MW / Accueil / Articles / COMPTE-RENDUS DE CONCERT - Mass Deathtruction Festival - Ferme Du Biberau - Louvain - 20 Novembre 2021
TITRE:

Mass Deathtruction Festival - Ferme Du Biberau - Louvain - 20 Novembre 2021


TYPE:
COMPTE-RENDUS DE CONCERT
GENRE:

DEATH METAL



Pour son grand retour après deux ans d'abstinence, le Mass Deathtruction frappe fort avec une affiche de grande qualité mettant à l'honneur toutes les facettes du metal extrême.
NOISE - 27.12.2021 -
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Il a régné depuis Août de cette année à ces dernières semaines une espèce de douce et folle euphorie. La pandémie semblait enfin en recul et les concerts revenaient en force. Mais depuis quelque temps la réalité commence à nous rattraper un peu partout. Pas mal de tournées sont reportées ou annulées et la chape de plomb retombe sur les épaules des amateurs de musique. C'est vrai notamment en Belgique où nous rendons en ce 20 novembre pour assister à la dixième édition du Mass Deathtruction Festival. La situation belge est tendue et jusqu’à deux jours avant le festival rien n’était gagné. Mais le miracle a lieu et le festival peut se tenir avec une contrainte : port du masque obligatoire dans toute la salle. Cela ne va guère gêner un public impatient de retrouver le festival après deux ans d’absence. Pour cette édition anniversaire le Mass Death retrouve sa salle emblématique, la Ferme du Biéreau à Louvain-la-Neuve, après une escapade dans La Sucrerie de Wavre, sympathique mais trop grande pour un événement typé extrême.


 

Pedro et ses équipes ont réussi l’exploit de réunir 14 formations avec un équilibre entre gros noms de la scène death black, espoirs ambitieux et quelques formations décalées. Un seul changement est à signaler avec l’annulation en dernière minute de Slaughter Messiah qui ne sera pas remplacé. La journée s’annonce longue mais contrairement à 2019 le festival a la bonne idée de proposer deux scènes. Cela demande une bonne forme physique pour enchaîner les concerts mais cela évite un trop long éventail horaire. Il faut souligner le confort parfait du complexe culturel. Sa salle principale est un bijou permettant au public de profiter des concerts de manière optimale tandis que sa cour extérieure s’avère parfaite pour se poser tandis que son étage accueille le merchandising dans les meilleurs conditions.


 

Les hostilités démarrent sur le coup de 12h10 sur la scène principale dans la ferme. Ce sont les Français de Bliss OF Flesh qui ont l’honneur de lancer la journée. La salle est correctement remplie pour accueillir une formation qui a le vent en poupe. En quatre albums brûlants elle a montré une capacité remarquable pour un black teinté de death à la croisée de Behemoth et Belphegor. "Tyrant" sorti fin 2020 a confirmé la force d’un groupe digne de ses glorieux modèles. Porté par un Necurat charismatique, torse nu et tatoué de partout, le groupe va légitimer son excellente réputation et faire un carton. Après une courte introduction symphonique il envoie la sauce, sachant se faire puissant avec un chant hurlé d’outre-tombe mais proposant également des plages mélodiques. Le résultat est bluffant. A la fois sombre et attirant le groupe plonge le public dans un univers prenant, intéressante mise en musique des écrits de Dante et d’Étienne de la Boétie qui ont servi de base à ses textes. L’intensité dégagée par la suite est énorme, le chant de damné de Necurat prend aux tripes, la force de frappe ne fait pas de quartier. Et au détour d’un break le sens de la mélodie malsaine et prenante fait mouche. Le groupe dégage une aura énorme, sa capacité à mixer puissance brute avec des moments profonds et calme est remarquable. Avec cette prestation Bliss Of Flesh a fait impression. A la fois violent et glacial il a impeccablement lancé la journée et mériterait d’être reconnu plus largement car son talent est immense.


 

L’enchaînement est rapide, il y a juste le temps de traverser la tente de restauration puis la petite cour extérieure pour retrouver Soul Dissolution dans un bâtiment annexe de la ferme. Plus petite, la scène est accueillante, toute en longueur elle permet au public de voir le concert quelque soit l’endroit où il se situe. Avec Soul Dissolution on retrouve une formation belge qui œuvre depuis 2012 dans un black metal post et atmosphérique. Auteur de deux albums et de deux EP, le groupe a su se faire un nom et la salle est bien remplie pour l’accueillir. Le début du concert voit le groupe faire parler la puissance puis petit à petit calmer le jeu et emporter le public en instaurant une atmosphère sombre. Le ton évolue entre force, mélancolie et côté lancinant et est porté par la voix d’un Acharan qui hurle son mal-être avec une rage intérieure forte. Le groupe joue sur les atmosphères et ce faisant évoque l’esprit d’un Alcest. Dans la salle il règne un calme idéal pour accompagner la noirceur et la mélancolie. On retrouve un côté rebelle, presque adolescent dans ces titres à fleur de peau. La suite du concert va être toute aussi prenante et au-delà du côté posé le groupe montre une facette puissante dans l’idée black metal. Soul Dissolution n’invente rien de neuf mais il a montré avec cette prestation qu’il maîtrisait es canons du genre. Il a su emporter son public dans un tourbillon émotionnel fort et lui faire oublier les tracas du quotidien avec force et élégance.


 

Le retour à la scène principale s’effectue avec Bodyfarm. Originaire des Pays Bas, la formation a vu le jour en 2009 et a déjà eu une solide carrière avec quatre albums taillés dans un death metal proche de Bolt Thrower ou Dismember. Depuis la sortie de l’excellent "Dreadlord" en 2019 le groupe a été secoué. Il a du affronter la disparition de son leader, le chanteur et guitariste Thomas Wouters peu avant la sortie de l’album. Le groupe a su se relever et perpétue l’œuvre du musicien. Axel a délaissé la basse pour la guitare et Ralph De Boer a rejoint le groupe au chant et à la basse. C’est donc une formation toute neuve qui se présente devant une foule dense. Chacun va vite être rassuré, dès l’entame sur ‘Dreadlor’ le ton est donné. Bodyfarm n’a rien perdu de sa force, Bram a su parfaitement s’entourer. Le titre est une baffe de death metal gras et old school portée par le chant de Ralph qui hurle sa rage avec intensité. ‘Manhunt’ et ‘Wall Of Decay’ sont toutes aussi féroces. Très rentre dedans les titres ne font pas de quartiers. Le rythme est intense, le chant toujours aussi hargneux et aux guitares le duo signe des riffs rapides et mélodiques efficaces. Le public savoure et quelques pogos se lancent dans une excellente ambiance. Avec ‘Slaves Of War’ le groupe assomme son monde, le titre plein de majesté est digne du meilleur d’un Immolation pour son côté violent. Ralph assure dans le rôle de frontman, il communique avec le public et le chauffe parfaitement, les slams lancés confirmant l’impression de communion. ‘Angelreaper’ est l’occasion d’un hommage émouvant à Thomas. Le titre en forme de grosse baffe porté par un refrain énorme et une partie instrumentale de haute volée est une claque de plus dans un concert intense. Très speed ‘Woods Of Dismay’ est digne de Slayer avec des accélérations qui ne font pas dans la dentelle. La dernière partie s’entame avec ‘Der Landkreuzer’ et ‘The Dark Age’. Ces deux tartines death ravissent les amateurs d’un son proche de l’esprit de Vader. ‘Stroming Revolution’ et ‘Unbroken’ font le même effet et achèvent en beauté un public lessivé derrière les masques. La nouvelle vie de Bodyfarm démarre de la meilleure des manières . Le groupe a proposé un concert de haute volée, son nouveau line-up est au point et on lui souhaite une belle et longue vie au service du death metal.




Dans la salle annexe le ton va se faire plus brutal avec l’arrivée de Mucus. Brutal mais surtout barge et décalé car les Belges de Mucus œuvrent dans un grindcore totalement déglingué. La salle affiche quasi complet, les fans sont au rendez-vous pour une dose de violence dans un esprit fun et potache. Dès l’entame le ton est donné, les titres s’enchaînent à toute vitesse et rien qu’à l’intitulé de leurs noms il est facile de deviner l’état d’esprit. Avec ‘Caca 1’, ‘Caca 3’ ou ‘Rupture’ Mucus ne fait dans la dentelle. Il fonce et déclenche de jolis pogos, les amateurs de grind sont ravis de la claque. Fort de 25 ans de carrière, le groupe montre une maîtrise technique certaine et le growl Stéphane fait impression tant il est intense. L’accueil est excellent, la sympathie et la simplicité des musiciens y contribuant. Par la suite le ton reste barge et fun avec un bon côté potache . Avec des douceurs comme ‘Branlette’, ‘Caca 2’ ou ‘Santé Bonheur, Joie dans ta Sœur’ le groupe fait un carton. Les titres sont courts mais intenses et ne font pas de quartier. Avec ‘Prem’s’ on retrouve au milieu de cette furie un titre long et brutal en forme de folie totale. Le groupe est en parfaite interaction avec le public et il règne dans la salle un esprit fraternel avec de jolis mouvements dans les premiers rangs. Le final sera aussi intense avec d’autres perles comme ‘La Courte Échelle’ ou ‘Sniffe Ma Cloche’, représentants d’un grind délicieusement débile. Mucus ne sera jamais la sensation metallique à la mode mais avec ce concert déjanté il a fait plaisir dans une joyeuse bonne humeur.


 

Dans la salle, Sinister se prépare à jouer mais au vue de l’annulation tardive de Slaughter Messiah le programme va connaître un changement annoncé au micro par Pedro. Sinister est décalé et prend la place de Groza, ces derniers jouant plus tard dans la salle annexe. Après une pause bienvenue pour reprendre son souffle c’est dans la salle annexe que le programme continue avec la venue de Warhammer. Formé du côté d’Athènes en 2012, le groupe évolue dans un death teinté de black et s’apprête à sortir son nouvel album, "Ashes And Cinders". Pour ce concert le groupe évolue sous forme de trio avec un seul guitariste, son leader chanteur Hercules se chargeant de la basse. Malgré cette configuration inédite le groupe va faire honneur à son statut de groupe à surveiller. La foule est au rendez-vous et dès l’intro guerrière montant savamment en puissance l’ambiance monte d’un cran. Puis dès le premier titre c’est l’explosion. Porté par un chant hargneux la chanson est une claque d’une rare intensité taillée dans le meilleur d’un mix entre death et black. La suite avec ‘Mass Burial’ est aussi efficace : tranchante à souhait la chanson montre un impact énorme. Une force implacable s’exprime avec un sentiment de puissance digne de Nile ou d'Immolation. L’intensité ne va pas baisser d’un cran, le groupe enchaîne et prend plaisir à tabasser son auditoire. Le format trio ne l’handicape pas et la technique proposée est bluffante avec notamment un break de haute volée. Le final avec ‘Sightless Forms’ et ‘Quandary’ est monstrueux en forme de parfaite tarte de death black. Malgré des circonstances délicates Warhammer a fait le travail. Il confirme un talent fou, il a toutes les armes en main pour rapidement se faire un nom à grande échelle.


 

Le retour dans la Ferme se fait avec Sinister qui est très attendu. Malgré de nombreux changements de line-up le groupe n’a rien perdu de son aura. Depuis plus de 30 ans Aad Kloosterwaard tient bon la barre du groupe, délaissant ses fûts pour le micro au retour du groupe en 2005. Depuis, le groupe enchaîne les albums et propose un death furieux et occulte. La salle est remplie et l’ambiance chaude quand l’intro retentit. L’entame sur l’instrumental ‘The Malicious’ fait son effet, le groupe maîtrise son art et balance une bonne baffe. L’enchaînement avec ‘Transylvania’ est géant, le titre est une tarte death metal portée par un Aad au growl féroce. Le côté écrasant du morceau impressionne, l’intensité dégagée est énorme et par instants on flirte avec le grind pour un résultat d’une rare brutalité. L’accueil est royal, la salle explose et la suite ne va pas calmer le jeu. ‘Blood Ectasy’ est aussi méchante, Sinister n’est pas venu pour s’amuser et balance la purée avec un rythme de dingue. Précédé d’une intro pompeuse amenant une atmosphère lugubre, ‘Neurophobic’ est encore plus intense. Proche du grind avec le growl féroce de Aad le titre envoie du lourd avec un rythme de dingue et un refrain martelé efficace. Le final approche et il va être royal. Après un 'Convulsions Of Christ' méchant le groupe repart dans le passé avec ‘Sadistic Intent', sorti en 1993 et qui s’avère être une tarte de death brutal. Avec ‘The Masquarade Of An Angel’ et un ‘The Carnage Ending’ qui porte bien son nom le concert s’achève avec la même intensité. Sinister a fait impression ; en balançant un concert énorme il a montré qu’il restait au top de sa forme bien à sa place parmi les patrons de la planète death metal.



AvecAlmost Dead la scène secondaire accueille un groupe américain qui a vu le jour en 2002 du côté de San Francisco et qui œuvre dans un thrash droit inspiré de la scène des années 90. Il a déjà proposé cinq albums et reste encore assez méconnu dans nos contrées. La curiosité a fait son effet et la salle est bien remplie pour accueillir le seul représentant non européen du festival. D’entrée le groupe lance bien la sauce. On retrouve un son digne d’un Pantera pour le groove et digne d’un Soulfly pour les aspects jump. Au chant Tony hurle avec énergie dans l’esprit du genre et avec une petite pointe core efficace. Tout cela fait taper du pied en rythme et la suite va confirmer ces bonnes sensations. Porté par un refrain éructé avec conviction ‘Last Rite’, issu du nouvel album Brutal Onslaught, est un joli monstre de puissance. La fosse apprécie et se remue bien, le feeling thrash groovy faisant parfaitement son effet. Juste derrière on retrouve une chanson totalement dans l’esprit de Pantera tant par les riffs typiques du genre que par le chant hargneux très efficace. La suite de la prestation va confirmer la bonne capacité du groupe à nous plonger dans une époque musicale qui a marqué pas mal d’esprits. Il montre une bonne humeur certaine et une envie de tout défoncer sans poser de questions. Avec ce concert Almost Dead confirme de très bonnes dispositions. Il a été une belle cure de jouvence pour nombre de personnes présentes qui ont retrouve un son qui a bercé leur jeunesse.


 

Le retour à la ferme s’effectue avec Diabolical. Les habitués des scènes locales, le MCP Apache notamment, connaissent la formation suédoise qui œuvre dans un death black intense qui sait se faire mélodique et mélancolique. La foule est au rendez-vous pour accueillir un groupe qui malgré plus de vingt ans de carrière reste méconnu. Hauteur en 2019 d’un "Eclipse" de grande qualitéil dispose d’une superbe opportunité de se faire connaître en jouant sur une grande scène. Après une intro efficace pour faire monter l’ambiance, le groupe balance un énorme ‘We Are Diabolical’, claque d’une rare intensité mais qui possède une force mélodique certaine qui prend à l’âme avec un chant clair qui donne le frisson. Le concert est bien lancé. Juste derrière ‘Failure’ est tout aussi énorme de force, le titre dégage une majesté certaine dans un pur esprit black death. L’accueil du public est excellent et au détour d’un speech Carl se le met dans la poche avec facilité en dégageant un énorme charisme. Avec ‘Transformation Hell’ le groupe balance un nouveau morceau et fait un carton. Totalement ancré dans un black teinté de death le titre est d’une rare force et assomme le public. Le trio formé par ‘The Fire Within’, ‘Metamorphosis’ et ‘Betrayal’ confirment la force du groupe. Pleines d’emphases les chansons sont de petites pépites oscillant entre force et mélodie avec classe. Les breaks sont prenants et emmènent un public dans un voyage lointain. Le final formé de ‘Children of the Mushroom Cloud’ et ‘Black Sun’ est tout aussi prenant avec un parfait mix créant une ambiance lugubre et prenante. Avec cette prestation Diabolical a marqué les esprits. Le groupe semble toucher les fruits de son travail, sa prestation restera dans les plus marquantes d’une journée fort riche.


Avec Putrid Offal, la scène annexe accueille un nom connu et reconnu des amateurs de musique extrême. Sur deux vies et plus de trente ans, les Nordistes ont fait leurs preuves avec un brutal death teinté de grind qui ne fait pas dans la dentelle. Depuis leur retour en 2013 ils ont balancé nombre de bombes et montré une forme insolente. La salle est bien remplie, chacun attend une tarte dans la tronche et le groupe ne va pas se priver de la lui balancer. D’entrée il attaque fort avec ‘Purulent Cold’. Porté par un Franck qui en impose avec sa tête couverte de liquide couleur sang le titre est une énorme claque trempée dans le meilleur du genre. Entre le growl féroce, un rythme de cinglé et un son parfait il bouscule la foule avec férocité. Le public est chaud et les ardeurs ne vont pas se calmer. Putrid enchaîne et fonce dans le tas. ‘Garroting Way’ et ‘Let There Be Rot’ sont mordantes et féroces semblant droit sorties des enfers portées par un growl impressionnant. L’accueil est royal et jamais l’intensité ni la rage ne vont baisser. Les musiciens sont heureux d’être sur scène et profitent à fond d’instants devenus précieux. Avec en vrac ‘Dura Mater’, ‘Skilled Ritual’ ou ‘Barber Butcher’ ils font savourer cette violence jouissive savamment maîtrisée. La demi-heure allouée passe à toute allure et les titres s’enchaînent comme des balles. Le final avec ‘Heaven’s Door’, ‘Rotted Flesh’ et ‘Suffering’ est impressionnant de férocité. Le groupe se montre au sommet de son art et ravit une foule qui s’est bien remuée. Putrid Offal a donné une leçon de death grind. Il a montré une incroyable vitalité et confirmait qu’il restait solidement accroché parmi les meilleurs formations extrêmes.





A peine le temps de se remettre de la claque qu’il faut se préparer à en recevoir une autre avec la venue d’Asphyx dans la ferme. La légende néerlandaise du doom death est attendue de pied ferme par une foule conséquente. Il faut dire que depuis son retour aux affaires en 2007, la bande de Martin Van Drunen n’a jamais déçu avec des albums d’une rare classe et des prestations live intenses. L’ambiance est chaude et avec ‘The Quest Of Absurdity’ elle va monter encore. Martin va au contact du premier rang et crée une parfaite communion avec le public. Avec ‘Botox Implosion’ le groupe fait exploser la salle, les slams et pogos sont féroces et chacun apprécie l’énorme claque death. Avec ‘The Nameless Elite’ Asphyx se fait écrasant, son mélange de doom et de death est d’une puissance énorme et assomme tout le monde. L’accueil est royal et le speech sympa de Martin contribue à faire de ce début de concert un moment fort. ‘Death The Brutal Way’ enchaîne à merveille, véritable claque death le titre est énorme de force et fait presque peur avec son break doom. Martin dégage une sympathie énorme et s’adresse à la foule en français pour annoncer ‘Forgotten War’. Le titre est porté par un rythme intense et un chant de damné, permettant au groupe de prendre son public à la gorge. Martin continue de parler en français et se montre adorable et accessible. Et quand la machine repart c’est pour tabasser sans pitié. ‘Deathhammer’, ‘It Cames From The Skies’ et ‘Molten Black Earth’ enfoncent le clou. À la fois lourdes et rapides les chansons envoient avec une rage qui donne le frisson. La suite avec ‘Scorbutics’ ou ‘Necroceros’ fait le même effet et assomme la foule. Après ces moments de bravoure et un salut sympa le groupe se retire mais revient vite pour les rappels. Le final avec ‘Last One On Earth’ est bien amené et fait encore mal avec la même combinaison entre death et doom. Asphyx a donné la leçon avec classe. Le groupe a ravi l’auditoire en dégageant une puissance de feu impressionnante et en sachant se montrer accessible et humain.





 

Sur la scène annexe Groza doit affronter la pression. Il joue haut sur l’affiche et se retrouve calé entre deux monstres du metal extrême. La formation allemande née en 2016 s’est fait connaître avec un black metal misanthropique influencé par Mgla et Uada. L’effet de curiosité a joué et la salle affiche complet afin de voir si le groupe sera à la hauteur des attentes. Le concert démarre de la meilleure des manières avec une introduction mélancolique et mélodique qui emporte le public vers le lointain. Le groupe, masqué, joue dans une quasi pénombre avec juste quelques lumières rouges. Même si l’effet est désormais très connu il fonctionne parfaitement et instaure une ambiance effrayante et attirante. Dès l’entame Groza ne fait pas semblant de faire mal, il balance un redoutable uppercut. Taillé dans un black haineux intense le titre prend à la gorge, il s’en dégage une ambiance malsaine remarquable. Le chant se fait aussi méchant et contribue à cette sensation de mal-être. Le public apprécie et quelques pogos se lancent dans une ambiance bien chaude. La suite du concert va s’avérer aussi prenante. Le groupe balance ses missiles avec une précision chirurgicale en oscillant entre force brute et passages plus posés. Le côté glacial qui s’en dégage dans l’obscurité de la salle donnant le frisson. Certains esprits chagrins pourront lui reprocher de n’être qu’un clone opportuniste d’un Mgla. Mais le talent est là et cela est le plus important. Avec ce concert Groza a montré qu’il était un espoir sérieux au sein d’une nouvelle scène black qui s’est fait une belle place. La suite de ses aventures sera à suivre de près tant son potentiel est énorme.


 

Dans la ferme un autre grand nom de la scène extrême est attendu. La foule est au rendez-vous pour accueillir Belphegor. En 30 ans de carrière le groupe autrichien, emmené de main de maître par Helmuth, a marqué son temps avec un death black satanique et blasphématoire et des prestations intenses et furieuses. Pour ce concert il a soigné le décor avec des cornes, des croix, un back splendide et quelques crânes. La messe noire s’annonce splendide et dès l’intro, qui reprend la 'Sarabande' de Handel (hème du film "Barry Lyndon"), elle démarre parfaitement. Atmosphérique puis symphonique l’introduction pose l’ambiance avec un côté solennel plein de romantisme noir. Puis avec ‘Swinefever – Regent Of Pigs’ le groupe balance une bombe taillée dans le meilleur d’un death black d’une rare intensité. Helmuth est possédé et hurle avec une rage droit venue des enfers, le rythme est féroce et dans le public chacun savoure la leçon. L’accueil est royal et la suite avec ‘The Devil’s Son’ va être aussi prenante. Précédé d’une intro lugubre le titre est un monstre de violence qui détruit tout sur son passage. Tout cela est jouissif, Belphegor est en forme et se plaît à tabasser son audience sans lui laisser de répit. A la fois lancinante et violente ‘Sanctus Diaboli Confidimus’ est un grand moment plein de noblesse qui scotche son monde. ‘Belphegor – Hell’s Ambassador’ enchaîne avec férocité et fait le même effet bœuf sur la foule.


 

Après ce début impressionnant,  Belphegor va frapper un grand coup avec ‘Stigma Diabolicum’. Un esprit gothique ressort du début mélancolique et mélodique de la chanson. Puis Helmuth en parfait maître de cérémonie s’avance et boit dans sa corne dans un esprit maléfique et sataniste. Puis l’enfer qui s’abat sur la salle avec une deuxième partie enragée d’une intensité monstrueuse. Derrière précédé d’une intro glaciale le duo formé par ‘Conjuring The Dead’ et ‘Pactum In Aerternum’ est une baffe de death black classieux avec une remarquable maîtrise de la violence. L’esprit sataniste règne avec une impressionnante force d’âme. Cet esprit noir va s’amplifier avec un ‘Lucifer Incestus’ glaçant et le duo formé par ‘Virtus Asinaria’ et ‘Prayer’. La violence se fait majestueuse avec un côté attirant irrésistible. Le final avec ‘Baphomet’ et ‘Gasmask Terror’ repart dans la brutalité pure avec une férocité portée par un Helmuth possédé, hurlant comme un damné. Belphegor a donné une leçon de death black, il s’est montré maléfique et haineux et a fait honneur à sa réputation. Pour beaucoup ce concert restera le moment fort de la journée.





 

Mais la journée n’est pas finie, il reste deux gros morceaux en guise de cerise sur le gâteau. Avec le premier le ton va radicalement se faire différent. Il va rester extrême mais avec Gronibard il va surtout être totalement débile, sexuel et politiquement incorrect. Cela fait plus de vingt ans que les Lillois secouent la scène grind. Discrets ces derniers temps ils effectuent un retour aux affaires et reprennent là où ils s’étaient arrêtés avec le même esprit potache. Les fans sont au rendez-vous et la salle affiche complet pour retrouver un état d’esprit et une jeunesse insouciante. D’entrée de jeu les Gronibard amusent la galerie en débarquant sous de longues capuches avec un esprit parodique des modes . Puis ils balancent la sauce avec le classique ‘March Of The Gronibard/Je te Déchire l’Anus’. Véritable hymne grind le titre fait un carton et chauffe la salle, la finesse du refrain faisant toujours son effet. Le groupe reste barge comme le confirme un premier speech perché. Le plaisir de retrouver les membres déjà à moitié à poil avec la foule les incitant à tomber le reste étant toujours là. Derrière ça s’enchaîne à toute allure avec des chansons ne dépassant pas la minute dans un esprit grind débile avec un chant hurlé et un rythme intense.





Avec ‘Ladyboy’ Gronibard propose une nouveauté sensée être proposée sur le nouvel album nommé ‘Regarde les Hommes sucer’. Entre ce nom et le titre bien barge force est de constater que les musiciens n’ont pas changé. La suite va voir le groupe enchaîner les douceurs. Entre ‘Crème de Chatte’, ‘Fais moi pas chier Connasse’ ou ‘La Chanson des Bisous’ et ‘Prout de Bite’ il distille les moments de subtilité avec grâce. Les amateurs de grind délirant en ont pour leur argent et savourent chaque moment en se remuant férocement. Le groupe envoie une belle sauce avec une énergie intacte, les musiciens semblant toujours avoir moins de 20 ans. Il faut aussi signaler un autre nouveau titre, ‘Fast Gays Of Humanity’, tout aussi poétique. Dans le final ‘Va Faire la Vaisselle’, le titre le plus célèbre de la formation fait un carton avec son refrain légendaire. Le rappel va être aussi efficace. Entre le nouveau et très fin ‘Sperm Holocaust’, ‘J’ai joué l’Anus artificiel de ton grand-père au PMU’ ou ‘Fragments Of Corpse In My Bicky Burger’ le groupe enquille les perles comme on enfile des boules de geishas. Avec ce concert Gronibard a montré une grande et belle forme. Certes il faut encaisser cet humour potache délirant et provocateur dans une époque devenue pudibonde mais ce petit coup de pied a fait du bien et donné la banane à un public ravi de la claque reçue.





 

La journée a été riche mais il reste un gros morceau pour l’achever. Ce morceau c’est Bathuska, Il faut rappeler que fin 2018 la formation polonaise a connu un schisme important. Le chanteur Bart et le guitariste Krzysztof se sont brouillés et cela a entraîné la création de deux entités. Celle que nous voyons ce soir est celle du chanteur, celle vu par les fans comme la fausse, celle qui a trahi Krzysztof, fondateur et compositeur d’un groupe qui a fait sensation avec son côté liturgique prononcé. La version de Bart fonce droit devant, un album, un live et plusieurs EP sont sortis et lui ont donné une légitimité vis-à-vis de la formation historique. Malgré cela la foule est au rendez-vous et force est de constater que le groupe a bien fait les choses. L’odeur d’encens est très forte et sur scène le rituel est en place avec tout les éléments d’une cérémonie religieuse. Puis le groupe arrive encapuchonné, le chanteur a sa bible en main et tout se lance doucement. Les cloches puis les chœurs se font entendre, une ambiance s’installe avec un côté hors du temps. Il y a un côté solennel, l’esprit est là et quand le chant profond se fait entendre l’impression d’être dans une messe orthodoxe est forte.








Derrière son pupitre Bart en impose, il dirige son groupe de main de maître et dégage un gros charisme. Le rythme s’accélère d’un coup et chacun encaisse un bon moment de black intense. Les musiciens restent plongés dans un mutisme certain sous leurs capuches et le titre alterne entre moments violents et breaks calmes à la fois solennels et théâtraux. Cette alternance d’ambiance est remarquable, le groupe y montre de la profondeur et quand il fait parler la poudre il se montre rageur avec une force énorme. La suite va se montrer tout aussi prenante, le groupe alterne entre titres purement black et titres plus solennels avec des chœurs, des passages aériens plein de profondeur mais qui savent faire mal . Ce mélange d’ambiances est une réussite totale et fascine un public calme mais attentif. Dans la salle et dans la pénombre la sensation d’assister à une cérémonie religieuse est forte et le calme qui règne a souvent donné le frisson. Avec ce concert cette version de Batushka a gagné son pari haut la main. Bien sur certains considéreront encore que le groupe est un imposteur mais au vu de la qualité du concert il est aussi tentant de se dire que Bart est en train de gagner son pari en prenant le pas sur son ancien collègue.


 

Cela achève une journée bien remplie, malgré des conditions délicates le festival a été une réussite. On ne peut que saluer la force et la volonté des organisateurs pour nous avoir offert une splendide affiche et pour avoir su se surpasser face aux conditions sanitaires délicates. Il nous reste à remercier chaleureusement Pedro et ses équipes pour leur travail immense et leur donner rendez-vous rapidement pour de nouvelles aventures metalliques.



Plus d'informations sur http://www.belphegor.at/
 
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