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TITRE:

BLINK-182 (15 OCTOBRE 2019)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

POP



Et de 8 pour le géant américain de la scène pop-punk ! Markus Hoppus (chant, basse) et Matt Skiba (chant, guitare) sont revenus sur ce dernier opus au micro de Music Waves.
DARIALYS - 20.11.2019 -
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Quel enfant né dans les années 80/90 n'a pas grandi avec Blink-182 ? Après avoir marqué une longue pause de près de dix ans au milieu des années 2000, le trio américain confirme son retour sur le devant de la scène. Mêlant pop et punk, les Californiens sont venus nous présenter leur nouvel opus, "Nine", un album se voulant surprenant chez les musiciens qui souhaitent actualiser leur approche de la musique et la moderniser.


Nous aimons commencer nos interviews sur Music Waves par la question suivante : quelle est la question que l'on vous a posée trop souvent et à laquelle vous en avez marre de répondre ?

Mark Hoppus : "Est-ce que vous allez jouer nus ce soir ?". C'est celle-là !





Vous ne jouez pas ce soir, donc je ne vais pas vous poser cette question ! Trois ans après votre album "California" (paru en 2016, ndlr), qui était votre premier album sans Tom (DeLonge, chanteur et guitariste fondateur du groupe, ndlr), votre album "Nine" sort. C'est votre neuvième album si on considère que votre dernière démo, "Buddha" était un album. Ce qui m'amène à la question suivante : pourquoi considérez-vous cette démo comme un album ?

Mark : Cela dépend de la manière dont tu regardes nos albums. On peut considère "Buddha" comme album, "Dogs Eating Dogs" pareil. On peut aussi compter "The Mark, Tom and Travis Show" (live, ndlr), comme un autre album. Quand on cherchait un nom à cet album, on s'est dit que "Nine" était sympa, mieux que "Eight".


Cet album commence avec le morceau 'The First Time'. L'intro à la batterie rappelle le hit 'Feeling This'. C'était important pour vous de vous détacher de l'album "California" et de montrer que cet album n'est pas en quelque sorte un "California n°2" ?

Mark : Oui. On voulait que cet album soit complètement différent de "California". Commencer l'album par 'The First Time' est effectivement un clin d'œil à 'Feeling This'. Il y a une énergie sur cet album qui rappelle celle qu'il y avait sur notre album "Blink-182" (2003, ndlr). On a voulu faire quelque chose de différent de "California". Quand Matt (Skiba, nouveau chanteur et guitariste arrivé en 2015 dans le groupe suite au départ de Tom DeLonge la même année, ndlr) est arrivé et qu'on a écrit "California", on a voulu se recentrer sur ce qu'était vraiment le groupe. On s'est demandé pourquoi on aimait ce groupe, ce que l'on aimait dans ce groupe. C'est comme ça que "California" est sorti. C'étaient nos fondations en quelque sorte.





Si Matt était un peu en retrait derrière toi sur l'album précédent, il chante vraiment avec toi maintenant sur ce nouvel album. Il commence souvent une chanson, et toi, tu continues. Comment avez-vous trouvé cet équilibre ?

Mark : Il y a une très bonne alchimie entre nous. En général, quand on enregistre un album, on échange tous les deux : "tu aimes ce couplet ?", "moi j'aime bien celui-là"… On a une approche des chansons qui fait que l'on n'a pas de limite. Si j'écris des paroles et que Matt pense pouvoir en écrire des meilleures, il peut en réécrire d'autres ou me dire de faire mieux. C'est très collaboratif et encourageant, c'est super.

Matt Skiba : C'est très bien de pouvoir être dans un groupe comme ça. Je me considère très chanceux.  Ce n'est pas une compétition, rien n'est régi par l'égo. On ne prend pas les choses personnellement. Souvent, sur cet album, on chante tout à deux. Quand on passe au mixage, des fois, on change un peu les choses, ça ne pose pas de problème et c'est très bien. J'ai joué avec des gens avec lesquels ce n'était pas la compétition, mais ils voulaient à tout prix que l'on garde leurs idées. Pour que le résultat soit super, je pense qu'il faut pouvoir aller au-delà de ça.


Sur cet album, le chant est plus agressif. C'est une dimension que vous souhaitez prolonger à l'avenir ?

Matt : Non. J'aime bien le black metal, j'aime son histoire, mais il y a très peu de groupes de black metal que j'aime vraiment, dont Darkthrone, le groupe d'Oslo. Travis (Barker, le batteur, ndlr) fait même du blast beat sur l'une des chansons de l'album. C'est un peu la chanson de black metal de Blink-182.


Ce chant agressif, on dirait qu'il est là pour tuer votre douleur. Est-ce le cas ?

Mark : Inconsciemment, je pense oui. J'avais beaucoup de démons dans ma tête sur cet album, tout comme il y en a dans le monde. Je pense qu'il y a des moments de joie sur cet album, mais dans l'ensemble, c'est notre album le plus sombre. C'est un album où l'on dit ce que l'on a dans nos têtes.


C'est un album cathartique ?

Mark : Oui, exactement.


Et pourquoi sortir un album comme ça maintenant uniquement ? Quand on prend de l'âge, on est généralement plus apaisé, moins en colère. Et pourtant, tu dis qu'il s'agit de votre album le plus sombre.

Mark : Car le monde est un endroit troublant aujourd'hui. Il tourne mal.


Cet album est bien plus pop que punk. Etait-ce votre volonté dès le départ, avez-vous eu envie de sortir de votre zone de confort ?

Mark : Les deux, je pense. Sur cet album, on a voulu essayer quelques nouvelles idées, de nouvelles techniques d'enregistrement plus modernes. On voulait avoir une production vraiment moderne, tout en faisant en sorte que cet album soit intrinsèquement un album de Blink-182. On ne s'est pas interdit de mettre du clavier, de mettre plusieurs voix, etc. Si ça nous plaisait, ça terminait dans le disque. C'est comme ça qu'on a fonctionné. Si on veut faire une chanson de rock progressif, si on veut faire une chanson pop, on peut le faire.

Matt : Il y a aussi des chansons qui ont un côté hip-hop très prononcé.





Oui, comme le morceau 'Hungover You'. Le titre 'Generational Divide' est très orienté live, comme sur des vieux morceaux que vous avez pu écrire à l'époque, mais en beaucoup plus court (49 secondes). Ce morceau parle-t-il de vos fans qui sont critiques vis-à-vis de votre évolution stylistique ?

Mark : Non, ce morceau est venu suite à une dispute que j'ai eue avec mon fils avant d'aller en studio.


Est-ce vrai que ce morceau a été inspiré par le titre des Beatles 'She's Leaving Home' ?

Mark : Oui !


Cette fois-ci, c'est la situation opposée. Est-ce l'adulte qui s'en va ?

Mark : (Rires) Eh bien… Non. C'est écrit d'après la même perspective. Ici c'est différent, mon fils n'a pas encore quitté la maison, mais ça arrivera bientôt !

 

Je n'ai pas l'impression d'être devenu un adulte                             

 

De l'état d'adolescent rebelle, tu sembles être devenu un adulte calme.

Mark : Je n'ai pas l'impression d'être devenu un adulte.

Matt : Je ne peux pas parler pour Mark mais je me sens encore comme un gosse, dans le bon sens du terme.


Sur le morceau 'Happy Days', tu parles des fantômes de ton passé. Sur 'Blame It On My Youth', tu dis que tu es perdu depuis 1999. Sur 'Remember To Forget Me', tu parles de tes adieux à ta mère. Y a-t-il des choses que tu regrettes ? Est-ce que tu aurais aimé faire certaines choses différemment ?

Mark : Oui, bien sûr que si je pouvais revenir en arrière et changer certaines choses, je le ferais, mais tout ce que nous faisons dans nos vies font que nous sommes la personne que nous sommes.


Pas de regret, alors ?

Mark : Il y a toujours des regrets ! Mais il faut savoir apprendre de ses erreurs. Je pense que tu ne peux pas être une personne accomplie s'il n'y a rien que tu aurais aimé faire différemment dans ta vie.

 

J'essaye de vivre l'instant présent et de ne pas vivre dans le passé

 

Tu es nostalgique de ta jeunesse ?

Mark : Non. Je ne suis pas nostalgique. J'ai aimé nos débuts, j'en garde de très bons souvenirs. J'essaye de vivre l'instant présent et de ne pas vivre dans le passé.


Cet album, "Nine", est plus sombre que les autres. Sur le morceau 'Darkside', tu dis notamment qu'il faut rester avec son partenaire, même s'il tourne mal. L'amour ne peut-il pas sauver notre monde ?

Mark : Si, bien sûr. Il faut être positif.


Charles Baudelaire, dans "Les Fleurs Du Mal", disait qu'il fallait au bout de l'enfer pour mériter sa part de paradis.

Mark : Oui, je crois qu'il faut parfois endurer certaines choses compliquées pour connaître des choses plus heureuses.


De ton côté, est-ce que tu as "traversé l'enfer" de ton côté ? Est-ce que tu as traversé des périodes obscures ?

Mark : Oui, absolument. J'ai fait plusieurs dépressions, des fois je suis très anxieux.





Est-ce que tu vas mieux depuis ?

Mark : En ce moment, ça va à peu près. (Rires)


Malgré ça, tu es quand même capable de blaguer. Si l'amour peut changer le monde, l'humour le peut-il aussi ?

Mark : L'humour, c'est ma manière de fonctionner, tout le temps. Même si je suis en dépression ou anxieux. Je blague pour me sentir mieux. Ça a toujours été comme ça, je pense que c'est un mécanisme de défense.

Matt : Il y a beaucoup de blagues qui rigolent de certaines choses dont on ne devrait pas rigoler.


Il y a une chanson qui s'appelle 'I Really Wish I Hated You' est un morceau sur l'amour et la haine. Les paroles suggèrent que c'est la douleur qui triomphe dans tout ça. J'ai entendu dire que cette chanson était plus difficile à enregistrer que les autres. Pourquoi cela ?

Mark : Oui. Cette chanson a été celle qui a pris le plus de temps pour avoir sa version finale. La version que tu entends sur l'album est proche de sa version initiale. On a essayé de changer le tempo, de changer de tonalité, de la rendre plus heavy, plus calme… Mais au final, on l'a gardée quasiment telle qu'elle avait été écrite. Cette chanson parle de ce moment où tu réalises que tu ne peux pas être avec quelqu'un car cette personne n'est pas la bonne pour toi.


Sur l'album précédent, il y avait un morceau aventureux, 'Los Angeles', avec une ambiance mystérieuse et du piano. A l'avenir, est-ce que vous pourriez rejouer des morceaux comme celui-là ?

Mark : Absolument ! Je trouve que 'Black Rain' est un peu du même acabit. Il y a cette atmosphère sombre et étrange. Je l'aime beaucoup, c'est l'une des meilleures. J'ai le sentiment que 'Los Angeles' et 'Black Rain' sont connectées d'une certaine manière.


En tout cas, c'est un titre qui peut être décevant, frustrant ou peut-être même surprenant pour vos anciens fans. J'aime beaucoup cette chanson, mais ce n'est pas le morceau que l'on peut typiquement attendre de Blink-182. En êtes-vous conscients, et qu'en pensez-vous ?

Mark : C'est ce qu'on a voulu sur cet album !


Et un groupe a le droit d'évoluer !

Mark : Oui. C'était une volonté de notre part. On a voulu avoir un nouveau son. On n'avait pas envie de refaire ce qu'on avait déjà fait auparavant. On a dit à notre producteur qu'on ne voulait pas utiliser les mêmes sons de guitare et de basse. On voulait que ça soit une musique anxieuse et bouleversante.

 

On ne veut pas rester ancrés dans le passé et se contenter de jouer nos vieilles chansons

Est-ce qu'on n'assisterait pas là au retour d'un vieux groupe de punk des années 90 ayant gagné en maturité ?

Mark : Oui, et c'est super ! Pour Blink, c'est très important de continuer d'écrire de nouvelles musiques avec une approche moderne. On ne veut pas rester ancrés dans le passé et se contenter de jouer nos vieilles chansons. On veut faire de la nouvelle musique.


Qu'attendez-vous de cet album ?

Mark : Avec cet album, on a voulu surprendre les gens. A chaque fois qu'on sort un album, on attend une réaction de notre public.

Matt : Pour moi, il n'y a rien de pire que la médiocrité. Je préfère que les gens aiment l'album ou bien qu'ils ne l'aiment pas. Si c'est le cas, alors tu as fait ton travail. Si je m'implique dans quelque chose, je veux que les gens aiment, ou qu'ils n'aiment pas ce que je fais.


Nous avons commencé cette interview en vous demandant quelle était la question que l'on vous avait trop souvent posée. Au contraire, quelle serait la question que vous aimeriez que je vous pose ?

Mark : Je ne sais pas ! Tu as une idée ?

Matt : "Est-ce que tu veux m'épouser ?".


Moi ?

Matt : Oui, je veux que tu me poses cette question ! Non t'inquiète pas je rigole ! Je n'ai rien qui me vienne à l'esprit.

Mark : "Quel est ton restaurant préféré à Paris ?"


Alors ?

Mark : Le Récamier !


Il faudra que l'on aille y manger la prochaine fois ! Merci beaucoup !

Mark : Merci beaucoup ! C'était sympa de te parler !

Matt : Merci beaucoup ! (en Français).


Merci à Adrianstork pour sa contribution...



Plus d'informations sur http://www.blink182.com/
 
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