La première journée de l’
Alcatraz a été une réussite sur l’organisation et au niveau des concerts. Cette journée de samedi s’annonce sous les meilleurs auspices avec un programme très chargé. Il faut donc démarrer tôt et la Prison accueille les visiteurs dès la fin de matinée.
Il y a du monde pour accueillir
Iron Mask. Les Belges œuvrent dans un metal néo-classique inspiré d’Yngwie Malmsteen. L’intro instrumentale de ‘Holy War’ confirme l’influence, Dushan Petrossi se lançant dans un numéro de virtuosité. Mike débarque et épate par son ton puissant digne d’un Soto ou d’un Boals. Il est bien placé dans le mix en équilibre avec son fougueux guitariste. Portée par un refrain épique, la chanson a un côté speed réjouissant. L’accueil est excellent, le groupe dégage une sympathie certaine avec un Mike souriant. Avec ‘Feel The Fire’, ‘Wild And Lethal’ ou ‘Rebel Kid’ et ‘Forever In The Dark’, la formation confirme son talent pour un speed mélodique magnifiée par les riffs et soli. Iron Mask a proposé un concert sympathique et montré que le néo-classique avait encore des choses à dire.
Dans la Swamp,
Maceration nous plonge dans le passé. Le groupe danois a œuvré entre 1989 et 1995 avant de revenir en 2021 avec un bon vieux death metal. Le son est costaud, le rythme intense porté par la batterie. Le duo originel formé par Schultz et Bangsholt est en forme et balance des riffs puissants. Au chant Jan est la recrue parfaite avec un ton caverneux abyssal flippant. Il s’y ajoute un coté lourd monolithique et cela ravit les fans. L’intensité dégagée fait mal de même que les hurlements féroces de Jan. Maceration a réussi son retour. En matière de death metal à l’ancienne il reste pertinent.
Crystal Viper s’apprête à sonner la charge heavy metal. Les Suédois emmenés par la dynamique Marta balancent du lourd d’entrée avec ‘At The Edge Of Time’. La chanteuse assure avec une voix éraillée digne de Doro ou Udo. Les riffs acérés font effet en forme de charge à la Judas Priest. ‘The Witch Is Black’ est aussi incisive. On retrouve un esprit ancien plaisant, proche de Accept ou Saxon. Marta est communicative et dégage une sympathie certaine. ‘The Cult, ‘Metal Nation’ ou ‘Witch’s Mark’ achèvent de convaincre de la force du groupe. Refrains immédiats et mélodies rapides font le taf avec une Marta poussant sa voix. Crystal Viper a proposé une bonne charge heavy et a fait secouer les têtes.
Dans la Swamp le ton est moderne avec
Brand Of Sacrifice. La formation canadienne évolue dans le deathcore et est attendue par une masse de fans survoltés. L’entame sur le générique de Pokemon met l’ambiance, puis ‘Dawn’ fait trembler la tente, le son est énorme. La foule remue dans tout les sens, portée par le côté slam de la musique. Avec son rythme intense dopé par le growl de Kyle, la sautillante ‘Demon King’ fait mal et provoque un gros
circle pit dans une ambiance fabuleuse. La suite est efficace et brutale et confirme la force du groupe pour tabasser l’audience. La charge deathcore de Brand Of Sacrifice a laissé des traces !
Changement d’ambiance radical avec
Twilight Force. Les guerriers et elfes sont de sortie avec un son digne de Rhapsody. ‘Dawn Of The Dragonstar’ est une charge de speed mélodique réjouissante. L’ambiance est fun, l’accueil est excellent et avec ‘Twilight Force’ et ‘Dragonborn’ le groupe fait encore plus fort. Le côté heroic fantasy fait mouche, Alessandro est un chanteur remarquable avec un ton aigu et puissant. Ses compères, notamment l’elfe guitariste Aerendit, délivrent un bon ensemble speed et teinté folk au clavier. ‘Winds Of Wisdom’, Sunlight Knight’ ou ‘The Power Of The Ancient Force’ sont d’agréables charges speed mélodique. Twilight Force a proposé une prestation sympathique rappelant la grande époque true metal des années 90.
Avec
Predatory Void le ton va se faire noir. Cette jeune formation belge navigue dans les pas d'Amenra, avec qui elle partage deux membres, avec un son sludge et death. Le début de ce concert d’une intensité rare prend au piège avec un côté post hypnotique. Quand le ton s’accélère la brutalité prend à la gorge avec Lina qui hurle comme une damnée. Le côté death et black ressort en forme de déferlement de violence. L’alternance des tons est prenante avec du chant clair à donner le frisson qui permet d’instaurer une atmosphère sombre ésotérique. Avec cette prestation Predatory Void s’impose comme un nom qui compte en post teinté sludge et confirme la vitalité de la scène belge.
Dynazty débarque sur la Prison. Avec leur power mélodique, les Suédois sont attendus. D’entrée avec ‘In The Arms Of Evil’ le ton est donné. On retrouve un jus de heavy metal porté par le chant haut perché de Nils. Avec ‘Firesign’, ‘Natural Born Killer’ et ‘Waterfall’ le groupe confirme sa force pour un heavy pur et dur. Les riffs sont rapides, les refrains efficaces et Nils gère avec une force épique. L’accueil est excellent, cette belle tambouille heavy métal est appréciée. La suite s’avère prenante. ‘Advent’, ‘Power Of Will’ ou ‘The Human Paradox’ cartonnent. Le clou du spectacle sera le final avec une version allongée de ‘Heartless Madness’. Porté par un super refrain, une mélodie imparable et un solo de haute volée le titre est l’occasion d’un jeu avec le public. Dynazty a assuré avec un show taillé dans un heavy metal puissant et accrocheur.
Avec
Tygers Of Pan Tang, direction la Morgue, la tente est remplie et va s’avérer trop petite pour le groupe, ce qui ne va pas gâcher le plaisir de retrouver une légende du heavy britannique. En balançant d’entrée ‘Euthanasia’, ‘Love Don’t Stay’ et ‘Gangland’ le groupe ravit la foule. Issus des premiers albums ces titres sont des pépites de heavy mélodique 80’s dotés de refrains irrésistibles. Weir brille sur chaque solo, et au chant Jacopo Melle assure avec un ton puissant. La suite se révèle plaisante. Les titres récents comme ‘Fire OnThe Horizon’, ‘Back For Good’ ou ‘Only The Brave sont efficaces avec des mélodies prenantes et un bon ton heavy. Le final avec ‘Hellbound’ et ‘Love Potion No.9’ est réussi en forme de voyage dans le passé du heavy britannique. Tygers Of Pan Tang a charmé la foule avec un heavy classieux de haute volée.
En matière de hard rock mélodique les Suédois de
H.E.A.T. sont des références. La Prison est remplie pour les accueillir. Après une intro pop sympa la fête est lancée avec ‘Back To The Rhythm’. Le titre est une perle simple et directe avec un refrain extra porté par la voix chaleureuse de Kenny Leckremo. ‘Dangerous Ground ’ et ‘Rock Your Body’ ravissent tout autant. Ce jus de hard mélodique est agréable avec des mélodies irrésistibles et ce qu’il faut de puissance pour remuer la tête. La foule ne s’en prive pas et l’ambiance est excellente. Après ‘Redefined’, belle power ballade, le groupe lâche ses meilleurs missiles. ‘Tainted Blood’, ‘Beg Beg Beg’, ‘Living On The Run’ et ‘Nationwide’ ravissent par leur force mélodique avec des refrains et des riffs accrocheurs et une voix chaleureuse. H.E.A.T. a proposé un hard mélodique fédérateur haut en couleur et a charmé de belle manière.
Dans la Swamp,
Shadow Of Intent est attendu par une horde de fans. Les Américains vont d’entrée mettre le feu. Leur deathcore est d’une intensité qui défrise mais surprend avec des passages symphoniques plein d’emphase. L’accueil est énorme, les fans se déchaînent à coup de
circle pits dans une ambiance bouillante. Le son ultra moderne est efficace, l’intensité dégagée prenant à la gorge. En parallèle les passages symphoniques amènent un coté barge prenant qui donne à l’ensemble des allures de BO de film d’horreur. Shadow Of Intent a touché juste avec une musique taillée pour le live qui a fait des ravages et laissé pas mal de monde en sueur.
La Prison accueille avec
Sepultura un premier grand nom. Les Brésiliens gardent une aura énorme et la plaine est blindée. Avec ‘Isolation’ le groupe ne fait pas dans la dentelle avec une énorme déflagration thrash death. Green s’arrache la voix, et à ses côtés ça joue avec maîtrise, Eloy Casagrande étant impressionnant. Après un ‘Territory’ fabuleux le groupe dégaine deux titres récents. ‘Means To An End’ et ‘Kairos’ cartonnent en forme de leçon de brutalité. Green assure et impressionne par son charisme. ‘Propaganda’ est une vieillerie féroce. Extrait de "Quadra", ‘Guardians Of Earth’ impressionne par son côté tribal teinté progressif et fait un carton. Après ‘Cut-Throat’, ‘Ali’ et ‘Dead Embronyc Cells’, monstres thrash, le groupe balance ‘Agony Of Defeat’. Chanté en clair par un Green impérial, le titre colle le frisson par son côté mélancolique progressif. ‘Refuse/Resist, ‘Arise’, ‘Ratamahatta et ‘Roots Bloody Roots, classiques de l’ère Cavalera achèvent le concert dans une ambiance furieuse. Entre passé et présent Sepultura a été remarquable. Il n’a rien perdu de sa force ni de son intelligence et garde sa place parmi les géants du thrash.
Decapitated enchaîne dans la Swanp. Les Polonais vont faire mal avec ‘Cancer Culture’. Doté d’un rythme énorme le titre est une leçon de death thrash groovy porté par un growl abyssal. La raclée est encore plus forte avec ‘Just A Cigarette’. Le côté
groovy fait remuer et se mixe à une violence redoutable. Derrière, la boucherie death va être intense, remuant un public qui apprécie une leçon de brutalité. ‘Earth Scar’, ‘Last Supper’ ou ‘Nine Steps’ et ‘Iconoclast’ sont encore plus incisives dans le contexte live avec des riffs rapides et un rythme d’enfer. Decapitated a été remarquable de hargne et a délivre un concert intense ; il prouve qu’en matière de death il faut compter avec lui.
Absent des écrans depuis 2015,
Biohazard fait son retour scénique . Cerise sur le gâteau, le combo a retrouvé son
line-up légendaire avec Evan Seinfeld. La foule est au rendez-vous pour un concert basé sur les trois premiers albums du groupe. Le concert sera brutal : la force du hardcore se mixe à la puissance métallique et dès ‘Urban Discipline’ le côté abrasif prend à la gorge. Seinfeld est en forme et hurle avec intensité. La suite avec ‘Down For Life’, ‘Wrong Side Of The Tracks’ ou ‘Victory’ fait mal. Graziadei, Hambel et Schuler sont en forme et tissent un ensemble dévastateur taillé dans le meilleur d’un hardcore décapant. Tout ces classiques n’ont pas pris une ride et collent la raclée. Le final avec ‘Punishment’ et ‘Hold My Own’ assomme les résistants. Niveau retour Biohazard a réussi son coup au-delà des espérances. Il reste à espérer que cela amène une suite...
La journée est bien avancée mais il reste du lourd. La Swamp va trembler avec
Sodom. La légende thrash allemande n’est pas là pour s’amuser et va tout défoncer. ‘Silent Is Consent’ est une déflagration d’une intensité certaine. Tom hurle comme un cinglé et ses compères tissent un ensemble thrash violent et rapide. La foule est emmenée dans un tourbillon et se remue fortement. La férocité ne va jamais baisser d’un cran. ‘Nuclear Winter’, ‘Outbreak Of Evil’, ‘Conflagration’, ‘Sodomy And Lust’ ou ‘M-16’ démolissent en forme d’ouragans thrash. La violence dégagée est jouissive et on sent la joie de Tom et les siens de tout casser. Le final avec les classiques comme ‘Agent Orange’, ‘Caligula’ ou ‘Bombenhagel’ est corrosif et déchaîne la foule. Sodom a été grand, en matière de thrash sans concessions il demeure le maître absolu.
Dehors la fête s’annonce avec
Alestorm. Nos amis pirates portent la bonne parole folk metal. Tout est paré pour un moment fun, les poussins sont sur scène et les musiciens sont déchaînés. ‘Keelhauled’ est idéal pour démarrer avec sa mélodie au clavier entraînante, son ton folk et son côté à boire. Bowes est en forme et chauffe la foule. L’ambiance est excellente et les tubes vont faire danser. ‘The Sunk’n Norwegian’, ‘Alestorm’, ‘Hangover’ ou ‘Mexico’ sont irrésistibles. Portés par des mélodies et des refrains entraînants, ce sont des appels à s’amuser dans un pur esprit folk metal. La suite avec ‘P.A.R.T.Y.’, ‘Captain Morgan’s Revenge’ ainsi que ‘Drink’ et ‘Fucked With An Anchor’ est toute aussi fun. Le côté speed est réjouissant, le clavier amène le côté folk dansant et la voix éraillée de Bowes est parfaite pour faire bouger la foule. La fête a été belle. Alestorm est une bête de scène qui sait mettre le feu avec efficacité.
Avec
Obituary, la Swamp accueille un poids lourd du death metal. Les Américains sont des artisans du genre avec la volonté de tabasser l’auditoire. L’instrumental ‘Redneck Stomp’ est idéal pour ouvrir, lourd et glacial il annonce meilleur. Avec ‘Sentence Day’ le groupe colle une raclée death lourde et grasse portée par la voix de gargouille de John Tardy. Les riffs sont d’une incroyable force et tout cela écrase un public ravi. La suite est intense et impitoyable, ‘A Lesson In Vengeance’, ‘The Wrong Tme’ ou ‘Fint The Arise’ étant des charges avec le chant caverneux qui glace le sang et les riffs gras portés par Peres et Andrews. Le final se fait sur le classique ‘Slowly We Rot’. D’une lourdeur implacable il assomme le public à la manière d’un 38 tonnes. Obituary n’a pas changé, il reste un montre du death un peu redneck qui se plaît à tout écraser.
La tête d’affiche c’est
KK’s Priest, le groupe formé par Ripper Owens et KK Downing. Cela a pu surprendre de voir le groupe si haut mais le pedigree des musiciens justifie ce statut. Le groupe a mis les moyens avec un écran géant derrière la batterie et pas mal de pyrotechnie. L’intro avec les images des membres du groupe puis des images de clip sont sympa pour mettre l’ambiance. Le début du concert voit la formation mettre l’accent sur ses titres. Force est de reconnaître que ‘Hellfire Thunderbolt, ‘One Shot Atg Glory’ et ‘Reap The Whirlwin’ assurent méchamment. Le rythme est soutenu en forme de bonne charge heavy, les mélodies sont bien troussées avec des refrains efficaces. Ripper n’a rien perdu de sa puissance et hurle en montant très haut. Il sait aussi sonner épique pour un résultat prenant. A ses côtés ça assure, KK restant un orfèvre du riff et du solo heavy avec un toucher exceptionnel. Le public apprécie quand au milieu de ces trois titres Ripper fait hurler son nom. ‘The Ripper’, premier classique du Priest joué, demeure un excellent moment de heavy mélodique au riff et au refrain fabuleux.
KK’s Prisest a gagné la partie, l’ambiance est excellente et chacun savoure la charge heavy. Le groupe joue deux titres de son répertoire. ‘Sermons Of The Sinner’, archi heavy avec la batterie en avant, un Ripper qui déménage et des soli de feux. Le passage épique a donné le frisson avec un Ripper remarquable dans ce mode. Plus typé hard rock, ‘Brothers Of The Road’ est un bon moment direct et accrocheur. Entre ces titres, les reprises du Priest ont été efficaces. ‘Night Crawler’ ravi par son côté sombre, ‘Burn In Hell’ est un monstre de puissance heavy et ‘Beyond The Realms Of Death’ impressionne par sa force mélodique. Puis les classiques du Priest vont s’enchaîner. ‘Metal Meltdown’, ‘The Green Manalishi’, ‘Breaking The Law’ et ‘Victim Of Changes’ ont collé le frisson. Ripper a été impérial et KK a montré qu’il n’avait rien d’un retraité. Il joue vite et bien et pourrait donner la leçon à pas mal de petits jeunes. Le final se fait sur un dernier titre perso. ‘Raise Your Fists’ a scotché et montré que le groupe pouvait pondre des hymnes heavy sans rougir devant personne.
KK’Priest a été à la hauteur de son statut. Sa prestation a été impeccable, certes il reprend encore pas mal de titres de Judas Priest mais il l’a fait avec classe. Il a prouvé qu’il savait proposer de solides compostions personnelles. Le public a apprécié une leçon de heavy metal.
Il reste un dessert pour finir la soirée. Cela se passe dans la scène annexe, l’Helldorado. Il est tard mais il y a foule pour accueillir
Amorphis. D’entrée avec Northwards le concert démarre fort. Véritable perle de heavy death teinté folk, le titre enflamme la foule conquise par le charisme d’un Joutsen aussi brillant en growl qu’en chant clair. Juste ensuite, passé et présent se croisent. ‘Bad Blood’ et ‘The Moon’ séduisent par leur force mélodique tandis que ‘The Four Wise Ones’ tape fort dans le côté death. Issus des débuts, ‘Into Hiding’ et ‘Black Winter Day’ font un carton avec une force énorme et un growl caverneux. Puis le groupe va balancer du lourd avec ‘Silver Bride’, ‘Wrong Direction’, ‘On The Dark Waters’ ou ‘House Of Sleep’ et ‘The Bee’. Parfaits représentants d’un death teinté folk mélancolique accrocheur par ses refrains et le chant clair, ils ravissent une foule d’amateurs en communion avec la formation. Amorphis aurait mérité de jouer plus tôt et devant plus de monde. Mais les résistants ont savouré un concert chaleureux porté par des musiciens dégageant une sympathie communicative.
Ceci achève en début de nuit une journée très remplie. L’
Alcatraz continue idéalement dans des conditions parfaites à tous les niveaux et il tarde de savourer une dernière journée prometteuse.