Certains auraient pu penser ne plus jamais les revoir. Et pourtant, après un hiatus qui aura tout de même duré huit ans, Jack And The Bearded Fisherman sont de retour cette année avec un quatrième album, "Playful Winds".
Fondé en 2005 à Besançon, le groupe franc-comtois devait initialement se remettre au travail en 2019 avec un retour sur scène. Les plans d’un certain covid-19 en ayant décidé autrement, les Bisontins en profitent alors pour reprendre le chemin de l’écriture et du studio. Si pendant ces huit années les musiciens étaient mobilisés et bien occupés avec leurs projets respectifs (Horskh et Red Gloves pour n’en nommer que quelques-uns), on sent ici un véritable amusement et une sincérité authentique.
Certains parlent de post-hardcore, d’autres de noise ou encore de heavy rock à tendance indie, mais il est également possible de coller l’étiquette "stoner" au quintette. Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec ces substantifs, nous pouvons ici parler de rock qui tache, de guitares saturées lentes, d’un univers où le larsen est roi et où la dissonance domine.
‘Beware Of Birds’ est le titre choisi par le groupe en tant que premier single, et ce choix se comprend très bien, le morceau étant probablement le plus efficace de l’album. Avec ses mélodies de guitare pouvant rappeler du Muse, ce titre introductif allie très bien mélodie et puissance. Les influences Mastodon sont évidentes sur la plupart des titres, avec un versant tout de même moins metal, comme sur ‘Fingers Crossed’ où les sonorités crasseuses et les ambiances moites sont légion.
Mais peut-être qu’à trop vouloir respecter les codes du genre, la musique du quintette y perd en originalité et en prise de risque, même s’il est vrai que ces deux caractéristiques ne sont pas forcément représentatives de la scène stoner, du moins à première vue. Pourtant, certains intermèdes instrumentaux auraient mérité d’être davantage développés. C’est le cas de ‘Periscope’ et de sa guitare acoustique qui prend le temps de poser une ambiance avant de se faire couper l’herbe sous le pied par ‘Lips As Martyr’. Le titre éponyme ‘Playful Winds’ déploie une atmosphère classique assez intrigante et sortie de nulle part, que l’on aurait aimé voir se concrétiser sur le titre suivant, ‘Silent Films’, qui propose au contraire un virage à 180 degrés, même si le titre est certainement l’un des plus costauds du disque.
Quoi qu’il en soit, ce retour sur le devant de la scène fait plaisir à voir. Aussi, après plus de quinze ans d’existence, il est agréable de voir que des groupes parviennent encore à créer et à proposer du contenu, en gardant un plaisir de jeu et de partage évident. Souhaitons donc bonne chance à Jack et ses fameux compères pêcheurs pour les quinze années à venir !