Sept années, il aura fallu près de sept ans de réflexion pour qu'Overdrivers daigne sortir un troisième album après "She's on her Period". Bien que nous ayant gratifié d'un Ep de trois titres entremps, les Nordistes sont disposés à franchir un nouveau palier et recevoir toute la gloire qu'ils méritent à l'occasion de la sortie de "Glory or Nothing"...
Nous faisons partie de la relève qui empêchera ce style underground de tomber dans l’oubli.
On se retrouve pour la troisième fois concernant la sortie de votre troisième album. Mais avant cela, tous les groupes de la nouvelle génération hard rock doivent faire face au lourd héritage des anciens et au jeu souvent cruel des comparaisons, que ça soit avec AC/DC, Rose Tattoo, Aerosmith ou Motörhead, comment on vit cela ? Souvent vos fans sont des fans de l’ancienne génération, ce n’est pas trop dur niveau pression ?
Adrien Desquirez : Non, c'est clairement assumé. De toute façon, on est fans des années 1980, mais pas que… On est partis dans cette direction artistique musicale qui est totalement assumée. Bien sûr, une grosse partie de nos fans reste des gens d'un certain âge qui ont connu les années 1980 et pour eux, nous faisons partie de la relève qui empêchera ce style
underground de tomber dans l’oubli.
Mais parfois -et c'est très intéressant- on joue dans des festivals qui ne sont pas dans des styles metal. Et franchement, il nous arrive parfois de préférer ce public qui est moins dans le jugement. Je ne suis pas en train de dire que le public metal est exclusivement dans le jugement mais une grosse partie du public metal -constitué de beaucoup de musiciens- l’est…
Et notamment dans le jugement qui consiste à dire que vous faites du Airbourne…
Adrien : Tout à fait !
Et ça vous le vivez mal ?
Adrien : Au tout début, non, au contraire. Quand on démarre quelque chose et qu'on nous colle une étiquette des groupes qu'on aime bien, c'est génial. Mais finalement tu te rends compte que c’est souvent péjoratif. Ce qui n’est pas le cas des Allemands : ils font ces comparaisons parce qu'ils ont besoin de coller une étiquette pour savoir dans quoi ils s'embarquent.
En revanche, pour certains, c'est péjoratif. On va dire qu'il y a une période de ma vie où ça m'a un peu touché et ça m'a monté au cerveau -j’ai envisagé de partir dans autre chose- mais avec le temps, en discutant, les gens nous disaient qu’on devrait ne rien en avoir à foutre et que tout ça ne devrait même pas nous atteindre.
Aujourd'hui, on le vit très bien et c'est purement assumé !
De nombreux groupes sont ou ont été considérés comme les successeurs des anciens mais pas mal ont échoué ou n’ont pas réussi à durer sur le long terme, cette pochette avec vous en position offensive et ce titre ("la gloire ou rien"), est-ce une volonté d’affirmer vos ambitions ?
Adrien : C’est exactement ça ! Quand on a composé la chanson ‘Glory or Nothing’, on n'avait pas forcément sur le coup l'ambition que ce soit le titre d'album.
Nous ne sommes pas un groupe à thème, nous composons des chansons sans avoir un concept en filigrane et donc pas de titre d’album en lien avec un concept.
Mais finalement, "Glory or Nothing" sonne vraiment bien. On dit que le troisième album est normalement celui de la maturité. On a mis un gros coup dans la prod qui est beaucoup mieux.
A ce titre, vous travaillez avec Reigning Phoenix qui a dû vous aider à mettre des moyens dans la production. Une journée promotionnelle aujourd’hui, est-ce qu’Overdrivers est plus ambitieux que jamais ?
Adrien : Le label n’a rien à voir avec la production. Le label ne gère pas ce truc, il nous laisse libre cours…
Quand on fait quelque chose, on se donne au maximum
Certes, mais tous ces éléments vont dans le même sens à savoir qu’on a le sentiment que vous voulez passer un cap ?
Adrien : Tout à fait ! C'est sûr qu'arriver à ce niveau et se sentir entouré, l'ambition est plus présente.
Mais c’est notre tempérament : quand on fait quelque chose, on se donne au maximum. Et c’est la raison pour laquelle on a voulu vraiment insister sur la prod dont on est très fiers - et le label aussi, apparemment.
On évoquait Airbourne tout à l’heure, la pochette évoque je trouve leur premier "Runnin’ Wild" : est-ce volontaire ?
Adrien : Ah non franchement, c'est involontaire.
Florian Morgano : On cherchait carrément autre chose pour le visuel…
Adrien : … On a été bloqués longtemps sur la couverture : on voulait un truc qui percute ! Et puis à un moment donné, tu as parlé d'un volcan qui explose et nous, on est projetés… Et cette idée de visuel nous a aiguillés sur le fait d’appeler cet album "Glory or Nothing".
En France, Electric Ducks semblait être l’héritier hexagonal d’AC/DC dix ans avant votre création. Vous ont-ils inspiré ?
Adrien : Je suis très ami avec Guilhem (NdStruck : Guilhem Constans, chanteur) avec Steph (NdStuck : Stéphane Adam, guitariste)… A l'époque on allait beaucoup les voir. Je me rappelle même tout au début -en 2012-, il n’y avait pas d’Overdrivers, on enregistrait seulement dans notre coin et après les concerts, Steph -guitariste et compositeur du groupe- prenait le temps avec nous dans notre caisse d’écouter des trucs qu'on enregistrait. Et il nous donnait des conseils. C'est lui qui nous avait dit à l'époque de sortir un album tout de suite et ne pas attendre cinq ou six ans comme certains groupes.
Ils nous avaient également invités à l'époque à Reims quand ils avaient fait la première partie de Scorpions. On était très proches d'eux… Et donc oui, je pense, je dois l’avouer leur réussite nous a un peu inspirés…
Dans notre interview de 2019, vous nous parliez d’actrices pornos dans vos loges. Est-ce cet épisode qui a inspiré le titre ‘My Girlfriend is a Porn Star’ ?
Adrien : (Rires) Je dois l’avouer également…
La pression nous est montée à la tête
Votre actualité est donc ce troisième album mais pourquoi avoir attendu six ans depuis "She’s on Her Period" -à peine entrecoupés d’un EP de trois titres- alors que vous aviez enchaîné rapidement vos deux premiers albums ? Il y a eu l’épisode Covid bien sûr, mais pas seulement…
Adrien : Le premier album est sorti très vite : on n’a pas chômé ! Entre le premier et le deuxième : pareil, ça a été très vite. On venait de commencer la tournée du premier album, on jouait déjà des morceaux du deuxième : on n’a vraiment pas arrêté. On tournait tous les week-ends de toute l’année, on bossait à côté… Nous restons des êtres humains et à un moment donné, la pression nous est montée à la tête.
Peut-on en déduire comme Neige d’Alcest que le Covid a eu un effet bénéfique en provoquant une coupure alors que le groupe était au bord de l’implosion ou un burn-out collectif ?
Adrien : C’est possible… Mais il y a eu un
burn-out et c’est l’une des raisons du départ du bassiste (NdStruck : Sebastien Lorquet). Jusqu’alors, le
line-up n’avait paschangé, on a passé énormément de temps ensemble… On avait arrêté nos boulots, on galérait tous ensemble, on était tous dans la même merde, on avait tous le même objectif… Nous étions tous fatigués et le bassiste qui vivait chez moi a fait son premier
burn-out. Son départ nous a un peu freinés dans la recherche de son remplaçant et savoir si on devait continuer à composer parce que quand on n'est pas bien dans sa peau ça se ressent la chanson…
Et là-dessus, le Covid est arrivé. Et à ce moment, on avait l'ambition du troisième album en 2020-le deuxième était sorti depuis presque un an et demi… On avait déjà quelques compos mais comme on ne vit pas ensemble, c’était difficile de se voir sachant qu’on n'est pas trop du genre à s'envoyer des pistes. On ne travaille pas comme ça : on travaille en
live.
Le fait qu’on n’a pas pu beaucoup se voir pendant le Covid a dû jouer. Le départ du bassiste puis la recherche d'un nouveau bassiste qu’on ne pouvait pas auditionner. Donc ça nous a un peu coupé. Mais on a quand même décidé de faire un EP de trois titres : on ne pouvait pas rester sans rien faire…
Florian : … Histoire d'avoir quelque chose, du contenu…
Adrien : … A la base, ces morceaux avaient été composés pour le troisième album. Il aurait fallu attendre plusieurs mois avant d’attendre sept titres mais on ne pouvait pas attendre. On a donc décidé de sortir l'EP avec le bassiste qui est resté avec nous pour ne pas nous laisser tomber.
Ensuite, un nouveau bassiste est arrivé mais parti assez rapidement : on a eu beaucoup de problèmes de bassistes, il n'y a pas que Metallica qui a des problèmes de bassistes (Rires) !
Florian : On a fait un EP pour ne pas gâcher un album, parce que pendant la période de Covid, on n’aurait pas pu le défendre.
Adrien : Je pense que même si on avait eu la matière de faire album, on ne l'aurait pas sorti.
‘Cobra Kai’ sembe s’inspirer de la série télévisée du même nom…
Overdrivers : Tout à fait (Sourire) !
Il faut savoir qu'on n’écoute pas que du AC/DC ou du Airbourne…

Ce titre sonne plus heavy metal dans l’esprit de Twisted Sister avec un côté plus sombre, cela vous permet de sortir un peu de l’étiquette hard classique : était-ce intentionnel ?
Adrien : Intentionnel oui, mais pas spécifiquement sur ce titre. Mais pour ce troisième album, on ne va pas se mentir : on a pété des barrières. Autant on s’est posé beaucoup de questions sur le premier et deuxième, autant sur le troisième album, on ne s’est pas posé de questions savoir si ça sonnait trop heavy…
Florian : On a vraiment fait ce qu’on aimait !
Adrien : On a un peu cassé ces barrières parce qu’il faut savoir qu'on n’écoute pas que du AC/DC ou du Airbourne… on écoute de tout, on écoute du thrash, la musique classique…
‘Meet the Monster’ dont le clip est sorti hier est un titre très heavy : il y a la double-pedale dedans, chose qu'il n'y a jamais eu dans un AC/DC ou un Airboune.
Tu parlais de clip. Pourquoi avoir choisi ‘Guitar Playboy’ pour faire votre premier clip vidéo pour cet album, ce titre est lui taillé hard classique, c’est un single idéal, direct et sans fioriture. Ce titre vous permet de marquer votre ADN hard rock, mais ne craignez-vous pas les réactions des associations féministes à la vue de cette vidéo ?
Adrien : A la base, les deux morceaux qui sont sortis en clip n'étaient vraiment pas prévus pour faire l’objet de clip. C’est un peu grossier de dire ça mais c'étaient presque des musiques de remplissage…
Que s’est-il passé entretemps ?
Adrien : On n’est généralement pas objectif avec soi-même et il faut demander conseil mais c’est parfois difficile de le faire : on a toujours peur des retours.
On a quand même demandé à d'autres personnes -des consommateurs de musique qui écoutent tous types de musique- en ne cherchant pas à avoir des retours qui diraient ce qu'on voulait entendre. On a demandé le top 3 des morceaux de l’album et finalement, ceux qui sont ressortis à chaque fois étaient ‘Guitar Playboy’ et ‘Meet the Monster’.
On a voulu casser les barrières

D’ailleurs, ‘Meet The Monsters’ se révèle lourd et sombre et contient deux originalités : ses accélérations après les refrains et sa mélodie de guitare que je rapprocherais d’Iron Maiden. Là aussi vous faites parler un côté plus heavy metal : est-ce une volonté de sonner plus heavy ?
Adrien : Ça rejoint un peu ce que je disais tout à l'heure. On est fan de heavy aussi : je suis un fan de Maiden, j'adore Judas Priest mais c'est quelque chose qu'on n’aurait jamais faite avant : on a voulu casser les barrières… Ça sonne heavy ? Bien sûr, mais ça ne fait pas de nous un groupe de heavy pour autant.
Dans le même esprit heavy, il y a ‘We Are One’ qui evoque Accept pour le côté direct du refrain et cette idée fédératrice, ce titre pourrait ouvrir en concert tant il a tout d’un hymne live ?
Adrien : Comme quoi, on n’est pas du tout objectif avec sa musique, tu n’es pas le premier à faire le rapprochement avec Accept -même Fred Duquesne en le mixant nous a fait la remarque en parlant du refrain qui fera le plus d’effet sur scène…
On n’a pas cherché à faire une musique qui ressemble à du Accept, non, on s’est vraiment laissé aller… Mais c’est vrai que je suis un fan d’Accept et peut-être qu'inconsciemment ça a dû jouer… mais ce qui est sûr, c’est qu’on n’aurait jamais fait ça avant…
‘Bad Breath Girl’, ‘Perfection Is My Name’, ‘Kings Of The Road’ ou ‘Overdrivers’ sont de purs tubes hard rock direct dans cette idée d’urgence. On y retrouve le côté cinglant du hard presque punk dans l’âme, comme Motörhead savait le faire. C’est important pour vous de proposer des brûlots de ce genre comme pour bien marquer cet ADN que j’évoquais ?
Adrien : C'est ce qu'on sait mieux faire à la base, donc forcément c'est ce qui revient le plus facilement. Il ne faut pas oublier qu’on joue une musique à riffs : tout se base sur des riffs. Quand je prends une gratte et que je commence à gratouiller, forcément ce que je cherche tout de suite, c’est un bon riff court et accrocheur. Et les titres que tu viens de citer représentent nos gènes. Mais on n'a pas dû se forcer pour composer les autres titres sachant qu’on a cassé les barrières
Finir l’album sur ‘In Fear, Blood And Fire’ qui sonne lui aussi fédérateur et heavy metal, est-ce une manière d’affirmer que votre son sonne autant hard que heavy et comme le maître-mot de cette interview à savoir que vous ne vous êtes pas mis de barrière pour cet album ?
Adrien : Personne ne l'a mentionné, mais quand on a composé ce morceau -une fois que la musique était finie sans parole, franchement, nous ça nous avait pensé à Gojira… Après, c'est vrai que les lignes de chant sur cette musique prennent beaucoup de place si bien que parfois on n'entend pas trop bien ces riffs, ces accords plaqués de guitare. C'est également un truc qu'on n’avait jamais fait. C’est un morceau qui aurait pu finir à la poubelle mais on l'a gardé...
Mais ce n'est pas par hasard si on a mis à la fin. C’est une ambiance très particulière et on n’allait pas démarrer un album par ça, en revanche, à la fin, c’est très bien. On est conscient que ce morceau est quand même très particulier par rapport au reste de l'album.
On sait que cet album plaira moins à certains
De façon générale, on l'évoquait tout à l'heure, on trouve que vous êtes proches de la démarche d’Accept dans les années 1980 qui sonnait autant hard que heavy. Pensez-vous avoir trouvé un subtil équilibre, le bon équilibre ?
Adrien : On n'a pas assez de recul pour l'instant : l’album n’est même pas encore sorti. On sait que cet album plaira moins à certains -on est suivis par des puristes AC/DC, Airbourne : ils ne connaissent que deux groupes dans leur vie…
C'est un risque qu'on a pris !

Craignez-vous leur réaction ?
Adrien : C'est un risque qu'on a pris ! En effet, j’ai fait écouter cet album à certaines personnes à qui il n’a pas du tout plu, considérant que ça sonne comme du heavy allemand. Mais je l’ai également fait écouter à d'autres personnes fans de AC/DC et ils l’ont adoré…
On verra : c'est un risque sachant que cet album peut également plaire à de nouvelles personnes et nous ouvrir de nouveaux horizons. Ce sont des risques mais je pense que dans la vie de musiciens ou dans tout art, j'imagine que c'est toujours une question de risques à prendre.
En revanche, à mon avis, ça doit être dur de prendre un tel virage pour des groupes qui commencent à bien marcher, qui signent sur de très gros labels. Sachant qu’ils ont réussi, ils savent qu'ils sont suivis par une fanbase… ça va être dur pour eux d’oser. Par exemple, je ne pense pas qu'Airbourne pourrait un jour retourner en arrière et faire autre chose. Si bien que pour eux, ça doit être dur de trouver l'inspiration quand comme eux, tu as fait le tour et c’est peut-être pour ça qu’ils n’ont rien sorti depuis 2019.
Non, ça nous a fait vraiment du bien de casser ces barrières, ça nous a vraiment fait du bien et permis de nous relâcher sur la composition… D’ailleurs, on avait un peu commencé sur l’EP qui a un petit côté metal aussi.
Et finalement, quelles sont vos attentes pour cet album ?
Adrien : La gloire ou rien (Rires) !
On parlait d’ambition en début d’interview. Avec cet album qui casse les barrières, pensez-vous avoir l’album pour aller en dehors de nos frontières et notamment l’Allemagne ?
Adrien : C’est incroyable : on est très bien vendu en Allemagne, les écoutes Spotify sont majoritairement allemandes… Notre musique est plus écoutée en Allemagne mais ce n'est pas évident de trouver des dates en Allemagne (Sourire)… Il nous manque un agent -quelqu'un qui nous gère et qui puisse nous vendre. Aujourd’hui, c’est nous-mêmes qui cherchons nos propres dates et c'est toujours difficile de se vendre soi-même…
Faire des co-têtes d’affiches et partager vos dates allemande et française comme ont pu le faire BlackRain et Kissin’ Dynamite…
Adrien : On y a pensé mais c’est compliqué parce que certains groupes ont de gros egos et qui ne veulent pas partager la tête d’affiche… C’est difficile parce qu’il faut que tout le monde trouve son compte.
C’est tout ce que vous souhaite… Merci !
Overdrivers : Merci à toi ! Merci beaucoup !
Merci à Loloceltic et Noise pour leur contribution...