En 1985, Accept sortait "Metal Heart" -album d'anticipation" qui évoquait le remplacement des hommes par des machines. Près de quarante ans plus tard, à l'ère de l'intelligence artificielle, le groupe revient sur la même thématique plus aussi farfelue dans "Humanoid". La rencontre avec Wolf Hoffmann était l'occasion de bien entendu évoquer cette évolution sociétale de façon générale mais également de revenir sur l'évolution d'Accept à travers les années, lui qui reste le dernier membre originel et gardien du temple de la musique du groupe et enfin sur son avenir...
La période "Too Mean To Die" a été très particulière : l’album a été réalisé en pleine pandémie, Peter Baltes venait de vous quitter, vous avez depuis accueilli deux nouveaux membres. Quels souvenirs gardes-tu de cette période mouvementée ?
Wolf Hoffmann : (Sourire) C’est vrai que c’était une période folle. Ce que je me rappelle le plus est la pandémie qui a rendu très compliqué le fait de terminer l’album. Nous étions en train d’enregistrer une série de chansons. Six ou sept chansons étaient déjà presque prêtes et nous allions les enregistrer et les finir quand la pandémie a commencé à devenir sérieuse. Et d’un seul coup, les frontières se sont fermées, les magasins étaient vides et c’était compliqué de trouver du papier toilette (Rires)… Je me souviens d’un sentiment étrange de travailler sur des chansons metal en pensant que le monde que nous connaissions allait prendre fin… Nous ne savions pas jusqu’où ça irait…
C’était bizarre et étrange de travailler sur des chansons metal idiotes
C’est totalement vrai mais n’est-ce pas à ces moments qu’on est le plus inspiré par la vraie vie ?
Non… Euh, en fait, oui et non… Dans le même temps, c’était bizarre et étrange de travailler sur des chansons metal idiotes quand on se dit qu’il n’y aurait peut-être plus de public parce que tout le monde était en train de mourir… Je ne pensais que ça allait dans cette extrémité mais dans le même temps, je me demandais s’il ne valait pas mieux retourner chez moi et voir ce qui allait se passer.
Mais étais-tu confiant malgré tout ?
Oui. Après plusieurs mois, quand nous pouvions enfin voyager à nouveau, nous avons repris l’enregistrement pour finir l’album. Mark pouvait voyager à l’intérieur des Etats-Unis et pouvait donc venir à Nashville mais ce n’était pas le cas d’Andy qui ne pouvait pas se rendre aux Etats-Unis. Nous avons donc fait des sessions Zoom pour finaliser son travail…
Le line-up actuel avec Mark Tornillo semble très solide et uni, avec Andy Sneap à la production, l’équipe est très cohérente. On suppose que cela est fondamental pour continuer sereinement pour toi, le chef de cette bande soudée ?
Mark et moi-même sommes clairement les plus anciens dans ce nouveau
line-up, ce qui nous donne un statut de séniorité dans ce groupe. Mais c’est vrai que je suis le dernier membre issu du dinosaure originel, ce qui me confère une position différente des autres et même de Mark. Mais dans le même temps, Mark et moi-même travaillons ensemble depuis 15 ans et c’est plus ou moins la même chose avec Andy…
Et comment expliques-tu cette alchimie notamment avec Mark Tornillo ?
Ça marche, tout simplement. Nous respectons le travail de l’autre : je respecte infiniment Mark pour son travail incroyable et j’espère qu’il me respecte pour ce que je fais pour ce groupe et pour ce que ça continue ainsi… Je dirais que ça fonctionne ainsi : nous sommes des collègues au sein d’un groupe mais nous ne sommes pas si proches : nous ne nous ne sommes pas vraiment des copains de beuverie mais nous n’avons pas à l’être…
Je recherche toujours un certain sens de la beauté dans notre musique même si c’est du heavy metal
A notre avis, "Too Mean To Die" était probablement le meilleur cru de l’époque Mark Tornillo, on sentait une totale cohésion entre les membres pour donner un parfait équilibre entre heavy et hard rock avec la touche mélancolique -avec notamment à la ballade ‘The Best is Yet to Come’- et avec une pointe symphonique. Cet album semblait être comme un florilège de vos qualités ?
Merci pour ce compliment ! C’est intéressant de savoir ça. Même sur ce nouvel album "Humanoid", nous avons une ballade ‘Ravages of Time’ qui me rappelle un peu ‘The Best is Yet to Come’. En fait, je n’aime pas jouer du heavy metal tout le temps, j’aime qu’il y ait des moments calmes. J’aime qu’il y ait de la dynamique mais j’adore qu’il y ait également des chansons lentes dans lesquelles Mark exprime vraiment ses émotions et montre à quel point c’est un chanteur fantastique : nous avons la chance que Mark soit un chanteur extrêmement versatile !
C’est très important pour moi, je recherche toujours un certain sens de la beauté dans notre musique même si c’est du heavy metal mais ça ne l’est pas 100% du temps.
La suite de vos aventures c’est ce nouvel album "Humanoid". Avant même d’écouter une note de cet album, on est frappé par sa pochette. Le cœur et l’humanoïde au centre de la pochette évoque instantanément "Metal Heart". C’était volontaire, je suppose ?
(Rires) Volontaire, absolument ! Et je dois rendre le crédit à Gyula Havancsák qui vient de Hongrie et qui a réalisé nos dernières pochettes. Il a mis dans des petits endroits cachés des références à "Metal Heart". Et même sur la précédente pochette, tu retrouves la Flying V mais également la tête de serpent… Il essaie toujours d’ajouter des références avec deux significations (Sourire)… Mais je trouve que ça marche très bien dans le cas présent, si tu réfléchis bien l’humanoïde est la continuité de l’idée du cœur en métal. Quand nous avons sorti "Metal Heart" en 1985, c’était une idée futuriste d’imaginer des personnes avec des cœurs artificiels. Nous sommes quarante ans plus tard et nous développons l’idée futuriste d’un clone entier robotique d’un être humain.
Quand tu as travaillé sur "Metal Heart", il y a quasiment 40 ans, vous évoquiez de l’idée des machines remplaçant les humains…
C’est exact !
… une notion qui pouvait paraître futuriste et un peu folle mais depuis avec l’intelligence artificielle cela paraît fort bien anticipé…
Ce n’est plus tout aussi fou (Sourire) !
Aujourd’hui, ces machines sont devenues créatives [...] et c’est une idée assez effrayante !
… Justement, quel effet ça fait d’avoir eu raison il y a si longtemps ?
(Rires) Je ne me considère pas comme un visionnaire mais parfois, c’est amusant comme quelque part, c’est également le cas avec la chanson ‘Pandemic’ (NdStruck : extrait de l’album "Blood of Nations" sorti en 2010) mais qui aurait pensé que nous serions tous confinés à cause d’une pandémie… Parfois et dans ces cas précis, ce sont juste des coïncidences folles….
Mais personnellement, je trouve que la notion d’intelligence artificielle est quelque peu inquiétante : en effet, les robots sont géniaux pour créer des éléments de machines, de voitures… mais aujourd’hui, ces machines sont devenues créatives ou sont supposées l’être, et c’est une idée assez effrayante !
A cet égard, dans la musique l’intelligence artificielle a pris une place folle. Comment réagis-tu quand des groupes laissent faire leurs chansons ou leurs pochettes par ce biais ? Dans le metal, des groupes comme Cradle of Filth, Deicide ou Myrath récemment ont faire faire leurs pochettes par des intelligences artificielles. Cela ne te désespère pas trop ?
L’art visuel est une chose mais cloner de la musique en est une autre : c’est effrayant ! J’ai toujours pensé que seuls les humains avaient des émotions et pouvaient créer de l’art. Mais aujourd’hui, cette technologie existe et elle doit servir : on ne peut pas arrêter le train en marche ! C’est trop tard : ça va arriver et ça arrive déjà !
Mais dans votre cas, Gyula Havancsák a fait la pochette de "Humanoid" et les précédentes d’Accept. Pourrais-tu imaginer que la pochette du prochain album soit réalisée par une intelligence artificielle ?
Je ne sais pas ! On peut imaginer plein de choses mais je pense que ça arrivera ! La technologie existe, il n’y a pas raison que les gens ne s’en servent pas : que ce soit nous ou d’autres…
Au regard des thèmes développés et notamment ceux relatives aux machines, comprends-tu que vos fans ne comprennent pas que vous cédiez à la tentation et considèrent Accept comme des résistants contre évolution ?
J’aimerais pouvoir arrêter le train !
Mais je parle uniquement d’Accept…
Je pense que nous continuerons toujours d’avoir des émotions, des contributions humaines… mais je ne peux rien exclure pour le futur ! Je vais te donner un exemple, parce que nous traitons d’intelligence artificielle, nous allons prochainement sortir une vidéo que nous avons volontairement fait créer par une intelligence artificielle pour montrer le point où nous sommes déjà rendus… Donc oui, nous allons utiliser cette technologie comme les autres, c’est quelque chose dont nous devons prendre l’habitude mais c’est difficile de déterminer où nous devons tracer une frontière… En effet, notre société a déjà commencé à faire avec cette technologie mais nous n’avons pas encore clairement établi de règles et la régulation de cette technologie. Les droits d’auteur par exemple : quand il est créé une chanson à partir d’une chanson existante, à qui appartient cette nouvelle chanson ? L’artiste original ou l’ordinateur ? Il faut statuer très rapidement et à ce jour, je n’ai pas de réponse, mais ce que je sais c’est que ce sera intéressant de voir ce qui va se passer : nous vivons une période intéressante sachant que cette technologie est déjà à notre portée !
Nous avons toujours voulu proposer des chansons fraîches et inspirées
Sans transition, musicalement, l’album est frappant par son côté très direct, chaque titre va droit à l’essentiel sans fioriture avec un côté très live. C’était l’idée de construire un disque dynamique et frais ?
Ça a toujours été l’idée. L’idée n’est pas de sortir un album ennuyeux (Rires) : nous avons toujours voulu proposer des chansons fraîches et inspirées.
Cet album donne l’impression donc d’avoir été enregistré live avec le même esprit qu’à l’âge d’or du heavy…
C’est bien, c’est très bien !
… à savoir qu’on entre en studio et on ne se prend pas la tête en fait…. C’était votre état d’esprit ?
Tu dois comprendre que tu ne peux pas planifier ces choses. Nous n’avons jamais organisé de réunions pour dire que nous allons enregistrer un nouvel album avec des chansons fraîches, des titres rapides, que le thème sera les humanoïdes… : non ! Quand tu commences un album, tu n’as aucune idée où le train te mènera ! Nous écrivons des idées sans aucun concept et quand nous avons réuni assez d’idées, nous les jouons à Andy Sneap pour lui demander celles qui lui paraissent bonnes. Il nous dirige et nous propose de creuser telles ou telles idées… C’est ainsi que ça commence et c’est seulement après quelques semaines de travail en commun que nous avons un album.
Mais quel est votre secret pour continuer à proposer des titres directs, dynamiques et sans prise de tête avec des titres ‘Diving Into Sin’, ‘Humanoid’, ‘Frankenstein’ ou ‘Unbreakable’, ‘Mind Games’ et ‘Southside of Hell’ ?
Le secret ? Il est dans mes veines (Rires) ! Je ne sais pas. Pour être franc, je ne suis pas au courant du secret dont tu me parles (Rires)… Nous écrivons seulement des chansons, j’écris seulement les idées qui me traversent l’esprit, elles me viennent naturellement…
Et parfois, jettes-tu des idées que tu as parce que trop ressemblantes à d’anciens titres ?
Bien sûr ! Ça arrive tout le temps !
Nous ne faisons rien qui serait trop éloigné du cœur de notre musique
Et est-ce difficile de continuer à être créatif ?
Oui, mais c’est un bon problème (Sourire) ! Je veux dire que je suis très fier du fait que nous avons un style et un public qui attend le prochain album d’Accept. J’essaie d’être attentif à tout cela et nous ne faisons rien qui serait trop éloigné du cœur de notre musique : c’est comme si tu avais un ordre de marche, une direction que tu dois garder et avancer dans ce sens…
Nous ne voulons pas changer, nous voulons juste être meilleurs !
Les titres que nous avons cités auraient sans souci leur place sur "Balls to the Wall" ou "Restless and Wild" pourtant sortis il y a plus de quarante ans…
Et c’est parfait ! Pour tous les albums que nous avons sortis, j’ai toujours dit que nous voulions des chansons fraîches et excitantes qui sonneraient comme de nouvelles chansons mais vieilles et familières dans le même temps… Ces chansons pourraient être des chansons qui auraient été écrites il y a quarante ans parce que nous ne voulons pas changer, nous voulons juste être meilleurs !
Le dynamisme que vous déployez est épatant après tant d’années de carrière, Saxon récemment a sorti un disque aussi dynamique. Je suis désolé, c’est quoi votre secret pour garder cette énergie quand un Iron Maiden est plus progressif et moins heavy ?
Oh merci beaucoup, ce que tu me dis me touche énormément parce que c’est que nous essayons de faire et finalement, ça arrive naturellement parce que nous aimons ce que nous faisons.
A cet égard, te considères-tu comme un passeur de mémoire sachant que les anciennes légendes ne sont plus nombreuses en activité, et faire perdurer ce son c’est comme un devoir ?
Un peu (Rires) ! Pas tant pour la communauté metal mais clairement pour celle d’Accept…
Je me vois comme une sorte du gardien du temple qui ferait en sorte de maintenir le cap
Pas de fausse modestie, c’est également le cas pour la communauté metal en général…
Eh bien oui, dans un cadre plus large mais avant toute chose, je me préoccupe d’Accept et je me vois comme une sorte du gardien du temple qui ferait en sorte de maintenir le cap et par chance, avec Andy Sneap, j’ai un super partenaire pour réussir cette mission…
A cet égard, cela fait plusieurs fois que tu cites Andy Sneap. Peut-on le considérer comme le sixième du groupe ?
Un peu quand il s’agit de composer de nouvelles chansons ! Nous n’allons pas nous voir pendant un certain temps -nous tournons, lui aussi- mais quand viendra le temps de faire un nouvel album, il fera définitivement partie du processus de composition…
Mais finalement tout est question de chant ! J’ai réalisé, Andy a réalisé, nous avons tous réalisé et nous le constatons chaque jour un peu plus que finalement tout n’est question que de chant !
Mais pas seulement car sans toi, ce chant ne serait pas mis en valeur…
Oui, les mélodies vocales, le débit vocal sont les choses sur lesquelles nous nous concentrons énormément.
Tu évoques Andy Sneap, Mark Tornillo avec lesquels tu travailles depuis près de quinze ans. Doit-on en déduire que tu as besoin de ce sentiment d’être entouré de personnes de confiance à défaut d’êtres des amis ?
Absolument ! Et ça ne marche pas toujours. Je veux dire que faire une chanson ne se résume pas à ce que quelqu’un écrit une chanson avec quelques riffs et demande au chanteur de chanter quelque chose… Pour moi, ça ne marche pas ainsi. Une chanson, c’est le chant pour 80% : les lignes vocales, comment placer les mots, comment les prononcer et comment les porter… Les performances vocales font plus de différence que n’importe quoi : tu peux avoir un son de merde mais si le chant est bon, la chanson sera super, à l’inverse est également vrai, tu peux avoir la meilleure production, les meilleurs riffs mais si le chanteur ne te touche pas, c’est bon à jeter à la poubelle…
Ce qui frappe également sur cet album, c’est le travail des guitares avec Philip Shouse et Uwe Lulis. On retrouve bien évidemment beaucoup de solos et riffs heavy enlevés et dynamiques et la complicité entre vous saute aux oreilles. Peut-on considérer que tu as trouvé les complices idéaux avec ces deux compères ?
(Rires) Je le pense ! Je pense qu’ils ont amené quelque chose en plus… Ce n’est un secret si je dis que j’enregistre moi-même la plupart des guitares depuis "Restless and Wild" que ce soit les pistes rythmiques ou les
overdubs mais j’aime inclure autant que possible les autres mecs spécialement concernant les solos, afin d’avoir un parfum différent parce que tu entends plus particulièrement ce parfum sur les solos plus que sur les guitares rythmiques qu’Andy appelle le travail d’âne : il faut simplement être précis, concentré sur la cible, il n’y a pas trop de place pour la personnalité dans les guitares rythmiques à savoir qu’une fois la chanson est écrite, elle doit être jouée d’une certaine façon et c’est tout… Mais pour les solos, tu peux vraiment entendre la touche d’un guitariste qui va jouer différemment et donner l’impression d’un nouveau personnage : c’est ce que nous essayons de faire !
Et sur pas mal de solos -en particulier ‘Unbreakable’ et ‘Diving into Sin’, il y a une touche musique classique. C’est important pour toi de garder contact avec le classique ?
Je ne pense pas que ce soit nécessaire et que ce soit super important, c’est juste que c’est quelque chose qui me vient naturellement tout simplement parce que j’adore la musique classique et j’aime les défis d’essayer de cacher des éléments classiques dans des chansons d’Accept. Mais le mot-clé est de les cacher : je n’ai jamais voulu l’exposer ! Je trouve que ça marche particulièrement bien sur des titres de "Metal Heart" ou sur ce nouvel album. Pendant toutes ces années, j’ai mis dans certaines intros mais je fais attention de ne pas trop en faire. Mais c’est vrai que j’ai pu dissimuler un peu de Mozart dans ‘Diving into Sin’ mais si tu ne connais pas, tu ne le remarqueras même pas…
Je ne sais pas combien de temps nous pourrons continuer car rien ne dure éternellement…
Et on ne peut pas ne pas évoquer la ballade émotionnelle et mélancolique qu’est ‘Ravages of Time’. Mark Tornillo se met totalement à nu et ça prend aux tripes. Qu’as-tu ressenti en lisant ce texte sur la vie et ses aléas ?
En fait, ce titre est mon idée et Mark, Martin Motnik (NdStruck : basse) ont énormément contribué à trouver les paroles. C’est un effort combiné de nous trois. Mais l’idée originale vient de moi qui me faisais la réflexion que j’avais désormais 64 ans, je joue depuis que j’ai 16 ans et j’ai toujours l’impression d’avoir 16 ans même si je sais pertinemment que ce n’est pas le cas ! Et comme il est écrit dans les paroles, je ne sais pas combien de temps nous pourrons continuer car rien ne dure éternellement… Ce titre est juste un moment honnête de réflexion sur la vie !
Mais tu es encore jeune quand on voit que The Stones ont récemment sorti un disque de qualité, inespéré vu l’âge de Mick Jagger et Keith Richards. T’imagines-tu encore aussi actif et frais à 80 ans ?
Absolument ! Pas toi (Sourire) ? Mais pourquoi pas ? C’est une idée très intéressante. Je ne me lasse jamais de raconter des histoires. Je me souviens quand j’étais encore adolescent et j’essayais d’expliquer à mes parents que je voulais être musicien rock professionnel et ils me répondaient que ce n’était pas possible de faire ça passé 30 ou 40 ans parce qu’à cette époque, les Stones n’avaient pas encore 40 ans… Personne ne savait que ces mecs allaient continuer encore et encore… Aujourd’hui, ils ont 80 ans et ils continuent mais à l’époque, c’était impensable parce que tout le monde pensait que c’était réservé aux jeunes… Personne ne pensait que tu pouvais le faire éternellement, mais pourquoi pas ? Et pourquoi prendre sa retraite ? Dans le cas des Stones, ce n’est pas une question d’argent -ils ont assez d’argent, ils pourraient rester chez eux- non, ils le font pour se sentir vivants et le frisson d’être sur scène…
Qui sait ce que l’avenir nous réserve mais je n’ai aucune intention d’arrêter prochainement !
Et toi, comme les Rolling Stones, aurais-tu assez d’argent pour rester chez toi ?
La question n’est pas de savoir si je peux mais si je veux. Non, je ne veux pas mais pour répondre à ta question je pourrais certainement le faire… Mais ce n’est pas une alternative attractive, en effet, que ferais-je de ma vie ? Je pense que la scène me manquerait… Qui sait ce que l’avenir nous réserve mais je n’ai aucune intention d’arrêter prochainement !
En d’autres termes, je ne jouerais jamais de musique parce que je dois le faire. Je joue de la musique parce que je le veux. La différence est énorme : je ne jouerais jamais de la musique parce que je n’aurais rien d’autres à faire et si ça devait être le cas, je préférerais arrêter et faire autre chose.
Je n’ai jamais fait de musique pour payer mes factures !
Et c’est peut-être l’explication au fait que la musique d’Accept reste toujours aussi fraîche et dynamique…
Oh, merci ! D’ailleurs, pour revenir à mon lien à la musique, il y a eu une période de ma vie dans les années 1980 où j’ai décidé d’arrêter de jouer de la musique parce que je pensais que le heavy metal était mort, qu’il avait fait son temps et qu’il était temps de faire autre chose. Certaines personnes m’ont demandé pourquoi je n’avais pas continué à faire de la musique à un plus petit niveau et je répondais que je ne voulais pas faire de musique parce qu’il fallait que j’en fasse, j’ai préféré faire autre chose comme de la photographie… Je n’ai jamais fait de musique pour payer mes factures ! J’ai trop d’amour et d’attention pour la musique et les autres formes d’art… Je n’étais pas contre faire de la photographie pour payer mes factures mais c’est différent pour la musique qui a une signification particulière pour moi !
Avant de se quitter, lors de notre interview en 2017, nous évoquions ensmble l’idée d’une set-list uniquement basée sur les titres de l’époque Mark Tornillo. Cela te semble possible avec notamment les titres de "Humanoid" taillés pour la scène ?
Oui, je pense que c’est possible ! Je ne suis pas sûr qu’on le fera parce qu’il faut garder à l’esprit qu’il y a plein de fans qui veulent encore entendre les vieux classiques. Mais oui, ce serait fantastique de monter une tournée spéciale avec de nouvelles chansons parce que nous avons plein de nouvelles chansons extraites de la nouvelle époque que nous n’avons jamais jouées et nous pourrions facilement monter un concert de deux heures uniquement avec des titres de la nouvelle époque : ce serait très divertissant ! Il serait temps de faire quelque chose de ce genre plus qu’un 50/50 comme nous le proposons actuellement…
Hâte de voir ça prochainement sur scène !Merci beaucoup
(En français) "Merci beaucoup my friend" !
Et merci à Noise pour sa contribution...