Les Dieux du metal progressif sont de retour avec leur quinzième album - déjà album du mois d’Octobre- et prétendant naturel à celui de l’année de la rédaction de Music Waves… De là à dire que le groupe a sorti l’album parfait ?
Nous ne vous ferons pas l’affront de faire une liste à la Prévert de tous les arguments dithyrambiques relayés dans
notre chronique mais il est hautement probable que cet album réconcilie certains fans avec le groupe originaire de Long Island. Et finalement, comment peut-il en être autrement à l’écoute des riffs plombés de John Petrucci, sa complicité avec Jordan Rudess, la basse de l’irréprochable John Myung mise en valeur par une production impeccable et enfin, même la batterie source de critique par le passé de Mike Mangini qui est pour la première fois un réel motif de satisfaction (de là à faire oublier Mike Portnoy ?).
Mais il demeure un point (noir ?) : le chant ! Si la voix de tête de James Labrie pouvait être la norme dans les années 1990, aujourd’hui, il ne rend pas justice à des musiciens qui ont toujours su maintenir leur musique au goût du jour afin qu’elle ne sonne pas désuette (le riff de plomb à la 8-cordes de ‘Awaken The Master’).
Nous avons tous en mémoire
l’interview de Mike Portnoy et Derek Sherinian (tous les deux ex-membres
Dream Theater s’il fallait le préciser) qui nous avouaient en septembre 2017 dans le cadre de la promotion de leur album commun sous pavillon
Sons of Apollon que le choix du chanteur s’était porté sur Jeff Scott Soto pour "s’assurer que tout serait plaisant à écouter !" alors que "pleins de groupes de metal progressif ont des chanteurs qui rendent la musique moins attractive". Suivez notre regard…
D’aucuns vous diront que James Labrie fait du James Labrie ! Oui, mais c’est bien là, le principal reproche qu’on pourrait lui faire... Certes, il y a l’épisode tragi-comique de l’empoisonnement aux crevettes contaminées en 1994 provoquant des vomissements successifs et un impact négatif sur sa voix jusqu’en 2022.
Mais plus que tout, il s’est passé près de 20 ans entre temps, et si aucune fausse note n’est à déplorer (contrairement aux concerts donnés au Zenith pour la promotion de "A
Scene from a Memory" : quel choc de subir du Labrie après les chants quasi-parfaits des premières parties qu’étaient
Spock’s Beard et
Pain of Salvation), là où nous louons "une exigence musicale drastique, une qualité d’exécution hors du commun" permettant au groupe de renouveler son œuvre, le chant reste figé aux années 1990 et ne permet pas aux compositions d’obtenir le rang qu’elles méritent, c’est-à-dire le meilleur.
Evidemment, tout le monde n’a pas le talent hors norme d’un Daniel Gildenlow ou ceux réunis du
Spock’s Beard de l’époque avec en tête de liste Neal Morse et Nick Di Virgilio mais ce serait également passer outre le fait que depuis 20 ans, le metal progressif n’a cessé d’évoluer tant musicalement (un peu) que vocalement (beaucoup). Avec des approches différentes, des groupes comme
Porcupine Tree (qui prépare son retour tant attendu en 2022),
Tool et surtout
Opeth -en incorporant des chants extrêmes à ses compositions progressives- sont apparus et ont véritablement révolutionné le paysage metal progressif, si bien qu’aujourd’hui les nouveaux groupes de metal progressif suivent le sillon de la référence
Dream Theater avec un metal progressif dit technique en y intégrant cet aspect vocal que l'on peut qualifier de versatile (
Haken,
Caligula’s Horse ou encore
Altesia)…
En prenant en compte cet état de fait, mettons-nous à rêver que dès les premières notes de ‘The Alien’ se succèdent le chant d’un Ross Jennings, Jim Grey ou soyons chauvins Clément Darrieu (un Français remplaçant un Canadien, quoi de plus logique finalement) ! "A View From the Top of the World" ne serait pas seulement l’album du mois ou encore de l’année 2021 mais soyons catégorique, un album qui figurerait au panthéon des meilleurs albums de metal progressif jamais composé.
Mais ceci est un avis clairement subjectif. Certains considéreront que le chant de James Labrie est une des composantes de la caractéristique de
Dream Theater et sans lui, un album de
Dream Theater ne serait pas du
Dream Theater (ce qui est vrai au demeurant si on fait abstraction de celui du premier vocaliste du groupe Charlie Dominici qui officie sur le premier album "
When Dream and Day Unite"). D’où le titre de cet article, prenons-nous à rêver d’un
Dream Theater all-star en imaginant le groupe avec un des chanteurs susmentionnés par exemple…
Et vous, que vous inspire le chant de James Labrie ?