Music Waves suit 6:33 depuis ses débuts et huit ans après la dernière interview du groupe, par l'intermédiaire du guitariste Nicko et du chanteur Arno Strobl (qui ne fait plus partie du groupe), les Français ont évolué et leur musique est reconnue unanimement. C'est Rorscharch alias Florent Charlet qui a fait le point sur "Feary Tales For Strange Lullabies: The Dome", le nouveau disque des déjantés démasqués .
"Feary Tales For Strange Lullabies: The Dome" arrive 6 ans après "Deadly Scenes". On imagine que les deux années chaotiques que l’on vient de vivre n’ont pas permis de sortir le disque plus tôt. Est-ce qu’il était déjà prêt ?
Florent "Rorscharch" Charlet : Non, il n’était pas prêt. Le covid nous a "permis" de finaliser l’album. Ça a pris quatre ans pour la bonne raison que nous avons eu des enfants. Le guitariste et compositeur (NDRL : Nicolas "Nicko" Pascal) et moi-même qui suis chanteur et auteur ont a eu des gosses. Je me suis marié, on a déménagé, il a monté son studio chez lui. Déjà nous avons perdu du temps là-dessus.
Ce sont de très bonnes raisons…
Oui, et en plus nous écrivons une musique qui est complexe et le processus prend du temps. Et nous aimons prendre du temps. Il aurait été prêt six mois plus tôt mais le confinement a permis à Nicko de pouvoir finaliser ses guitares, nous avons pu enregistrer le chant, faire le mix, donc voilà le côté positif de ce confinement, s’il y en a un, il est là.
Le groupe avait l’habitude d’être masqué et sous pseudo jusqu’à maintenant et au moment où le monde entier vit masqué vous décidez de tomber le masque. Est-ce que les événements de vos vies ces dernières années (parentalité…) vous ont rendus enfin matures ?
Matures, je ne crois pas (rires). Quand tu es parent tu es obligé d’être un peu responsable mais dès qu’on peut on redevient les cons qu’on était quand on était gamins. Pour les pseudos nous ne les avons pas abandonnés mais c’est comme Batman ou Spiderman, tu mets ton costume et tu deviens le personnage. En enlevant le masque nous sommes moins à cheval sur les pseudos. Mais ce n’est pas le fait de devenir parents. C’est juste que cela nous amusait moins, et comme tu dis le confinement a fait que quand tu passes un an et demi avec un masque c’est beaucoup moins drôle de les mettre.
Il y a eu du mouvement de personnel dans le groupe depuis "Deadly Scenes" notamment la présence d’un batteur (qui vient de chez Malemort). Comment cela s’est fait ? Qu’est-ce que cela change dans le groupe (la composition, les prestations, ...) ? Une petite remarque au passage, et c’est un autre pied de nez, une démarche à contre-courant car au moment où le son de 6 :33 se synthétise fortement (on y reviendra) vous accordez une place à un "vrai" batteur).
Oui, nous ne faisons rien comme les autres (rires). En fait, ça n’a pas influé sur la composition de l’album car les batteries sont toujours programmées. Mais avec un de nos claviéristes Manu (NDRL : Emmanuel "Howahkan Ituha" Rousseau) qui était sur les albums précédents nous avons convenu qu'il ne continuerait pas dans la configuration live tout en restant avec nous dans l’écriture et la composition. Et c’est lui qui programmait les batteries. Du coup Nicko a eu envie d’avoir un batteur pour la suite, voir ce que cela allait apporter dans les compositions prochaines mais surtout pour le live. On a eu beau pousser le délire le plus loin possible il manquait quelque chose niveau batterie sur scène. Il manquait les fréquences, le fait de prendre la grosse caisse dans la gueule, les cymbales…Il y avait aussi la volonté d’avoir une formation réduite sans l’écran, car nous avons une organisation avec tout un bordel, un tas de choses à placer. Alors nous allons garder l’écran mais quand nous serons en tête d’affiche. Avoir un batteur nous permet d’avoir une formation plus rock, plus classique, ce qui va nous permettre d’aller sur plus de festivals ou d’univers différents. Beaucoup de détails nous ont amenés à ces changements-là. Nous avons un nouveau bassiste, car l’ancien va déménager. Les routes se séparent, c’est comme ça, mais ils restent toujours de la famille. Et Mister Z, qui était sur le premier et deuxième album, revient du fait du départ des claviéristes. Voilà, nous avons vécu un tournant et nous nous sommes dit que nous allions en profiter pour prendre un batteur, enlever les masques…
Abordons le disque en disant en préliminaire que cet album est la première partie d’une suite à venir. Est-ce bien le cas ?
Oui, c’est bien le cas.
Tu as une idée de sa date de sortie, nous sommes impatients ?
Je ne sais pas. Mais c’est bien si tu l’attends avec impatience…Mais pour arriver à la fin du projet nous prendrons le temps qu’il faut pour pouvoir se dire que le résultat que nous obtenons n’aurait pas pu être mieux fait. Au début, nous savions que nous avions une trame que nous développerions sur un double album directement.
Ça veut dire que vous avez potentiellement le matériel pour le futur ?
Nous ne l’avons pas, seulement quelques ébauches, des débuts de morceaux que j’ai pu écouter…
Et ce que tu as entendu t’a inspiré ?
Quand nous avons décidé du concept de cet album-là, nous peaufinions un univers déjà entrevu si tu regardes le clip de ‘I Am A Nerd’ ou de ‘Black Widow’. Nous dessinions déjà cet univers un peu parallèle avec des super héros un peu louches, comme dans un film à la Sin City, tu vois.
Oui, comme la pochette…
Oui, très inspirée par le Gotham de Tim Burton dans les premiers Batman et en même temps mélangé à Millenium. Tout ce qui fait notre culture. Nous avons réfléchi à l’histoire, créer cette mégalopole, ce dôme, avec ce mec qui va arriver. Et c’est un peu autobiographique pour moi, un mec va arriver sur la capitale pour essayer de réussir dans le milieu, ce que j’ai fait en venant de ma province profonde.
Est-ce que toi aussi tu es hanté par les voix que tu as dans ta tête ?
Alors ça c’est complètement vrai (rires) ! Je ne suis pas hanté par les voix mais c’est un moyen de dessiner ce qu’on a tous dans nos têtes. Il y a un dessin animé qui s’appelle "Vice Versa" où toutes les émotions sont représentées, c’est un peu ça en fait. C’est comme ça que je me le dessine dans ma tête.
Avec la bande-son de 6:33…
Oui ! Il y a plusieurs toi-même, toutes ces émotions primaires que tu réprimes quand tu grandis construisent ce "monstre" à l’intérieur de toi, qu’un "artiste" va essayer de transcender. Il y a une histoire que j’aime beaucoup raconter c’est celle d’un potier qui faisait toujours le même bot mais parfois il façonnait un pot énorme et différent qu’il cassait car il avait besoin de sortir de ça. Je pense que c’est cela que l’on fait dans la musique et moi dans 6:33.
En fait au quotidien tu vas à ton boulot tu fais tes pots normaux, et le soir au moment des répétitions avec 6 :33 tu peux sortir ta monstruosité…
Disons que la scène est cathartique.
Au début, j'ai mal vécu le fait d'être privé de scène
Comment tu as vécu d’être privé de scène ?
Au début je l’ai mal vécu, je ne vais rien te cacher je suis devenu alcoolique en un mois, j’étais perdu. Je vis du live, j’ai des groupes de
cover, je suis coach scénique, prof de chant, je ne faisais que ça et là on me retire tout. C’est comme un drogué à qui ont retire tout. Au bout d’un mois et demi je me suis dis que l’alcool n’est sûrement pas la solution et je me suis concentré sur mes mômes. J’ai la chance de pouvoir faire quelque chose avec eux que je n’aurais pas pu vivre autrement donc j’ai capitalisé sur ce que je pouvais faire : m’occuper de ma famille et m’entretenir physiquement. J’allais dans mon sous-sol faire de la corde à sauter pendant une heure et demie et je me vois en train d’écouter des trucs et de gueuler car il fallait que ça sorte. J’ai mis la musique de côté sauf
6:33 car on finissait l’album et que c’était quelque chose de positif.
On peut faire un double constat concernant "Feary Tales For Strange Lullabies: The Dome" : une filiation avec les autres albums du groupe et des évolutions. La filiation tout d’abord, avec la signature 6 :33 parfaitement identifiable de grand marmite de métissage musical et de théâtralité. Est-ce que cette signature si précieuse et que recherchent tous les groupes est quelque chose qui se cultive ou est-ce "inné" ?
Je ne sais pas, il faut demander à Nicko c’est lui qui écrit cette musique de barjot. On est tous, toi autant que moi, construit par tout ce qu’on a vécu quand on était gamins, ados et pré-adultes, c’est-à-dire tout ce qu’on a pu regarder à la télévision. Moi je suis né avec les premiers "Alien", avec "Star Wars", tout cela fait partie de moi, avec "South Park" derrière, avec "Futurama", tu vois. J’ai grandi aussi avec
Michael Jackson,
Stevie Wonder,
Joe Cocker,
Bernard Lavilliers,
Renaud… et
Faith No More, et
Rage Against The Machine, et
Korn après derrière. Tout cela est une partie de nous et nous essayons de le retranscrire en musique. Nicko, qui écrit toute la musique et même jusqu’aux lignes de chant, a ses influences. Moi, j’écris un texte qui va aller avec ça. Nous créons en collaboration, j’apporte le concept, nous parlons de ça et de ça…nous nous nourrissons un peu l’un l’autre.
On perçoit par ailleurs une vraie évolution dans la musique. Pour faire simple "Feary Tales For Strange Lullabies: The Dome" est moins porté par la dynamique metal avec moins de riffs (la guitare saturée est saupoudrée un peu partout, et plus présente dans ‘Wacky Worms’, ‘Downtown Flavour’ et ‘Act Like An Animal’), mais plus d’ambiances. Avec pour les ambiances de nombreux styles (electro, funk, big band jazz, synthwave,…) qui ont tous en commun une tonalité 80 très forte. Est-ce le climat dans lequel vous vouliez installer l’auditeur ? Est-ce un genre de nostalgie pour cette époque de foisonnement ?
Oui, complétement. Alors Nicko parlerait de nostalgie, mais moi je suis resté bloqué dedans en fait. C’est toujours ce que j’écoute, c’est toujours ce que j’aime. Nous devons avoir le même âge et quand je t’en parle je vois dans tes yeux que toi aussi ça te parle. Je ne parlerais pas de nostalgie mais d’un amour profond pour cette période-là. C’est ce qui m’a construit en tant que personne et en tant qu’artiste aussi. Et je pense que de nos jours nous digérons un peu mieux cette période, car nous disons moins "Tiens ce morceau c’est du Patton", le son
6:33 s’affine, nous commençons à avoir l’habitude de travailler ensemble. C’est encore plus personnel qu’avant. Aujourd’hui on écoute moins de musique, d’autant que le mode de consommation de la musique est très différent…
Tu es conscient que ce mode de consommer de la musique dessert 6:33 ?
Oui, mais je vais te dire je n’en ai rien à faire. Est-ce que j’ai envie de parler aux gens qui ne vont pas passer plus de trois secondes sur un morceau ? Non ! Tant pis ! J’aimerais car ce que l’on fait aujourd’hui n’a jamais aussi immédiat. Tu écoutes la première chanson 'Wacky Worms' et ça rentre tout de suite, on n’a plus de morceau fleuve de 10-12 minutes. Ça reste complexe parce que ça nous ressemble et nous n’allons pas sortir de ce qui nous ressemble...
L’exemple que l’on peut citer ce sont les jeunes qui écoutent beaucoup de choses, peut-être plus que nous, mais qui se cantonnent à un titre seulement…
Oui, c’est déjà bien un titre. On s’adresse peut-être plus à notre génération, c’est vers eux que je parle d’une certaine manière, ceux qui ont l’habitude d’écouter un album en boucle. Je me souviens quand on enregistrait un morceau sur cassette on était obligé de l’écouter jusqu’au bout, avec l’
autoreverse…
Tu as connu l’autoreverse car moi je suis arrivé un peu avant et il fallait rembobiner comme on pouvait…
Avec le crayon quand la bande sortait de la cassette (rires)!! Bien sûr que notre travail parlera plus à ces gens-là. Mais j’aime à croire qu’il y a des gamins qui sont encore comme ça et dans le rock et le metal nous avons un public qui va continuer à acheter du
merch', qui continue à acheter du vinyle même s’il n’a pas de platine. Il y a un gars qui a acheté un skeud à l’autre bout du monde et il s’inquiétait de pas le recevoir. Je lui ai dit qu’il peut l’écouter sur Deezer et il me répond "Oui de toute façon j’ai pas lecteur CD c’est juste pour acheter le disque". Nous sortons la cassette et il y a le vinyle qui va arriver, nous sommes toujours attachés à l’objet. Nous avons travaillé l’objet avec le visuel à l’intérieur. C’est pour nous qu’on fait de la zic' et si ça peut toucher des gens et le maximum de gens évidemment que c’est le but. Nous voudrions aller chercher des tournées, viser le niveau au-dessus, mais je réalise déjà là ce que je rêvais de faire quand je lisais à 18 ans des magazines et que je rêvais de pouvoir parler de mon travail comme nous le faisons en ce moment.
Certains sont blasés…
Dans ces cas-là tu arrêtes tout !
Tu parlais de merch'. Ça va cartonner…
Sur le visuel du premier single nous avons fait comme les jaquettes des jeux vidéo SEGA de l’époque. Nous avons pris la même typographie, le "G" devenait un "6" et le "E" pour en faire des "3" et notre nouveau bassiste c’était fait une casquette avec ce visuel. Nous avons fait des photos promo et il l’avait sur la tête. Bénédicte notre chanteuse l’a vue et a dit "Je veux la même". Il en avait deux donc il lui en a donné une et nous nous sommes dit qu’il y avait quelque chose…Nous les avons sorties finalement en retravaillant le logo et ça va parler à tous les gars. C’est cohérent avec tout ce que nous voulons faire.
Le début du disque est assez classique du style 6:33 avec beaucoup de swing et d’entrain, mais rapidement surgit 'Prime Focus' avec sa longue introduction sous forme de bande son de film épique et son mid-tempo charmeur et grandiloquent qui suit qui se rapproche du travail de ACT. Pourquoi ne pas débuter le disque avec ce titre très ambitieux ? D’autant qu’il aurait fait écho au dernier titre, du même acabit 'Hangover' ?
Honte à moi, je ne connais pas
ACT, c’est Nicko qui est très porté sur le prog. C’est marrant que tu dises ça. Au début nous voulions mettre l’interlude ‘Downtown Flavor’ en ouverture. Et ‘Prime Focus’ est arrivé avec cette introduction, faire deux instrumentaux nous paraissait trop. Et finalement entamer avec un titre direct nous semblait mieux. ‘Wacky Worms’ est en format radio, il n’y a pas d’introduction, nous rentrons plus vite dans le sujet, ça changeait des albums précédents. Là où ‘Holy Golden Boner’ rappellera le
6:33 d’avant, ce premier titre est très ancré dans le nouvel album, il montre une patte un peu plus
dance floor. Commencer par ‘Prime Focus’ n’aurait pas donné le même ton à l’album même si nous l’amenons rapidement dans le disque. Ce morceau très musique de film reste dans la tradition de ce que nous faisions avec des influences Danny Elfman ou Ennio Morricone. C’est Manu, notre ancien clavier qui a composé ce titre.
"Feary Tales For Strange Lullabies: The Dome" exploite par la suite de nombreuses tonalités electro et indus (‘Party inc’, ‘Hot Damn Chicas’ genre de Paula Abdul 2.0) et une ambiance 80 de série américaine (‘Rabbit In The Hat’, ‘Release The He-Shes’). Est-ce que le côté song-writing était un fil conducteur de ces titres mélodiques et accrocheurs ?
J’adore la référence à
Paula Abdul (rires)…ça fait plaisir d’entendre le ressenti positif. Le fil conducteur de l’album est les années 80, ce son synthwave, électro que nous voulions rajouter et ces couleurs qui nous ramènent à cette période-là. Ce n’est pas aussi réfléchi que ce que vous pouvez imaginer mais c’est intéressant. Ça me rappelle un film "Les Rivières Pourpres" que j’avais vu au cinéma. On pouvait parler à Cassel car il était venu et les gens donnaient leur explication sur le film et lui qui répondait "non, non, non, je l’ai fait parce que j’avais envie c’est tout".
Avant d’être Music Waves nous étions Progressive Waves, nous aimons décortiquer et rechercher au-delà de la simple écoute…
Oui, c’est vrai et nous faisons cette musique pour les gens comme vous. C’est intéressant de débattre avec vous car cela nous ramène à nous et pointe sans doute des choses sur lesquelles nous n’avions pas cogité autant. L’intérêt pour nous est d’entendre ce que chacun va pouvoir y entendre selon son propre passif. Quand tu me parles de
Paula Abdul je trouve ça génial car c’est la première foi que j’entends cette comparaison et c’est super.
Ce nouvel album marque aussi la montée en puissance de voix dans le groupe avec un soin encore plus appuyé sur l’association des voix, les harmonies. Comment s’est fait ce choix de donner plus d’importance à Bénédicte ("Bennie" Pellerin) notamment ? Est-ce que cela aurait été la même chose avec une autre voix ou est-ce que la personnalité vocale et même au-delà de Bénédicte est l’élément prédominant dans cette démarche ?
C’est sa personnalité vocale, c’est sa personnalité, tout court, c’est une amie de Nicko depuis longtemps. Effectivement elle chante avec
6:33 sur "Deadly Scenes" mais elle était moins mise en avant dans l’approche groupe et son affichage. Elle apporte quelque chose de très important et sur "Deadly Scenes" nous nous sommes rendus compte à quel point c’était cool de l’avoir et nous avons décidé de lui rajouter des parties. Il y a aussi des morceaux qui s’y prêtent bien comme 'Hot Damn Chicas' qui parle des femmes et qui la mettent en valeur. Nous lui avons proposé d’officialiser récemment en étant sur les photos promo et de faire des dates sur scène avec nous.
Plus facile d’être avec Bénédicte sur scène qu’avec Arno Strobl ?
(Rires) Disons que deux gros égos sur scène c’est difficilement gérable (rires). Pour le coup c’est très facile de travailler avec Bénédicte car elle travaille pour le groupe et pas pour elle au sein du groupe. Elle capable de tout faire, de chanter des phrases ignobles que je lui demande de chanter, elle est géniale. C’est super de l’avoir encore plus avec nous.
Globalement l’album est moins dans la performance et plus dans l’abandon
6:33 a toujours proposé d’excellentes mélodies dans ses morceaux, se rattachant de ce point de vue à la pop. Mais l’aspect gros riffs de guitare n’a jamais laissé de doute sur le fait que le groupe officie dans la catégorie metal progressif. C’est beaucoup moins clair ici, les mélodies pop y sont toujours aussi lumineuses mais les guitares sont plus discrètes, en osmose avec l’ensemble du corps instrumental d’une grande richesse. Ainsi, "Feary Tales For Strange Lullabies: The Dome" est d’une richesse impressionnante mais c’est néanmoins l’album le plus accessible de 6:33. Est-ce votre ambition initiale d’atteindre une sorte d’équilibre musical ? Moins dans la performance et la démonstration mais la sensation musicale ?
C’est exactement ça. Je n’aurais pas mieux dit. Nicko est un musicien que j’apprécie vraiment car il se met au service de la musique. Si tu écoutes le riff de guitare de ‘Party Inc’ qui est limite djent ne t’inquiète pas il y a de la guitare derrière mais c’est plus riche que ça. Certainement que la puissance de la guitare ressortira plus en live mais c’est normal il faut un effet plus rock. Globalement l’album est moins dans la performance et plus dans l’abandon. Un abandon contrôlé avec une base consciente.
Vous avez grosso modo abordé tous les styles et genres dans vos compos, sauf peut-être le hip hop (ou alors rarement). Quel style refusez-vous d’emprunter et quel style aimeriez-vous pouvoir intégrer ?
Dans le prochain album il y aura surement des trucs ska-ragga. Le hip-hop c’est le seul style que Nicko n’aime pas. Moi j’aime le flow et ce que ça raconte mais pour un compositeur comme Nicko qui a été élevé avec
Pink Floyd forcément le hip-hop c’est assez pauvre musicalement. Mais sur ‘Ego Fandango de l’album précédent il y a un passage sur lequel je lui ai dit "Je suis désolé mais là je vois du hip-hop". Je lui ai proposé, il a kiffé et a accepté. Donc nous ne nous coupons de rien du tout, sur un passage, peut-être pas sur tout un titre. Par contre sur la fin de ‘Hangover’ il y a un passage improbable de pseudo-hip-hop. Tant que c’est cohérent avec ce que nous faisons nous acceptons de le faire...
Le concert Asylum Picture Show 2.0 avec Malemort et Acyl en 2017 était un événement ambitieux. Qu’en avez-vous tiré comme enseignement ?
C’est après ce concert que l’on a décidé d’intégrer un batteur. Tiens Cédric (NDRL : Cédric "Vicken" Guillo), viens nous parler un peu de ton arrivée...
(Cédric "Vicken" Guillo arrive à ce moment de l'interview)
Cédric : J’avais déjà quitté Malemort au moment d’intégrer
6:33. Ça s’est fait il y a un an et demi, pendant le Covid donc mais c’était déjà engagé avant car nous nous connaissions depuis des années. Nicko m’avait dit qu’ils cherchaient à avoir un vrai son de batterie au lieu d’une boite à rythmes et c’est Richard Dubois l’ancien clavier qui m’a appelé pour me dire officiellement que le groupe cherche un batteur.
Vous n’avez pas joué ensemble sur scène. C’est prévu pour quand ?
C’est prévu pour la semaine prochaine (NDLR : le 16 octobre) en première partie de Psykup.
Tu appréhendes ?
Il y aura forcément une petite pression car tu sais que les gens viennent te voir et t’écouter mais nous avons assez bossé pour que ça le fasse. Les deux journées d’avant seront bien remplies avec des répétitions.
Florent : il se met la pression car c’est le premier batteur mais nous nous la mettons tous, nous voulons faire bien.
Cédric : ça fait longtemps que nous n’avons pas joué et il y aura beaucoup de potes dans la salle…
Florent : on joue à domicile !
Finalement vous jouez quoi ?
On fait du funk prog (rires). Le terme "nawak" est pas mal. C’est un fourre-tout de tout ce qui sort des sentiers battus du metal. Je ne peux pas te dire ce que nous faisons, mais j’aime bien le terme funk prog…
Cédric : fusion aussi !
Florent : j’aime bien fusion mais ça va vite faire référence aux
Red Hot Chili Peppers, à
Rage Against The Machine, ce qui est assez éloigné de ce que nous faisons. Ça fait dix ans qu’on nous demande et dix ans que nous changeons de qualificatif. Donc funk prog c’est pas mal.
Ça sera le mot de la fin, merci.
Merci