Six ans après la sortie d'un premier EP éponyme, Needle Sharp est de retour avec un nouvel EP "Dark Lies Effects" révélateur de tout le potentiel du groupe. L'occasion nous est donnée de faire le point avec la chanteuse du groupe qui nous expose les aspirations du groupe...
Première interview du groupe par Music Waves donc première question traditionnelle : quelle est la question qu’on vous a trop souvent posée ?
Laellou : Quel est le style exact du groupe, parce qu’on ne sait pas répondre (rires).
Oui, on va en parler. Mais avant parlons des débuts. Le groupe existe depuis 2011 et vous avez sorti un premier EP éponyme en 2014. Pourquoi autant de temps, six ans, entre ces deux EP ?
En 2014 nous étions cinq musiciens. Un an plus tard un guitariste du groupe décide de partir pour des raisons personnelles, et nous avons hésité pour savoir si on le remplacerait ou pas. Et finalement cela faisait longtemps que l’on voulait travailler autrement, essayer des samples, et après avoir décidé de ne pas le remplacer il a fallu que l’on reprenne toute notre façon de faire. Notamment sur les sets, nos deux sets, un acoustique et l’autre amplifié, que l’on a dû arranger et adapter à notre nouvelle configuration. Tout cela a pris un peu de temps. En 2017 nous avons enregistré ‘Feel It’ qui est le premier morceau qui a été édité en single en 2017. On a enregistré en octobre 2018 les trois autres titres pour sortir l’EP en 2018 mais je suis tombée malade. J’ai eu des gros soucis de santé avec une opération au début de cette année. J’étais en anémie tout 2019, impossible de monter sur scène. On a attendu que j’aille mieux pour sortir le nouvel EP pour pouvoir se dire que l’on allait revenir sur scène et défendre quelque chose.
Malheureusement vous sortez quelque chose… et c’est le confinement !
Oui, mais on s’est dit que l’on n’allait pas attendre encore plus sinon cela n’aurait plus de sens de sortir un EP.
Nous n’avons jamais voulu nous poser dans un style propre et unique
En cinq morceaux on a une idée de la grande diversité de composition du groupe, à l’interface du rock et du metal mais aussi de l’alternatif et de la fusion. Est-ce que cet EP donne les indices de ce que sera l’album à venir ?
Oui. Nous n’avons jamais voulu nous poser dans un style propre et unique. Avec nos influences diverses à chacun on imprime nos goûts, pas tous dans les mêmes chansons, mais ça nous convient comme cela. Les gens viennent nous dire qu’ils n’arrivent pas à identifier notre style et ça nous fait plaisir quand on nous dit cela.
Pour les amateurs c’est un vrai plus mais est-ce que ce n’est pas aussi un handicap car souvent on aime poser des étiquettes sur les groupes ?
Il y a des personnes que ça dérange mais on est un peu inclassable à la
Faith No More, c’est un groupe qu’on aime bien, qui a quand même réussi à trouver son public bien qu’allant dans tous les sens. On se dit qu’il n’y pas de raison et qu’il y aura un public pour ça aussi.
Parmi les morceaux de l’EP il y a une reprise acoustique et un remix ? Pourquoi ces choix pour le moins éclectiques ?
Le titre acoustique on l’a beaucoup rôdé sur scène et une partie de notre public aime vraiment la facette acoustique du groupe. On a tenu à mettre un titre en acoustique pour faire découvrir cette partie-là de notre travail. Le morceau remixé c’est parti de Gus et Nohan : Nohan est DJ en dehors du groupe, ça montre une partie de notre son. D’ailleurs ce ne sera sans doute pas le seul morceau de l’album qui sera remixé.
Tu l’as dit, vous avez un répertoire acoustique. Cette habitude de jouer des morceaux acoustiques vient d’où ? Est-ce lié à des contraintes techniques ?
C’est vrai qu’en région parisienne dans notre configuration il faut taper dans les salles comme le Bateau Phare, le Divan, la Boule Noire mais aujourd’hui on n’a plus le Divan ni le Bateau Phare. En région parisienne il n’y a plus beaucoup de salles pour nous accueillir. On a joué en mode amplifié ailleurs qu’en région parisienne, en Belgique, à Lille, mais sur Paris les contraintes font qu’on a beaucoup joué acoustique. Ça nous plait quand même.
La diversité de l’EP est aussi un bon moyen de faire connaitre votre musique à ceux qui ne vous connaissent pas encore.
Oui, complétement. Les morceaux ont été choisis pour ça même si on avait assez de titres pour faire un album. Mais par manque de moyen on a choisi de ne pas le faire tout de suite. Quatre morceaux amplifiés et un morceau acoustique ça représente bien la palette de musique que l’on peut proposer.
Quelles sont les suites que vous envisagez à court terme ?
Le défendre sur scène et le faire connaitre pour avoir un public qui accroche à cet EP.
Quel est le plan que vous vous êtes fixés ?
L’année à venir sera consacrée à cet EP mais l’année prochaine l’idée est de travailler l’album.
Guano Apes m’a beaucoup influencée et je me dis aussi que je dois travailler pour
exprimer un peu plus mon style personnel
Parmi toutes les références que vous citez il y en a une qui nous éclaire particulièrement c’est celle de Guano Apes par la nature extravertie de ton chant et de la fusion musicale. Est-ce l’impression que tu as ?
En même temps je suis contente car
Guano Apes fait partie de mes influences personnelles mais en même temps j’ai envie d’en sortir un peu. Mais j’aime beaucoup le chant de
Guano Apes et cela m’a beaucoup influencée. Il y a pire comme référence mais je me dis aussi que je dois travailler pour exprimer un peu plus mon style personnel.
Le riff de ‘Feel It’ est très proche, pour ne pas dire plus, de celui de ‘Alive’ de Pearl Jam. Est-ce une influence ?
Oui clairement. Dans ‘Feel It’ il y a du
Pearl Jam et du Deftones, et pour le coup c’est plutôt bien réussi.
On a cité l’influence de Sandra Nasic de Guano Apes mais dans tes interprétations et ton charisme on entend aussi du Amanda Palmer de Dresden Dolls, notamment sur ‘To Be Damned’. Qu’en penses-tu ?
Sur les emportées de la partie acoustique ça va plus être lié à mon adolescence et mes deux groupes de metal symphonique dans lesquels j’ai officié. Dans un genre
Nightwish,
Lacuna Coil, groupes que je n’écoute plus du tout aujourd’hui.
Quand tu parles de travail vocal tu prends des cours ?
Oui j’en prends toujours et j’en donne.
Comment expliques-tu que bien que n’écoutant plus ces groupes aujourd’hui il te reste des réflexes vocaux de cette époque ?
J’aime bien la puissance vocale de ces groupes-là.
Within Temptation me parlait moins que
Nightwish par exemple car il y avait moins d’envolées. J’ai beaucoup écouté ça entre 16 et 17 ans et derrière je suis entrée dans un groupe qui faisait des reprises d’
Iron Maiden ; là je me suis dit que je ne pourrais pas garder que les envolées lyriques car ça ferait bizarre. Les saturations vocales m’ont beaucoup intéressée, de savoir comme cela fonctionne techniquement. Les premiers cours que j’ai pris se faisaient sur du metal symphonique avec une technique lyrique et si aujourd’hui je n’utilise plus cette technique il me reste certains placements.
La guitare a un rôle très important dans les compositions et notamment dans les passages instrumentaux qui ponctuent. On constate de moins en moins de soli dans le rock est-ce important pour vous de maintenir une certaine exigence technique dans votre écriture ?
Oui, le guitariste est très marqué par Metallica, c’est un soliste à la base doublé d’une approche rythmique. Ce qui l’éclate c’est la musicalité de son instrument, les solos et nous on trouve que ça donne un plus aux morceaux.
Est-ce qu’il faut le freiner parfois ?
Non, on ne le freine pas et même il a tendance à vouloir moins en mettre avec le temps et on le pousse.
La basse est particulièrement audible ce qui augmente l’effet de groove. Quelle est la recette du mixage pour obtenir cette clarté dans tous les instruments clés aux moments opportuns ?
Je ne vais pas répondre aussi bien que Gus l’aurait fait car le bassiste est le spécialiste du son chez nous.
Ce n’est un album surproduit mais dans lequel on entend tout.
C’est pour ça qu’il est mis en avant (rires) !
Il y a un vrai travail qui a été fait sur scène avec un ingé-son pour apprendre à régler notre son d’une certaine manière et utiliser tous les trucs en studio après. Gus a un studio de mix chez lui et travaille énormément sur l’équilibre de notre son, en répétition et en studio. Pour l’EP on a travaillé au studio 180 avec Arnaud Bascuñana et il aime beaucoup l’équilibre, le son analogique. On n’avait pas prévu d’enregistrer en live et quand on est arrivé il a dit « j’ai envie, on essaye sur un titre, on l’écoute et on voit si ça vous plait ». l’EP a donc été enregistré live sur bande ce qui fait qu’on a un rendu qui serait différent avec une production avec chaque instrument enregistré de son côté. Ce n’est un album surproduit mais dans lequel on entend tout. On est très content du travail qu’il a fait.
Ça doit mettre une certaine pression quand on commence à penser au rendu qui devra être fait en live ?
Oui complètement, on va travailler pour. On a réussi à le faire live une fois donc on va bien réussir à le faire une autre fois.
Votre base rock-metal se double d’arrangements comme des cuivres ou des touches electro. Ces idées émergent-elles dès la composition ou est-ce ajouté après, pendant l’enregistrement ?
Il n’y a pas eu d’éléments improvisés pendant l’enregistrement par contre on a évolué dans notre façon de faire. Sur le premier EP on a repris des arrangements mais pour la composition des morceaux que nous faisons actuellement on pose au départ les éléments electro et on ajoute les autres couches dessus.
Est-ce que vous jouez des reprises dans vos concerts ?
Il y a une reprise dans chacun des sets (électrique et acoustique) et ce n’est pas la même.
Qui sont ?
‘Tear’ de Massive Attack en amplifié et ‘Where Is My Mind’ en acoustique.
Oui, c’est très electro pour le coup.
On a gardé l’electro mais avec beaucoup de choses rock dessus (rires).
Qui a eu l’idée du visuel du disque, et quel est le sens derrière tout ça ?
L’artiste qui fait les poupées c’est Tate Sheol, c’est le fils d’une très bonne amie que je connais depuis des années que l’on appelle Mother dans le groupe tellement elle était là pour mettre de l’huile dans les rouages quand il y avait des conflits. On a toujours suivi son travail de plasticien et je voulais mettre en place une collaboration avec des artistes qui ne sont pas particulièrement du monde la musique, j’en ai plusieurs autour de moi. On a choisi de travailler avec Tate car on trouvait que ses créations correspondaient bien aux textes et à la musique de cet EP. Les textes que j’ai écrits ne sont pas forcément gais et on parle beaucoup d’oppression politique, de manipulation au quotidien des uns sur les autres et ce côté poupée de chiffon malléable et oppressée colle bien.
C’est visuellement fort, est-ce que vous avez pensé l’utiliser sur scène ou même vous suivre dans vos prochains albums ?
Tate nous l’a proposé donc on verra comment on travaille avec lui par la suite mais il n’est pas du tout contre l’idée que l’on puisse les utiliser. On a voulu effectivement avoir un marqueur visuel fort.
Qu’attendez-vous de cet EP ?
De pouvoir le défendre sur scène et on espère élargir notre public. On a un public qui nous suit depuis le tout début en 2012 mais on aimerait se faire connaitre.
Vous avez déjà des dates fixées ?
On attendait de voir comment je me sentais après mon opération de janvier et avec le Coronavirus on n’a pas eu la possibilité de planifier. On a signé avec Another Management et on essaye de monter les dates avec eux pour savoir ce que ça va donner. On part plutôt sur 2021 même si on nous a proposé des dates dès juillet. Mais ça faisait court pour s’organiser sachant que c’était vers Toulon et que dans une salle de 600 personnes la configuration aurait été de 50 personnes.
On a commencé sur la question qu'on t'a trop posée, et maintenant quelle est la question que tu aurais aimé que je te pose ?
Je n’ai jamais pensé à cette question (rires)…Je ne vois pas, on a tout abordé je crois.
Je te propose de réfléchir à cette question que l’on te posera en premier lors de l’interview qui sera donnée pour la sortie du prochain album ?
Ok, on fait comme ça.
Merci
Merci à vous