Votre actualité brulante est la sortie de ce deuxième album de Bloody Mary qui concrétise les attentes placées en vous par Music Waves. A ce jour, quels sont les premiers retours ?
Pierre "Peter Von Toy" Fargetton : Alors les chroniques sont bonnes pour l’instant ! Effectivement, les gens ont l’air satisfait par rapport aux attentes qui avaient été placées à la sortie de "We Rock, You Suck". On a juste remarqué une tendance : on avait pris le parti d’avoir un album assez varié avec un morceau aux tendances bluesy, un morceau punk etc… et j’ai l’impression que ça a été perçu comme un manque de personnalité.
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C’est que tu as lu au travers de certaines chroniques ?
Pierre : Il y en a beaucoup qui ne savent pas en fait ! Au final, ils se savent pas si c’est effectivement de la diversité ou si le groupe s’égare ! C’est le seul point négatif qu’on a pu lire.
Et toi, comment expliques-tu cette plus grande diversité dans ce deuxième album alors que le premier justement ne l’était pas autant ?
Pierre : Déjà au niveau du premier album, c’est un premier album avec tout ce que ça comporte en termes de prise de risque limitée au niveau des compos. On reste ancré dans un style qui est bien apprécié. Donc à ce niveau, pour le deuxième album, on s’est lâché un petit peu ! Et puis surtout, ce n’est plus la même équipe que sur le premier album, on a tous des influences assez larges et ça a permis beaucoup de choses.
Justement, quel a été l’impact de tes nouveaux compagnons sur l’écriture de ce nouvel album : ont-ils participé à l'écriture des nouveaux titres ou restes-tu le seul maitre à bord ?
Pierre : Faîtes très attention à ce que vous dîtes (Rires) !
Micky : C’est vrai que le gros de la compo a été effectivement amené par Pierre. Après nous, on était là surtout pour les arrangements.
Terry : L’aider à monter les morceaux.
Micky : Le gros des riff, c’était lui et puis après, il fallait arranger toute la sauce !
Terry : On y a mis un peu de nos personnalités qui différent un petit peu…
Et vos accents aussi !
Micky : Exactement (Rires) !
Tu disais que certaines chroniques déploraient une trop grande diversité alors que nous la soulignons d’autant plus positivement que le seul réel reproche fait à "We Rock, You Suck" était justement une certaine linéarité. Est-ce que tu as composé "Shoot Me" en contre-pied de ces chroniques soulignant cette linéarité ?
Pierre : Complètement ! C’est vrai qu’on ne prend pas trop en compte les chroniques stériles du genre : "C’est de la merde !" ou "C’est génialissime, c’est l’album du siècle !" - bon, on ne l’a pas encore lue celle-là mais je pense que ça viendra (Rires) - ça nous fait plaisir, ça flatte notre ego mais après, on sait que ce n’est pas forcément la vérité ! On essaie de reprendre les grosses lignes qui ressortent de tous les médias et en essayant de faire un effort sur les points négatifs soulignés. Et effectivement, concernant la linéarité, il y a un mec qui a utilisé une expression qui était pas mal : "Un album qui a du mal à passer la seconde !". En le réécoutant, tu te dis que ce n’est pas faux ! On écoute aussi ce que disent les gens qui nous croisons et on essaie d’en prendre une partie en considération !
Tu as évoqué une chronique inédite à ce jour qui viendrait à dire que vous avez pondu l’album du siècle, même si nous en sommes pas là, la chronique de Music Waves vient à souligner qu’avec "Life Pain", "Bloody Mary" a pondu une des meilleures ballades de l’année", ça doit vous faire plaisir je suppose…
Pierre : Bien sûr oui !
… mais comme tu le disais tout à l’heure, comment prenez-vous un tel compliment, le relativisez-vous ?
Pierre : J’ai envie de dire qu’on ne peut pas empêcher quelqu’un de penser ça !
Micky : Non, on ne va pas l’en empêcher !
Terry : Non (Rires) !
Pierre : Après, on essaie de rester un maximum objectif sur ce que l’on fait. Et dans ce sens-là, on est d’accord pour dire que c’est la meilleure ballade de l’année (Rires) !
Malgré tout, pensez-vous que ce genre de titre soit le passage obligé pour espérer qu’un album rencontre le succès ?
Pierre : Alors je ne sais pas si c‘est un passage obligé mais comme je te le disais, pour cet album, on ne s’est pas imposé de limite, ni de règle et c’est peut-être pour ça que cette ballade a plu à Metnat. Peut-être que ce qui lui a plu, c’est qu’effectivement, on ne s’est pas dit : "On va faire une ballade consensuelle qui va parler d’amour, histoire de dire : "Notre cœur est brisé, pauvre de nous !"". Et c’est vrai qu’on lui a donné un petit côté atypique, au niveau de la structure, on s’est fait plaisir, et du coup, c’est peut-être ça qui a fait mouche ?
Tu parlais de paroles mièvres que vous nous avez épargnés sur "Life Pain", à l’inverse, le seul réel reproche qu’on peut lire concerne les "paroles potaches dont il faudra un jour s’éloigner". Est-ce une marque de fabrique du groupe ou est-ce un trait qui va disparaître avec tes nouveaux compagnons ?
Pierre : Alors, je ne sais pas mais j’avais déjà fait un super effort pour que les paroles ne soient pas potaches, pour le coup, en lisant la chronique, je me suis dit : "Merde, c’est raté !" (Rires) ! Effectivement, un titre comme "SX In XS" est un peu cru. Après, "Why Don’t You Love Me Anymore" était plus sur le ton de plaisanterie parce que je pense qu’on ne rentre plus les soirs complètement déchiré au point de ne plus pouvoir honorer son devoir conjugal… quoique j’ai quelques exemples (Rires) ! Mais sur des titres comme "Live And Learn", "Biding Time", "Life Pain" aussi, j’ai essayé d’être un peu plus sincère et authentique que dans "We Rock, You Suck" mais du coup, je note qu’il faut que je monte un cran au-dessus pour le prochain album (Rires) !
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Avec des titres comme "Lies" ou "Fuck Me", vous flirtez avec les scènes Hardcore pour le premier, voire punk pour le second. Une évolution vers ces styles plus extrêmes fait elle partie de vos projets ?
Terry : Je pense qu’on ne se pose pas trop de questions concernant la direction où aller : on va plus aller là où on a envie d’aller sur le moment !
Micky : On travaille sur le riff et il en découle ce qui doit en découler !
Pierre : On part aussi d’un principe assez simple qui est qu’au final, ce sont toujours les trois mêmes personnes qui jouent. Moi, ma voix, je ne peux pas la moduler autant que je le veux et je ne serais jamais crédible en tant que chanteur de hardcore, ça c’est sûr ! Et du coup, on fait comme on le sent : effectivement, il y a des choses qui vont puiser à droite, à gauche mais au final, c’est le même line-up, la même énergie et je pense que du coup, notre identité musicale vient aussi de ça !
Avec "White Line", "Live & Learn" et "Biding Time", vous lorgnez du côté de Nickelback, tout en gardant votre personnalité. Acceptez-vous cette comparaison et quel est votre avis sur ce groupe souvent critiqué dans notre pays malgré son succès commercial ?
Pierre : Alors la référence à Nickelback, elle ne me dérange absolument pas. Je pense que personne ici n’est trop fan du groupe vu qu’on ne connaît pas plus que ça au final. Personnellement, je connais les tubes qui sont passés en radio mais ça s’arrête là et le morceau d’intro pour une émission de catch (Rires) !
Micky : Ah oui, moi aussi (Rires) !
Pierre : Mais après, je trouve ça assez flatteur parce que je pense que ça reste un bon groupe, une production en béton, de bons titres… Si on peut avoir le même impact que Nickelback, ça ne sera pas gênant !
Vous avez de nouveaux invités sur cet album, peux-tu nous dire lesquels et comment vous êtes entrés en contact avec eux ?
Pierre : Alors les deux invités sont Steve Theado d’American Dog et Lex Koritni. Dans les deux cas, ça s’est fait assez simplement, ce sont des gars avec qui on a joué en première partie. On a bien sympathisé, on est tous bien fans des groupes respectifs et on y est allé au culot. On s’est échangé nos coordonnées, on leur a dit que dans le groupe, on aimait bien le concept d’avoir des invités qui sont super bons et que ça nous ferait super plaisir de les avoir dans l’album. Après, je leur ai dis franchement que je savais ce que ça impliquait pour eux et qu’évidemment, je n’étais pas innocent, je savais que ça nous ferait un peu de comm’ mais si ce n’est pas le but ! Et finalement, les deux ont accepté, les morceaux ont dû leur plaire aussi j’imagine.
Tu ne voulais pas faire de comm’ mais malgré tout, c’est une tendance qui vient à se développer comme dans le dernier Koritni par exemple. Vous êtes conscients étant donné que la démarche se multiplie, tout le monde n’y verra plus que le côté "buzz" peut-être même au détriment de la qualité des titres sur lequel on ne communiquera plus ?
Pierre : Ouais et encore, je trouve que ce n’est pas trop ressorti dans les chroniques. Peu d'entre elles ont fait mention des morceaux avec Steve et Lex. Après, encore une fois, on ne pourra pas empêcher les gens de penser ce qu’ils veulent ! Nous, je sais que c’est plus le concept de faire de la musique en se marrant et si on peut avoir des gens aussi doués que ça et qui acceptent d’enregistrer avec nous, pour nous, c’est juste un super honneur ! Au même titre, dans "We Rock, You Suck", je crois qu’il y avait une dizaine d’invités avec des mecs absolument pas connus : par exemple, on avait un pote guitariste qui joue super bien et qui est venu participer. Il y en avait aussi de plus connus comme Guillaume (ndStruck : Bideau) de Mnemic et One Way Mirror, ou Butcho de Watcha, mais c’est plus : "Tu joues bien, on se marre bien : on se fait un truc ensemble ?".
On a évoqué Lex Koritni, avez-vous un lien particulier avec ce groupe ? En effet, tu dis avoir fait la première partie de Koritni, quelque part, vous remplacez Koritni dans le catalogue de Bad Reputation, votre ex-bassiste Manu Livertout a fait la tournée française de Koritni…
Pierre : (Rires) Je vais parler pour nous, parce que je ne sais pas trop ce qu’il en est de son côté. On s’est parlé plusieurs fois au téléphone mais on ne peut pas parler d’une très grande amitié. Mais en tous cas, de notre côté, je sais qu’il y a beaucoup d’admiration pour lui et le groupe. Au-delà de ça, ce sont des mecs super sympas. Après peut-être qu’ils pensent qu’on est des connards (Rires) ! Mais non, je ne sais pas, pas de relation spéciale, c’est peut-être le hasard qui fait les choses !
Qu’attendez-vous concrètement pour cet album ?
Pierre : Au niveau des chroniques, on attend qu’elles soient les meilleurs possibles, que ça aide à développer le nom, pour que ça tourne dans de meilleures conditions! Après, au niveau du public, une plus grande reconnaissance que ce qu’on avait sur "We Rock, You Suck" avec juste comme finalité de tourner plus, de rencontrer plus de monde et d’écouler plus d’albums de manière générale.
A ce titre, la signature avec le label Bad Reputation va dans ce sens ?
Pierre : Ouais, elle va clairement dans ce sens. Déjà c’est un gage de qualité, c’est un label qui a des groupes avec lesquels on a joué, un label qui nous faisait un peu baver. Donc c’est chouette d’avoir pu signer avec eux d’autant plus qu’en France, dans notre style, il n’y a pas énormément de possibilité. Donc c’est super ! Et avec l’appui du label, tout ce qui est promo etc… on espère que ça va prendre un peu !
Et à ce jour, qu’avez-vous constaté comme changement concret ?
Pierre : Comme changement concret ? Plus d’actu’, beaucoup plus de rapidité aussi dans les réponses - quand tu es autoproduit, c’est toujours un petit peu la rame- les séances d’interviews organisées sur une journée (Rires) : ça c’est chouette ! Et nous attendons - et je pense qu’Eric aussi - la sortie de l’album le 20 avril pour voir ce que ça donne concrètement !
Il semblerait que les titres de cet album sont écrits depuis plus d'un an, pourquoi ne sort-il que maintenant ?
Pierre : Effectivement, l’album a été enregistré fin 2010 et il ne sort que maintenant, le temps de faire les démarches pour trouver un label, que ça se concrétise… C’est vrai que ça a pris beaucoup de temps mais on avait pris le pari de rechercher un label, ce qui n’est pas facile vu la condition de l’industrie musicale en ce moment. Mais au final, je pense qu’on est tous d’accord pour dire qu’on a bien fait de prendre notre temps plutôt que de le ressortir en autoprod’ avec le risque qu’il passe à la trappe !
Vous avez réussi à jouer sur des festivals réputés tels que le Raimesfest ou le Sonisphere, et ceci sans management. Comment vous y prenez-vous ?
Pierre : Le talent (Rires) ! Non, je passe beaucoup de temps sur le démarchage et quelques fois, tu as des plans qui tombent parce qu’il y a longtemps que je travaille dessus : on a une date qui est tombée le 31 Octobre en première partie de Reckless Love en Suisse dans un club qui s’appelle le Rock City vers Zurich. Et ça doit faire 4-5 ans que j’essayais d'y jouer ! Effectivement, le fait d’avoir un album qui est distribué en Europe, un label qui pousse derrière… ça aide vraiment !
Donc la persévérance.
Pierre : C’est ça ! Après, pour des shows plus gros, je pense que c’est un coup de cœur des organisateurs allié à un bon timing.
Et les retours de ces deux grosses scènes ?
Pierre : Les retours qu’on a eu ? Du coup, le Raimfest en terme de presse, ça a surtout été Rock Hard dans lequel on n’était jamais passé. Beaucoup, beaucoup de bons live reports et ça, c’est chouette ! Et voilà, après pas vraiment de choses derrière. Pour le Sonisphere, c’était une scène off donc pas une grosse scène mais juste un super concert dans de supers conditions. Il n’y avait pas de presse ce soir-là car il a été fait à la dernière minute, et même si l’organisation était béton, la presse était forcément plus intéressée par les deux main stages et n’allait pas venir un jour plus tôt rien que pour ça ! Donc, ça reste une expérience de groupe et du CV.
Si vous deviez choisir un titre de la discographie de Bloody Mary pour faire découvrir la musique du groupe à quelqu’un qui ne la connaîtrait pas. Quel titre choisirais-tu et pourquoi ?
Micky : Moi, je choisirais "Lies" !
Terry : Moi, je choisirais "White Line" !
Pierre : Moi, je pense que je partirais peut-être plus sur "Party Of Sin".
Quel est votre meilleur souvenir de musiciens ?
Pierre : Le groupe n’est pas très vieux dans le line-up actuel mais je me souviens quand on est descendu dans le Sud jouer au Tribal Fest...
Micky : J’allais dire pareil !
Terry : Pareil !
Pierre : C’était notre premier concert tous les trois ?
Micky : Le deuxième.
Pierre: On jouait à Aix la veille et le Tribal Fest le lendemain. Et je me souviens qu’on venait de se speeder pour enregistrer l’album, on avait passé 2/3 semaines enfermés dans le local de répèt’ plusieurs heures par jour…
Micky : Terry venait d’intégrer le groupe et il devait bosser toute la setlist et nous, on avait commencé l’album tous les deux en amont, on avait déjà composé "Lies", on avait quelques idées… et on venait de passer un mois à faire ça vraiment intensément !
Terry : Et là, c’était la grande cours de récréation au soleil, c’était génialissime !
Pierre : Super scène, super accueil, on s’est bien marré, c’était top !
Terry : Et c’est là qu’on s’est dit qu’on était un groupe !
A l’inverse quel pourrait être le pire ?
Pierre : Est-ce qu’on a eu des pires ? A ce jour, on n’a jamais eu de grosses, grosses tuiles sur la route. Si, on a eu un plan galère en revenant de Suisse, l’arbre de transmission qui nous lâche un dimanche après-midi au milieu de nulle part vers Pontarlier. Bon, au final, on avait un bon roadie donc on a couché à Couvet et on a découvert l’alcool anisé local (Rires), on a fait les cons dans le taxi pour revenir… Après, ce sont juste des merdes techniques mais on n’a jamais eu de gros plans galères !
C’est l’impression qui ressort, à savoir un groupe de potes qui se fait plaisir de préférence de façon alcoolisée…
Micky : Ah non, pas moi, jamais !
Pierre : Par contre après, on se fait plaisir (Rires) !
Terry : On récupère ce qui traîne (Rires) !
Micky : Pour la soif !
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Quelle est la question qu’on vous a trop souvent posée ?
Pierre : Trop souvent ? Après, c’est le jeu qui veut ça : "Pouvez-vous nous présenter le groupe ?". Et du coup, c’est une question qui revient régulièrement mais ce n’est pas méchant ! Mais on n’y a pas eu droit avec toi.
A l’inverse, quelle est celle que vous souhaiteriez que les lecteurs de MusicWaves vous posent ?
Pierre : "Comment faîtes-vous pour être aussi géniaux ?" (Rires) !
Et c’est quoi le secret ?
Terry : C’est quelque chose d’inné, je pense. C’est de l’ordre du divin (Rires) !
Pierre : Ca ne s’invente pas, ça ne se travaille pas !
Terry : On n’est pas prétentieux, c’est ça en fait ! On en a conscience mais on a beaucoup d’humour.
Avant de se quitter auriez-vous un mot de la fin à dire aux lecteurs de Music Waves ?
Pierre : Un grand merci à tous ceux qui ont pris le temps de lire l’interview, lire la chronique et d’écouter le disque. Merci à toi, du coup, de t’être déplacé pour l’interview. Merci pour la chronique et à Music Waves de manière générale parce qu’on sait que vous nous soutenez.
Oui mais comme vous le disiez, vous êtes divinement géniaux et on a bien reconnu ce talent inné.
Pierre : (Rires) Non mais c’est toujours agréable d’avoir un soutien comme ça, ce n’est pas toujours le cas, ça fait super plaisir !
Remerciements à Eric de Bad Reputation, et à Loloceltic pour leur contribution.
Plus d'informations sur http://www.myspace.com/bloodymaryrockband