Car c’est bien cela le style Plini : un trait d’union entre l’ancien et le nouveau monde des virtuoses de la guitare, un phrasé jazz rock hérité de Allan Holdsworth et une rythmique djent, une maîtrise des dissonances influencée par Steve Vai et un son précis et clair à la manière de ses amis Sithu Aye et Jakub Zytecki, guitariste de Disperse. En somme, un jazz metal progressif instrumental moderne qui n’oublie jamais que toute modernité ne se construit qu’en référence au passé.

Le nouvel EP de Plini est un bijou instrumental, une leçon d’harmonie, de construction mélodique, de placement rythmique, un exemple de concision mélodique d’à peine vingt minutes dont la finesse et la richesse demanderaient à être analysées pendant des heures. En seulement quatre morceaux et avec une humilité déconcertante, l’Australien renvoie à leurs chères études tous les poseurs du manche, les avant-gardistes autoproclamés et les spécialistes des titres à rallonge qui ne disent pas la moitié de ce que lui est capable de raconter en quatre minutes.

‘Kind’, qui ouvre l’album, est l’exemple parfait de cette précision, de cette justesse et de cette richesse harmonique qui constituent la marque de fabrique des plus grands. Un riff inquiétant construit sur une rythmique asymétrique ouvre le morceau et est très vite modulé par une mélodie lumineuse jouée à l’octave avant qu’un solo jazz rock au feeling redoutable ne réconcilie les deux ambiances musicales sous le feu du groove démoniaque de la batterie de Chris Allison et de la basse de Simon Grove. Cet éclectisme et ce travail de composition hors pair nourrissent chaque titre : ‘Salt + Charcoal’ et son équilibre parfait entre puissance et raffinement, ‘Sunhead’ avec ses accords enrichis et son magnifique solo et ‘Flâneur’, pépite jazz rock à l’insolente modernité sublimée par les claviers du pianiste québécois Anomalie et le saxophone virtuose de John Waugh (The 1975).