, Hugues Lefebvre, encore lui, (à l'origine, Anthropia est son projet solo) fait preuve d'un sens inné de la composition : les cinq titres originaux du groupe sont variés, inspirés et harmonieux.

Devant tant de louanges, pourquoi une note bonne, mais mitigée ? L'honnêteté m'oblige à signaler un léger défaut. Sur certains titres, Nathalie Olmi montre quelques difficultés à être juste et semble en recherche permanente de la bonne tonalité. C'est notamment flagrant sur les refrains des reprises de Toto et d'Iron Maiden (alors que sur cette dernière son chant est très convaincant sur le couplet). Un défaut mineur qui ne gâche pas l'écoute de ce très bon disque, mais qui l'empêche d'obtenir une note plus élevée.

Après tout, les fausses notes, les erreurs de justesse font partie du charme du live. Elles démontrent une certaine fragilité, ne rendant que plus humaines les interprétations parfois trop aseptisées par le travail en studio. "Acoustic Reactions" est à ce titre un disque chaleureux, inspiré et extrêmement plaisant.
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