La Météo Nationale l’avait prédit : le ciel serait dégagé sur le sud “grâce” au mistral. J’encourage les grenouilles parisiennes à faire un détour dans le sud un jour de mistral, quand la chaleur n’est pas (encore) au rendez-vous : les bourrasques glacées parcourent en ce samedi soir le parking où les voitures se serrent frileusement. Dans cet endroit situé à la lointaine périphérie des banlieues marseillaises, l’isolement règne en maître : personne aux abords du Jas Rod, le public s’étant prudemment réfugié dans le bâtiment, et les étals de restauration ont replié leurs auvents, bousculés par les rafales.
Heureusement, dès que l’entrée est franchie, nous retrouvons la chaleureuse ambiance des concerts de Prog Sud : pas mal de monde (peut-être 350 personnes au plus fort de la soirée), une convivialité éprouvée, le plaisir de se retrouver pour un évènement fédérateur ; le public sera bien au rendez-vous, fidèle, curieux, attentif et enthousiaste.
Scène dominant la salle, nombreux éclairages variés tout au long de la soirée (mention spéciale pendant le set Nemo), places assises (et de nombreux spectateurs debout ...) : excellentes conditions d’écoute. Un bémol tout au long de la soirée : le micro chant était réglé un peu en retrait et saturait assez facilement, ce qui a un peu pénalisé les vocalistes.
Entame de choix avec la prestation de Nemo ! Le quatuor a amené en renfort David Smyslowski, en seconde guitare et aux chœurs. Leur set, trop court (limitation à 50 minutes oblige ...), est une démonstration de cohésion, d’efficacité et de feeling : tous les musiciens se livrent à fond, apparaissant extrêmement complices, avec un JPL particulièrement en verve communicant facétieusement avec le public. Obligé de se limiter, le combo ne nous livrera “que 5 ou 6 titres”, dixit JP, mais au milieu de ceux-ci, l’énorme Barbares, servi avec une maîtrise tout simplement bluffante ! Les deux rappels ont permis à Nemo d'allonger son set avec l'interprétation de Les Enfants Rois et de Nouveau Monde.
Le public a fait une ovation tout à fait méritée au set de Nemo, et n’avait qu’une exigence à formuler : ne plus attendre six années avant de revoir les Altiligériens ! (je vous l’ai fait à la Nelson Monfort: les Atiligériens sont les habitants de la Haute-Loire).
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Second set de la soirée avec les Japonais de Baraka, qui ont fait pour la troisième fois le déplacement depuis Tokyo pour venir se produire à Prog Sud. Changement complet d’ambiance, puisque ce trio entièrement instrumental (basse - guitare - batterie) se produit dans un registre de fusion dynamique. Deux fortes individualités évoluent ici : le batteur Max Hiraishi, à la frappe très puissante (il valait mieux ne pas être à la place de sa cymbale crash, violemment sollicitée !) , et le guitariste Issei Takami, très appliqué à varier au maximum les sons de sa guitare ; le bassiste Shin Ichikawa est beaucoup plus en retrait. Un set apparaissant très technique, et quelque peu hermétique, chaque musicien plutôt replié sur son instrument, et donnant une musique relativement peu accessible mélodiquement, donc forcément moins de ressenti pour le public, malgré les efforts de démonstrativité du batteur.
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Et pour clôturer la soirée, les Italiens de The Watch, dont j’attendais avec curiosité la prestation : grands admirateurs de Genesis période Gabriel, mais pour certains, trop confinés dans cette époque 1970 - 74. Et les Italiens, malins et très professionnels, vont mettre tout le public dans leur poche en quelques morceaux. En entamant par une de leurs compositions, ils ne font que planter le décor de ce qui sera un set quasiment dédié Genesis. Evidemment, le public, qui a construit pour partie sa culture musicale sur ce groupe d’une créativité peu commune, va immédiatement adhérer à l’entreprise des Transalpins, qui nous ont particulièrement gâtés en la matière : Can-Utility And The Coastliners en apéritif, puis, amené par les très sympathiques transitions de Simone Rossetti qui a pris la peine de nous écrire un texte de présentation en français, The Watch nous sert les plats de résistance : The Musical Box, The Cage, puis un intimiste Horizons servi par un Ettore Salati plein de feeling (mais qui a su nous gratifier auparavant de quelques démonstrations de tapping très au point) avant qu’on nous annonce : “ Le dîner est servi !”. Délire dans la salle : l’auditoire va assister à l’intégralité de l’interprétation de l’epic phare de Genesis, le génial Supper’s Ready, une interprétation évidemment très fidèle et avec un petit plus: le dynamisme des percussions de Roberto Leoni, plus percutant que Phil Collins. A ce stade, le fan n’en peu plus, mais réclame pour le principe un rappel, que les Italiens vont lui offrir : rien de moins que Watcher Of The Skies !! La salle est debout, il est 1h30 du matin et les Italiens auront bien du mal à partir, après un dernier bis de leur répertoire et un set magique.
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Près de 4 heures de concert qui auront passé à toute vitesse ! Un grand merci à Nemo pour la qualité de leur production, qui donne largement envie d’aller les revoir : surtout n’hésitez pas à vous déplacer, Nemo, c’est quelqu’un !! Dehors, le mistral ne nous a pas oublié, mais les rafales n’emporteront pas le souvenir de cette soirée qu’il ne fallait pas louper !
Plus d'informations sur http://www.nemo-world.com