ME AND THAT MAN: New Man, New Songs, Same Shit, Vol. 1 (ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

That Man est parti mais Nergal est toujours là, et bien là. Trois ans après "Songs Of Love & Death", le Polonais a remis son Stetson pour un deuxième album encore meilleur et encore plus puissant que le premier. Le guitariste John Porter s’est retiré du projet et c’est presque tant mieux, car Nergal en a profité pour impliquer plusieurs amis dans la réalisation de ce deuxième album de Me And That Man. Et le résultat est brillant à plus d’un titre. D’abord parce que "New Man, New Songs, Same Shit, Vol. 1" est en tous points supérieur à son prédécesseur, ensuite parce que Nergal réussit là ce que le premier opus n’avait fait qu’effleurer : mettre en évidence la filiation entre le black metal de Behemoth et le country blues de Me And That Man.

Qu’on ne s’y trompe pas, il n’y a aucune trace de metal dans la musique de Me And That Man. L’idée initiale d’explorer les racines du blues et de la musique country américaine est toujours au cœur de sa proposition musicale. D’ailleurs le premier titre de l’album, ‘Run With The Devil’, ne laisse aucun doute à ce sujet. L’ambiance y est même presque joyeuse et les accords blues rock entraînants. Pourtant un saxophone plaintif a tôt fait de nous alerter. Tout ne sera pas aussi simple, ou du moins aussi simpliste. Car simple, la musique de Me And That Man l’est bel et bien. C’est même ce qui fait sa force. Trois accords suffisent à Nergal pour nous entraîner progressivement vers les profondeurs sombres d’un country blues viscéral et organique (‘Coming Home’), celui qui rythme les films de Jim Jarmusch et des frères Coen (‘Burning Churches’) et qui fait baver d’envie Tarantino.

Cette noirceur décomplexée, presque ironique, est le véritable trait d’union entre Me And That Man et Behemoth. Elle atteint son apogée avec le titre ‘Confession’, ballade country au final inattendu et renvoie parfois aux expérimentations de Zeal & Ardor, notamment avec le superbe ‘Surrender’ hérité du gospel et du negro spiritual. Au-delà des thèmes récurrents de Nergal, et notamment sa haine des religions monothéistes qui contamine tous les titres de "New Man, New Songs, Same Shit, Vol. 1", c’est bien cette noirceur narquoise qui fait la force de l’album et le rend si addictif.

Et pourtant, même si "New Man, New Songs, Same Shit, Vol. 1" est marqué du sceau de la personnalité charismatique de son créateur, il s’agit bien d’un album collégial. Nergal ne chante que sur un seul titre, le folk électrique ‘Mestwo’, et il s’offre même le luxe de chanter en polonais. Les nombreux invités se chargent du reste : Jorgen Munkeby (Shining) sur ‘Run With The Devil’, Niklas Kvarforth sur ‘Confession’, Ihsahn sur le magnifique ‘By The River’, Johanna Sadonis (Lucifer) et Nicke Anderson (Entombed) sur le très country ‘Deep Down South’ ou encore Corey Taylor (Slipknot) sur le génial ‘How Come’. Cette diversité de signatures vocales participe à l’éclectisme de l’album, que le talent de compositeur de Nergal parvient à rendre cohérent.

Composé de main de maître et traversé de solos de guitare à l’intensité jouissive, "New Man, New Songs, Same Shit, Vol. 1" est un album puissant et addictif, sensuel et généreux, au carrefour du blues le plus noir et de la musique country la plus sombre. Ce même carrefour où, il y a bien longtemps, Nergal a vendu son âme au diable pour notre plus grand plaisir. - Site officiel

ME AND THAT MAN

NEW MAN, NEW SONGS, SAME SHIT, VOL. 1

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