Christopher Lee a dit : j’ai été métal toutes ces années, je ne le savais juste pas. Et comme il n’est jamais trop tard pour se rattraper le voila en l’an de grâce 2010 à la tête d’un projet métal symphonique: comme quoi tout arrive !
Nous voila donc avec un concept album (Oui dans le monde merveilleux du heavy métal on dit concept album. Dans le monde impie de la star ac' on dit comédie musicale.) basé sur la vie de King Charlemagne, roi des Francs . Pour une fois qu’un Français inspire un album de métal !! Pour ceux qui avaient visité la page myspace de l’acteur, l’album était attendu comme un mix de Rhapsody et du Seigneur des Anneaux. Du heavy-métal historique raconté par la deep-voice de Dracula (ou Saroumane selon votre âge) himself.
La première lecture se fait religieusement. On écoute, on apprend et on s’émerveille devant le coffre de Monsieur Lee qui, s'il chante un peu en yaourt, le fait plutôt bien. Les invités font leur boulot, l'orchestre est cohérent et quelques riffs et soli parsèment les titres de ci et là. Ca ressemble beaucoup à une B.O de film et au final, sur 1h de musique, les moments de bravoure peuvent se compter sur les doigts d’une main, et, grosse faiblesse de l’album, il faut tendre l’oreille pour entendre les trois soli et les deux riffs cachés derrière l’orchestre. Cruelle déception! Pourquoi pas plus de panache et plus de métal surtout? Alors peut être est-ce volontaire car, après tout, on ne rigole pas avec l’histoire. Mais à quoi bon clamer les louanges du heavy, pour accoucher d’un album en demi-teinte.
Pourtant il y avait de quoi y croire :
L’album se décline en 5 chapitres et autant d’introductions narratives qui n’apportent pas grand-chose. Très solennelles, elles ont néanmoins le mérite de raconter l'histoire (il faut comprendre l’Anglais bien sûr sinon l’intérêt du truc est moindre. Forcément).
L’acte I plante le décor. L’entré en scène de Charlemagne est réussis et la deuxième voix donne un coté Avantasia plutôt sympathique.
L’acte II est plutôt pas mal, avec deux guests, une voix masculine et une voie féminine très originale qui contre balance la narration de Christopher Lee.
L’acte III est le plus réussi. Ça s’envole et le ton se durci (très) légèrement.
L’acte IV, par contre, commence à sentir le roussi. Ça s’énerve quand même au milieu et devient presque bien sur la fin, pour tourner au final en un truc un peu niais. Sans doute pour annoncer la suite.
L’acte V est en décalage flagrant avec le reste de l’album. En un mot : ça sent la guimauve. On a l’impression que c’est Phil Collins qui a écrit la musique, dans la plus grande tradition Walt Disney et ça finit en quelque chose qui ressemble étrangement à une comédie musicale. Le compositeur (une pointure paraît-il dans le monde de la soupe) y est sûrement pour beaucoup. La traduction des paroles vaut aussi son pesant de cacahuètes..
Enfin, le final reprend un des thèmes de l’album en version orchestrale.
Cet album, qui s’annonçait pourtant si bien, perd l’auditeur en route et le laisse sur sa faim. Sans être mauvais, il déçoit par son manque de gnak, avec un coté métal relégué au second plan et des inégalités dans la composition qui plombe l’ensemble. Christopher Lee fait sa part et y est pour beaucoup dans ce qui est de crédibilité. Reste un album gentillet, correctement exécuté, et qui passera très bien en musique de fond… Sans plus!