Blackfeet Revolution entend percuter le rock français avec une énergie débordante. Nous avons pu échanger avec le groupe dans une interview qui témoigne de cette énergie qui vise à l'efficacité.
Blackfeet Revolution revient avec un EP ‘Désordre’ après un EP éponyme sorti en 2022, pourquoi un tel retour si vite et sous ce format ? Une envie pressante de vous remettre en route après deux ans de pandémie ?
L’EP sur lequel est indiqué « sorti en 2022 » sur Spotify est en réalité sorti en 2010. Mais on a dû remettre sur les plateformes ! Mais la question reste pertinente, l’envie pressante est permanente. Notre seul frein est le temps et l’argent pour produire !
Est-ce que vous avez eu des doutes sur l’avenir du groupe car vous aviez à peine sorti votre album "Made In Blackfeet" que tout s’est arrêté et que vous n’avez peut-être pas eu le temps de le défendre sur scène ?
Oui, la pandémie a été une vraie mauvaise surprise car on pariait gros sur l’album. Les chansons on plutôt bien fonctionné, notamment à l’étranger. Mais l’envie a pris le dessus et on est reparti !
Le français permet de se démarquer car l’offre de rock en français n’est pas très large depuis la disparition de Noir Désir
A cette occasion, vous faites un peu votre révolution puisque pour cet album vous avez opté pour l’écriture en français, qu’est-ce qui a guidé ce choix ?
Ça faisait un bout de temps que ça nous travaillait. Même si l’anglais est très musical et très rock, le français permet de se démarquer car l’offre de rock en français n’est pas très large depuis la disparition de Noir Désir, et les carrières finissantes de Luke ou d’Eiffel, alors que selon nous, la demande est là.
Avez-vous ressenti la difficulté que beaucoup de groupes français ressentent à utiliser la langue dite de Molière dans leurs chansons les poussant à utiliser l’anglais ?
Les compositions sont venues plutôt facilement, les retours sont plutôt bons. Mais il faut continuer à travailler. C’est très facile d’être mauvais en français !
Est-ce à dire que vous souhaitiez atteindre l’objectif de faire comprendre aux gens le sens de vos paroles en raison du fait que l’anglais n’est pas le fort du public français ?
Il y a de ça, d’autant plus que nos paroles en anglais pour la plupart ont été écrites par un Irlandais et le sens est difficile à appréhender. La effectivement, le public chante plus volontiers avec nous alors qu’avant ça se limitait aux ho ho ho.
Avez-vous conscience du risque de ce choix de vous fermer quelques portes à l’international là où vous aviez peut-être eu quelques ouvertures précédemment ? Et pourquoi ne pas avoir sorti un album mi français-mi anglais en regroupant cet EP avec le précédent ?
On y a pensé, mais on souhaitait vraiment faire cette rupture. L’anglais reviendra certainement. Et puis quelques-unes de nos chansons en français tournent en Angleterre et aux USA !
On aime beaucoup cette citation « être dans le vent est une ambition de feuille morte »
Votre formation est ancrée dans le rock qui semble vivre de façon assez cyclique une sorte de revival avec des groupes mis en avant tel que Ko Ko Mo récemment et donc vous, comment expliquez-vous cet attrait du public pour le rock ? Et ressentez-vous cet attrait de la part de la jeune génération ?
Il faut aller voir des concerts, même la pop est traitée rock en concert. C’est donc un style qui fonctionne. Et puis nous ne sommes pas faits pour suivre les cycles. On aime beaucoup cette citation « être dans le vent est une ambition de feuille morte »
Votre style est plutôt une fusion de genre entre le rock et le blues (qui sont des parents très proches) mais aussi des touches de grunge avec des pointes pop pour le côté mélodique. Ce mélange est pour vous le présent et l’avenir du rock ?
C’est un style intemporel. Il perdurera bien après nous.
'La marche' qui ouvre le bal est assez cinglant sur l’état de la politique et la société. Vous semblez reprendre le flambeau d’un rock subversif là où il a eu tendance à s’embourgeoiser depuis quelques années après la disparition notamment de Noir Désir. Le metal a eu tendance à prendre le relais (Mass Hysteria, No One Is Innoncent…). Cet engagement ou le fait d’être concerné par la société fait partie de votre ADN ?
Cet album est plus un cri qu’un engagement au sens strict du terme. Nous sommes des artistes et nous avons du mal à nous retrouver dans ce qui se construit. Alors on a besoin de crier avec nos proches. L’engagement, musical en tout cas, s’arrête là.
L’album contient 6 titres pour 18 minutes de musique avec des morceaux qui tournent autour de 3 minutes, la recherche d’efficacité est une piste pour expliquer ce choix ?
On a voulu des morceaux courts et incisifs. L’efficacité fait partie des critères, mais également le fait qu’il n’y ait pas de long ad lib ou de boucles hypnotiques -comme c’est un peu la mode aujourd’hui- aboutit à des morceaux courts
La pochette de l’album est un patchwork de photos où cohabitent le penseur de Rodin, Mozart, un missile et moult autres selfies. Qu’est-ce que cela symbolise hormis un sacré désordre ?
C’est bien un désordre que nous avons voulu représenter. Malheureusement, le distributeur a refusé cette pochette par crainte de recours des personnes y figurant. On a dû opter pour une pochette très épurée finalement.
Toutes les chansons portent une solution, et c’est l’amour, sans vouloir tomber dans le romantisme à 2 balles !
Vous partez d’un constat souvent amer mais avec des touches parfois lumineuses dans les textes soulignés par cette musique énergique, c’était important pour vous de faire ressortir ce côté positif notamment dans ‘Vivre’ (surtout dans le contexte actuel) ?
Oui, c’est important. 'Vivre' est la plus symptomatique de ce point, mais en réalité, toutes les chansons portent une solution, et c’est l’amour, sans vouloir tomber dans le romantisme à 2 balles !
Vous êtes un duo, comment vous répartissez-vous les rôles ?
On compose tout à 2. Chaque idée est partagée et enrichie de manière itérative. On a toujours fonctionné comme ça.
Votre musique en studio sonne très live et un soin particulier a été apporté à la prod' pour mettre en valeur le côté rythmique de ces 6 morceaux, comment avez-vous travaillé cet aspect ?
On a travaillé en plusieurs étapes. D’abord on s’est enfermés en studio, puis plusieurs mois après, on a complété et affiné le mix pour rendre ça plus vivant. On a fait appel à un vrai pro pour le mastering. Mais l’idée de son live est ancrée chez nous, nous sommes un groupe de live.
Comment avez-vous perçu les retours du public sur cet EP et aviez-vous des attentes particulières ?
Les retours sont bons, même si on galère à émerger. La crise est encore bien là. En revanche, sur scène c’est le carton plein. On a tenté de nouvelles choses avec des loopers, et ça cartonne !
Nous vous laissons le dernier mot pour nos lecteurs...
On n'a qu’un truc à dire, écoutez, likez, partagez et , venez nous voir, sur scène, notre musique prend tout son sens. Merci beaucoup à vous !
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