En ce jeudi 29 novembre nous sommes en terre belge à Courtrai chez nos amis de l’Alcatraz à De Kreun pour assister à une date de la tournée de
The Dead Daisies. La formation américaine a entamé ce circuit européen au début du mois, et retrouver un si brillant collectif dans un cadre aussi intimiste est une chance. Ce concert s’annonce événementiel et il va l’être encore plus, avant même l’heure officielle d’ouverture des portes.
Cela fait quelques années que les groupes mettent du beurre dans les épinards avec des pass VIP hors de prix. Ils donnent l’impression de tondre des fans incapables de résister à l’envie de croiser des gens qu’ils admirent. Pour cette tournée The Dead Daisies rompt avec le côté payant en offrant aux 50 premiers arrivés la chance de participer au Daisyland. Il suffisait d’arriver tôt pour récupérer le précieux pass et entrer dans la salle. Et le cadeau va être royal, les musiciens ne vont pas se contenter de simples signatures et photos, ils proposent un concert acoustique au centre de la salle à quelques centimètres des gens, le tout dans une ambiance très feutrée.
Assis sur des tabourets et avec la batterie calée derrière les musiciens arrivent en saluant chaque spectateur. Serrer la main de Doug Aldritch, John Corabi, Deen Castronovo, Mark Mendoza et David Lowy donne déjà le frisson. Cela ne sera rien en comparaison du concert donné. Ils vont nous offrir une prestation sympathique, fraiche et décontractée. D’entrée avec un extrait de Make Some Noise’ The Dead Daisies montre un feeling énorme. Corabi est monstrueux avec son timbre granuleux plein de chaleur et ses compères tissent un univers hard rock classieux avec grâce. ‘Something I Said’ enchaîne avec la même intensité et on se dit que l’on a la chance d’assister à un de ces moments rares. Pour les titres suivants Corabi passe le micro à ses compères tout en gardant sa guitare à la main. Mendoza est excellent sur ‘Lock & Loaded’ avec un timbre de voix parfait, ce titre écrit par Slash et issu du premier album étant un gros moment de hard mélodique. Pour ‘Stay With Me’, reprise de The Faces c’est Deen Castronovo qui prend le micro. Le dernier arrivé dans le groupe accomplit un gros travail avec un timbre gras teinté de houblon. Le refrain est repris en chœur dans un esprit hors du temps. C’est ensuite Davy Lowy, le fondateur du groupe qui prend le micro. Le guitariste nous raconte son histoire et comment de businessman dans le domaine aérien il en est arrivé à faire du rock. Avec ‘Get A Haircut’ de George Thorogood & The Destroyers il trouve un titre rock teint de pop bien adapté à son histoire et s’en tire très bien avec une voix grave tout en retenue. Enfin Corabi reprend le micro, nous explique son amour des Beatles et de Paul Mc Cartney, avant de reprendre avec classe et respect l’immense ‘Let It Be’. On soulignera encore le beau travail instrumental de ces messieurs, notamment un Aldritch discret mais précieux tout en feeling. Après ce moment de grâce les musiciens se baladent dans la salle pour photos et dédicaces dans un état d’esprit humble devenu rare. Ce meet & greet gratuit restera dans les mémoires des personnes présentes, il a montré un groupe simple et accessible et qui respecte son public.
Il est temps d’ouvrir les portes pour permettre à tout le monde de rentrer dans la salle qui va vite se remplir, et avant d’accueillir les héros de la soirée nous retrouvons Scarved. La formation belge nous avait fait une belle impression l’année dernière au M.A.C.C. avec un hard énergique porté par la voix puissante de Caro. Ce concert est pour la formation une jolie chance de se faire connaître, et elle ne va pas rater cette occasion. L’introduction teintée de science-fiction et appuyée par des lumières rouges fait son effet de même que le bruit de sirène annonçant le début des hostilités. Avec ‘Battlefield’ elles commencent de la meilleure des manières, le titre est taillé dans un excellent hard rock avec un riff costaud et un chant digne de Doro. Le mélange de la hargne et de la mélodie fait son effet et la recette fonctionne. Cela se confirme avec ‘Naughty Reflexes’ puis ‘Devil In Disguise’, qui font taper du pied en rythme, outre le chant on apprécie d’excellents soli rapides et précis. Le groupe est heureux d’être là et l’accueil du public est excellent. Derrière ‘Sweet Surrender’ est une belle réussite avec un riff digne d’AC/DC et un chant que ne renierait pas Lemmy. ‘Toxic Rat Races’ assomme ensuite son monde avec un ton proche du ‘Electric Funeral’ de Black Sabbath porté par un excellent refrain. En fin de concert ‘Masquerade’ et ‘Maiden Voyage’ achèvent en beauté ce joli set. La conviction des musiciens fait plaisir à voir de même que la fougue d’une Caro, parfaite frontwoman. Scarved est un groupe sympathique et chaleureux qui a proposé une très bonne prestation. On ne peut que lui souhaiter de grimper les échelons de la notoriété - il a les capacités pour ravir un large public avec son hard classique héritier des grands anciens.
La salle est désormais pleine, certes le balcon n’est pas ouvert mais les premiers rangs sont très compacts et la chaleur est forte. Le collectif formé par The Dead Daisies ne cesse de grimper en notoriété et il possède un line-up très solide qui évolue moins qu’à ses débuts notamment depuis l’arrivée de John Corabi et Doug Aldritch. Chacun attend une belle leçon de hard classique présentée par la crème du genre. En introduction le ‘Sweet Emotion’ d’Aerosmith fait son effet et permet d’instaurer une belle ambiance. Un court extrait du ‘Rock’n’Roll Outlaw’ de Rose Tattoo retentit ensuite dans la pénombre puis les musiciens déboulent avec ‘Midnight Moses’, emprunté à The Sensational Alex Harvey Band. Le son est énorme et le charisme dégagé par chacun est très fort. Et on ne peut qu’admirer leur talent, Corabi est en pleine forme, sont timbre est parfait avec cette gouaille qu’on aime tant. Aux guitares Aldritch et Lowy font le taf avec une précision chirurgicale tandis que derrière sa basse Mendoza en impose. Le succès est total et immédiat auprès d’un public déjà bouillant. ‘Evil’ enchaine rapidement avec ce groove si fort et ce feeling hard rock si intense. Corabi profite de l’ambiance et chauffe le public avec fougue puis il lance un superbe ‘Make Some Noise’, parfait condensé de hard rock qui envoie la sauce porté par un refrain parfait.
Avec ‘Rise Up’ on retrouve ensuite un autre excellent titre avec ce groove si intense taillé dans le meilleur du genre et joué par des musiciens au sommet. Corabi est bavard, entre deux anecdotes dont une sur le chocolat, il exhorte le public à faire les chœurs pour ‘Dead & Gone’. La réponse est parfaite et le moment de communion très sympathique sur ce titre old school. The Dead Daisies affiche une forme olympique et l’ambiance ne fait que monter, au cours du concert Mark Mendoza ira même faire un petit tour dans les premiers rangs, gagné par l’excitation du moment. ‘What Goes Around’ est une nouvelle occasion ensuite d’apprécier un talent musical hors normes, notamment avec une basse à l’honneur et Corabi au top sur un refrain énorme. Le tout partant en apothéose avec un solo très fin de Doug Aldritch. Corabi présente ensuite le nouvel album, ‘Burn It Down’ puis balance avec ‘Resurrected’ un excellent brulot proche d’AC/DC en hurlant un "baby" de bon aloi. Ce titre est une jolie claque avec de nouveau un refrain soigné et un solo plein de feeling. D’ailleurs Aldritch est à l’honneur avec un excellent solo rock’n’roll et rythmé. Puis ‘Last Time I Saw The Sun’ est un énorme succès avec cette même classe musicale et cette facilité à créer des titres mémorisables. Cette première partie de concert va s’achever avec une reprises des Who, ‘Join Together’. Il est un autre grand moment avec la participation du public sur le refrain et avec un feeling rock à l’ancienne.
La deuxième partie du concert va débuter par un moment intimiste qu’aiment les musiciens. The Dead Daisies aime l’acoustique pour faire partager son amour du rock dans l’intimité. En trois titres, le groupe va faire étalage d’une sacrée classe dans l’exercice, il y a d’abord ‘Set Me Free’, un moment de grâce qui permet de présenter Deen Castronovo, le tout dernier arrivé dans la famille. Ce dernier se met aux percussions pour une superbe version du ‘Maggie May’ de Rod Stewart. Il règne sur ces titres un énorme feeling taillé dans le meilleur d’un rock intemporel. Cette parenthèse se termine avec un dernier grand moment. Corabi raconte d’abord une belle anecdote sur Paul Mc Cartney qu’il a côtoyé en festival en 2016 puis se lance avec ses compères dans une belle version de ‘Let It Be’ pour un nouveau moment de communion avec le public sur un refrain fédérateur pour nombre de générations. Après ce moment hors du temps le groupe revient vers l’électrique avec ‘Burn It Down’ puis ‘All The Same’. La première est d’une belle chaleur rock avec une belle accélération taillée dans le meilleur du hard rock. La deuxième est directe et teinté de rock’n’roll avec un groove énorme et une partie instrumentale de haute volée. ‘Whit You And I’ est un autre excellent moment puis vient l’instant de présenter les musiciens. Corabi joue avec le public, se demande qui a déjà vu le groupe auparavant et évoque l’idée de famille si chère à ses yeux. Chaque musicien va avoir droit à sa présentation personnalisée avec un court extrait d’un classique du rock. Mendonza a droit au ‘I Love Rock’n’Roll’ de Joan Jett, Lowy à ‘Highway To Hell’, Castronovo à ‘School’s Out’ tandis qu’Aldritch est représenté par ‘Long Live Rock’n’Roll’ rappelant son passage chez Dio. Ce dernier a un petit mot en français sympa et la présentation s’achève en beauté avec Corabi qui a droit au ‘It Only Rock’n’Roll des Rolling Stones.
Après cet excellent moment la dernière partie du concert commence et s’annonce toute aussi brûlante. ‘Leave Me Alone’ montre la face heavy de The Dead Daisies : la rythmique est en feu, les riffs sont énormes et le chant de Corabi puissant. Ce dernier nous rappelle son amour des Rolling Stones et lance une excellente reprise de ‘Bitch’ présente sur le dernier album. Cette version bien rock’n’roll envoie la sauce avec une belle force et ravit son monde. ‘Song & A Prayer’ se situe dans le même esprit rock avec un groove et un feeling toujours présent. ‘Long Way To Go’ est portée par un riff costaud, encore proche de l’esprit d’un AC/DC avec un excellent refrain bien amené. La fin approche et l’ambiance est torride avec une chaleur forte et pas mal de sueur dans les premiers rangs. Ce sont de nouveau les Beatles qui vont être à l’honneur avec le formidable ‘Helter Skelter’. Présenté dans une version bien allongée à coups de soli brûlants, le titre est un nouveau moment de communion avec un public en transe. Ce final en fanfare est énorme et le groupe se retire après quasiment deux heures de show. La foule hurle et sous les vivats les musiciens reviennent vite pour des rappels bouillants. Il y a d’abord le tube que pas mal attendaient, ‘Mexico’. Très gros moment de hard rock porté par un refrain en or, le titre fait le tabac attendu et achève un public en transe. Corabi prend la parole une dernière fois et salue tout les grands anciens, de Led Zeppelin à Deep Purple en passant par Kiss et Aerosmith puis rend hommage au public avec sincérité. Le final se fera sur une dernière reprise, celle du ‘Highway Star’ de Deep Purple. Ce titre antique le fait toujours autant en concert et cette version bien burnée est remarquable de classe et achève tout le monde en beauté.
The Dead Daisies a donné une belle et grande leçon de rock’n’roll. Ce concert servi par des musiciens de grande classe à la fois accessibles et pleins de feeling restera dans les mémoires et s’inscrit parmi les meilleurs d’une belle saison pour l’Alcatraz. Il nous reste à remercier Filip et ses équipes pour leur accueil et leur travail précieux pour la cause rock et metal.