On n'arrête plus Powerwolf ! "The Sacrament Of Sin" sera donc leur septième album en quinze ans de carrière. Matthew Greywolf (guitariste) et Falk Maria Schlegel (orgue et synthétiseur) sont venus nous parler de leur dernier album, de leur addiction à la scène, de leur son caractéristique, de leurs héros de jeunesse et de l'avenir du heavy metal.
Nous aimons commencer nos interviews par la question suivante : quelle est la question que l’on vous a posée trop souvent et à laquelle vous êtes peut-être fatigués de répondre ?
Matthew Greywolf : C’est une bonne question !
Falk Maria Schlegel : « Parlez-nous de l’histoire de votre groupe s’il-vous-plaît ! »
On vous demande encore ça ?
Matthew : Parfois, oui.
Et je ne vous la poserai pas !
Matthew : Super, tant mieux ! (Rires)
On a atteint une certaine maturité dans le sens où l’on s’est affirmés sur cette scène-là

Pour revenir sur l’ère de « Blessed And Possessed », (leur album sorti en 2015, ndlr), cette époque a représenté une période longue et riche pour vous. Elle vous a permis de faire un pas en avant et de confirmer le succès de l’album « Preachers Of The Night », (paru deux ans plus tôt, en 2013, ndlr). Je sais que cela semble cliché, mais n’était-ce pas l’album de la maturité pour vous ?
Matthew : Peut-être, oui. Je déteste le terme « maturité » car il donne l’impression que l’on s’est installés avec cet album, et que maintenant, notre musique est ennuyante ! (Rires). Mais je vois ce que tu veux dire et d’une certaine manière, « Preachers Of The Night » a été un gros succès, et « Blessed And Possessed » a été une époque où l’on a pu confirmer ce succès-là. On peut dire qu’on a atteint une certain maturité dans le sens où l’on s’est affirmés sur cette scène-là. Avec l’album « Blessed And Possessed », nous avons joué beaucoup plus de concerts que sur les albums précédents. Donc pour nous, en tant que groupe, cela a été une période très intense. Cela nous a permis de grandir ensemble et de prendre de la confiance.
Tu parlais de votre affirmation. Votre carrière ressemble justement à celle d’un groupe légendaire des années 80 comme Iron Maiden, Judas Priest ou Scorpions, dans la mesure où vous vous construisez album après album, contrairement à beaucoup de groupes actuels qui sortent un album et disparaissent juste après. Êtes-vous fiers d’avoir bâti tout ça ?
Matthew : Tout ça, c’est grâce aux fans ! Donc on est fiers mais, on est aussi reconnaissants envers eux. Je pense que l’on a construit notre base de fans essentiellement grâce aux tournées. C’est ce dont on est fiers car c’est comme ça que le rock et le metal fonctionnent. Pour moi, il me semble que de tournée en tournée, notre public a été de plus en plus grand. Il y avait des gens sur une tournée qui ramenaient leurs amis et leur famille à la suivante.
L’an dernier, vous avez fait la première partie d’Epica et vous avez été les auteurs d’une sacrée performance. J’imagine que beaucoup de fans d’Epica qui ne vous connaissaient pas à ce moment-là se sont mis à vous suivre à partir là.
Falk : Je me rappelle très bien de ces concerts, c’était super. On a passé un super moment. On a convaincu pas mal de monde et c’est très bien pour nous. Quand tu montes sur scène en te disant que c’est le dernier concert que tu joueras dans ta vie, c’est toujours authentique et puissant. On donne tout ce que l’on a et après le concert, on est complètement crevés. Beaucoup de gens s’en rendent compte et c’est la raison pour laquelle autant de gens nous suivent à présent et sont aussi emballés quand ils écoutent notre musique. On est reconnaissants et fiers de ça !
Et c’est une grande chance aussi d’être programmés dans des grands festivals comme le Hellfest devant des milliers de personnes !
Matthew : Bien sûr, bien sûr ! Absolument, c’est l’accomplissement d’un rêve.
Vous avez réalisé un DVD live qui s’appelle « The Metal Mass Live ». Ce live est-il plus proche de « Priest Live » de Judas Priest, ou de « Live After Death » d’Iron Maiden ?
Matthew : C’est une sacrée comparaison !
Mais vous commencez à prendre beaucoup d’ampleur !
Matthew : Je serais content que ce soit vu comme ça et en plus, les deux lives que tu mentionnes sont des documents qui retracent les débuts de ces deux groupes avant qu’ils ne deviennent aussi gros. Peut-être que dans 10 ans, on aura le même sentiment en regardant notre DVD ! « Live After Death », quand j’étais un jeune garçon, c’était le concert parfait. Je me rappelle que j’avais la version LP avec le livret et compagnie, et la VHS. En fait, quand on s’est mis à parler de ce à quoi le DVD « The Metal Mass Live » devait ressembler et de ce à quoi tout le package devait ressembler, « Live After Death » était ma référence. Je voulais avoir un livret dans le même style et tout le reste, car quand j’étais enfant, la moindre image qui était dessus était une révélation pour moi. Si tu fais référence à de tels lives, ça veut dire qu’on a bien travaillé !
Jouer des concerts, être sur scène et avoir cette connexion avec le public, c’est ça le heavy metal

Vous n’avez pas perdu de temps entre la fin de votre tournée et votre entrée en studio. Etait-ce important pour vous de rester sous pression ?
Matthew : On l’est toujours ! Quelquefois, on essaye de se reposer, mais on n’y arrive pas car on est stressés. On a arrêté de jouer des concerts pendant la réalisation de l’album « The Sacrament Of Sin », c’est-à-dire qu’on n’a pas joué pendant 6 ou 7 mois. On avait besoin de remonter sur scène et de jouer. Depuis le début, on a créé ce groupe dans l’optique de le faire vivre sur scène. Je ne pourrais personnellement pas m’imaginer jouer dans une sorte de projet qui ne ferait que des albums studio. Jouer des concerts, être sur scène et avoir cette connexion avec le public, c’est ça le heavy metal.
Falk : Après notre dernier concert à Paris, on a commencé à écrire l’album suivant. Si tu écoutes l’album « The Sacrament Of Sin », il y a beaucoup de chansons taillées pour la scène dessus.
Cet album est le septième de votre discographie. Est-ce que vous avez ressenti de la pression avant de commencer le processus d’écriture en voulant mettre la barre plus haut ?
Falk : Il y a toujours un challenge quand on écrit un nouvel album, que ce soit le septième, le sixième, le cinquième…
Matthew : Il n’y a pas un album plus important qu’un autre.
Votre univers musical est immédiatement reconnaissable. Est-ce que ce n’est pas difficile de se renouveler sans se répéter ?
Matthew : C’est plus de là que la pression est venue quand on a commencé à écrire « The Sacrament Of Sin » car après 6 albums, on s’est dit que c’était le bon moment pour changer un peu notre son. C’est aussi pour ça qu’on a volontairement changé de producteur. On a fait 6 albums avec Fredrik Nordström au Studio Fredman (situé en Suède, ndlr). Maintenant, on travaille avec Jens Bogren. On a changé de producteur pour se challenger davantage, car après 6 albums avec le même producteur, on se connaît tous très bien, tu sais à quoi t’attendre et parfois tu oublies de parler de certaines choses dont tu as déjà parlé par le passé et qui restent telles quelles. Cette fois-ci, on avait envie de recommencer à zéro. Jens ne nous connaissait pas et on ne le connaissait pas et on s’est mis à parler de chaque élément de notre son. C’était une sorte de processus de réinvention.
Les musiciens d’Amorphis nous ont dit au cours de la dernière interview que l’on a faite ensemble que Jens était le 7ème membre de leur groupe, car il a beaucoup d’idées, il a contribué à leur évolution, et à l’ajout de nouveaux éléments dans leur musique. Est-ce que cela a été le cas avec vous aussi ?
Matthew : Je ne dirais pas ça. Son rôle était plus de nous encourager dans l’utilisation de certains éléments. Mais les nouveaux éléments que l’on a utilisés comme le fait de jouer la toute première ballade de l’histoire du groupe à proprement parler, ou le fait d’ajouter de la cornemuse sur un morceau, ce genre de choses sont venues de notre côté. Disons que nous étions dans un état d’esprit ou l’on se demandait s’il fallait vraiment faire ça. Le rôle de Jens a été de nous dire : « Oui, bien sûr ! Faites-le ! Ça va sonner de telle ou telle manière pour que ça corresponde à votre son ! ». Il était en quelque sorte la personne qui nous soutenait et qui nous a aidés à déployer nos ailes et à ouvrir notre esprit. Bien sûr, il a aussi eu quelques bonnes idées par-ci par-là. Jens est un perfectionniste et nous aussi. C’était une très bonne combinaison. Par le passé, on était toujours ceux qui voulaient enregistrer une nouvelle prise pour que ce soit parfait. On a trouvé notre maître en Jens car il était encore plus difficile à satisfaire que nous. Il commence à travailler à 7 heures le matin pour enregistrer, c’était dur ! Je pense que je n’avais jamais touché une guitare à 7 heures du matin, mais Jens est arrivé avec le café le plus fort que l’on pouvait imaginer ! Donc c’était vraiment une super combinaison !
La pochette de ce nouvel album est très belle. Elle rappelle celle de « The Number Of The Beast » d’Iron Maiden, avec votre mascotte qui manipule le diable et les hommes comme des marionnettes. Était-ce un hommage et un moyen de dire que notre monde n’a pas changé depuis 1982 (date de la sortie de l’album d’Iron Maiden, ndlr) ?
Matthew : C’est une bonne interprétation ! (Rires). Pour répondre à la première partie, ce n’est pas un hommage. Avec le recul, peut-être que c’était un hommage inconscient mais je n’avais pas cette idée à l’esprit à l’époque. J’avais griffonné l’idée que j’avais pour une pochette et je l’avais envoyée à l’artiste qui a fait la pochette. Je n’avais pas « The Number Of The Beast » en tête. J’avais simplement le concept avec les marionnettes, cette idée de bien et de mal qui s’affrontent avec le loup au milieu, qui représente l’institution suprême qui domine tout. On a déjà entendu cette comparaison avec « The Number Of The Beast » quelques fois, et pour moi, c’est un véritable compliment, car Iron Maiden a des pochettes iconiques. Si de nos jours tu regardes une pochette qui t’en rappelle une de 1982, ça veut dire qu’elle était excellente à l’époque. Si cela a le même impact visuel sur les auditeurs, c’est que c’est une bonne pochette.
Depuis le début, on a voulu que Powerwolf soit une aventure pour tous les sens
Concernant Iron Maiden encore, leur univers ne se limite pas qu’à la musique. Est-ce votre volonté de ne pas proposer qu’un produit musical mais un univers global avec la musique, les paroles, les pochettes, le maquillage avec lequel vous jouez sur scène ?
Matthew : Oui absolument. Depuis le début, on a voulu que Powerwolf soit une aventure pour tous les sens. On voulait qu’il n’y ait pas que la musique, il fallait que ce soit une aventure complète. Si l’on arrive à emmener les gens dans un voyage de deux heures, alors c’est parfait. Cela voudra dire que le concept fonctionne dans sa globalité. Là encore, nous avons une connexion avec Iron Maiden. Quand j’étais petit, j’étais fasciné pas seulement par la musique d’Iron Maiden mais aussi par leurs pochettes et leur mise en scène, avec Eddy (leur mascotte, ndlr) sur scène.
Mais cela nécessite de l’argent et des moyens de produire tout ça !
Matthew : Bien sûr, mais c’est un état d’esprit d’une manière générale ! A nos débuts, on ne gagnait jamais d’argent sur nos concerts, mais on avait de la folie. On en a toujours, mais sur nos premières tournées, on avait des accessoires qu’on avait fabriqués nous-mêmes et on essayait d’avoir un visuel le plus parfait possible. En y repensant aujourd’hui, c’était parfois assez marrant. En tout cas, notre état d’esprit n’a pas changé. Je me rappelle que sur des tournées récentes, des fois, notre tour manager venait dans nos loges en nous disant que la salle du soir était un peu petite. On voulait une salle comble, quoi qu’il en soit, peu importe la manière dont c’était agencé. C’est l’attitude que nous avons toujours eue.
Il y a 11 chansons sur votre album qui dure 44 minutes. Était-ce votre volonté d’aller à l’essentiel ?
Matthew : Absolument.
Vous avez composé cet album en vous imaginant le jouer sur scène ?
Matthew : On fonctionne toujours comme ça. On fait ça depuis le début. Quand on enregistre la démo d’une chanson et que l’on ressent notre volonté de la jouer sur scène, alors, c’est qu’elle a le bon état d’esprit. C’est la base du metal. J’ai très hâte de jouer certains refrains en concert et de partager ce moment avec le public. On a besoin de sentir que l’on va faire quelque chose de bien avec chaque chanson.
J’imagine qu’avec ce nouvel album et tous ces hits potentiels, cela risque d’être difficile de vous accorder sur une set-list !
Matthew : Oh oui, comme tu l’imagines ! (Rires). On est un groupe où l’on bataille tous ensemble pour trouver des set-lists. Cela peut être très difficile. Ce sont des longues discussions.
Falk : Plus que des longues discussions, ce sont même des discussions sans fin je dirais !
En tout cas, aucun des « hits » ne peut être absent de la set-list !
Matthew : C’est sûr. Et c’est de plus en plus dur au fil des albums. Ce que l’on va faire à l’avenir est que l’on va varier la set-list un peu plus. On ne jouera pas la même set-list tous les soirs. Il y a quand même une certaine quantité de gens qui suivent toutes nos tournées, d'où l'intérêt de jouer une plus grande variété de chansons, c’est certain.
Musicalement, les premières notes de ‘Fire & Forgive’ sont typiquement Powerwolf avec son aspect horrifique et théâtral, un très bon refrain et un côté épique. C’était important de commencer l’album de la sorte ?
Matthew : Oui, ça l’était. Pour moi, c’est important que l’on reconnaisse quel groupe est en train de jouer après quelques secondes.
Es-tu conscient, et es-tu heureux que vous ayez créé une sorte de marque de fabrique ?
Matthew : Complètement. Absolument. Il n’y a pas beaucoup de groupes qui aient créé un son suffisamment emblématique pour que l’on se dise après cinq secondes : « ça ne peut être que tel groupe ! ».
Était-ce votre but en créant ce groupe ? Est-ce que vous cherchiez à avoir cette marque de fabrique reconnaissable dès les premières notes ?
Matthew : Je ne sais pas. Je ne dirais pas que Powerwolf est un groupe original. Ce n’est pas ce que l’on essaye de faire. Nous sommes un groupe de heavy metal et on n’essaye pas de réinventer le genre non plus. Au début, je ne sais pas si cette marque de fabrique était aussi développée, mais au fil des ans, je pense que l’on a trouvé un moyen de la développer. Je ne connais pas d’autre groupe de heavy metal qui utilise un orgue de manière aussi proéminente que nous. La manière de chanter d’Attila (Attila Dorn est le chanteur du groupe, ndlr) est assez unique aussi. Je dirais plutôt que ces éléments se sont développés au fil des ans, et bien sûr, on en est fiers. Si aujourd’hui, un auditeur peut dire après cinq secondes d’écoute que c’est Powerwolf alors qu’il ne connaît pas la chanson, c’est super. Mais l’inconvénient, car il y a bien sûr un inconvénient, est que l’on n’a pas envie de rester collés à cela. C’était l’un des problèmes que l’on a rencontrés dans l’écriture de l’album « The Sacrament Of Sin ».
Peut-être que le fait de travailler avec de nouvelles personnes comme Jens vous aide à conserver votre marque de fabrique tout en incluant de nouvelles choses.
Matthew : Complètement, oui. C’est ce vers quoi on a voulu tendre.
Cet album est très cohérent. Est-ce un album concept ? Car quand on l’écoute, c’est comme si on lisait un livre avec une situation initiale, des temps forts et un énorme final. Est-ce le cas ?
Matthew : Ce n’est pas un album concept dans la mesure où il n’y a pas de lien entre toutes les chansons au niveau des paroles. Un certain nombre de chansons parlent du pêché et du pardon dans le catholicisme qui est un sujet très intéressant. C’est aussi une très bonne base pour des paroles de heavy metal. Mais je n’appellerais pas ça un album concept. J’ai le sentiment qu’écrire un album concept est comme porter une veste trop petite pour moi, car je me sentirais probablement pris au piège en devant faire coïncider toutes les paroles ensemble. Il y a des paroles super différentes comme ‘Where The Wild Wolves Have Gone’ qui parle en gros de la vie après la mort et qui n’a rien à voir avec le titre de l’album. J’ai envie d’avoir la liberté d’écrire sur différents sujets.
Je crois que l’on n’a jamais écrit une chanson en partant d’un riff de guitare ! Nous, on se réunit et on chante !

Les claviers sont prédominants et ont la même importance que les guitares sur cet album, ce qui renforce le côté épique. Comment composez-vous ? D’une manière classique en partant d’un riff de guitare ou d’un phrasé de piano ?
Matthew : Aucun des deux ! La plupart du temps, on chante ! Chez la plupart des groupes de metal, on part d’un riff de guitare, mais je crois que l’on n’a jamais écrit une chanson en partant d’un riff de guitare ! Nous, on se réunit et on chante ! Tu n’aurais pas envie d’entendre ça car nous sommes d’horribles chanteurs excepté Attila ! (Rires). Pour moi, une chanson commence avec une mélodie accrocheuse, et je m’occupe de bâtir des riffs autour. Tu parlais de l’orgue dans notre processus d’écriture, et bien sûr, l’orgue est tout aussi important que la guitare dans la mesure où il crée une certaine atmosphère et une certaine mélodie. Tous ceux qui écoutent de l’orgue dans une grande église vide diront que l’orgue a un son beaucoup plus puissant que n’importe quel ampli de guitare.
Comme on le disait tout à l’heure, il y a un aspect horrifique, gothique et théâtral dans votre musique qui se situe quelque part entre Lordi et Alice Cooper, comme par exemple sur le titre ‘Demons Are A Girl’s Best Friend’. Es-tu d’accord ?
Matthew : C’est marrant comme comparaison ! Je ne connais pas très bien Lordi, mais être comparé à Alice Cooper est un honneur à tous les niveaux. Je vois pourquoi tu dis ça en citant la chanson ‘Demons Are A Girl’s Best Friend’ car c’est une chanson qui a une attitude « rock ». Je ne dirais pas que c’est du power metal ou quoi que ce soit, c’est une chanson de rock assez basique qui a cette ambiance liée au monde de l’horreur. Donc si tu compares cette chanson à Alice Cooper, j’en suis très heureux.
Toujours au rang des comparaisons, ‘Nightside Of Siberia’ me rappelle ‘Train Ride In Russia’ d’U.D.O. avec son côté folk de l’Est, ses fortes mélodies et son refrain. Est-ce un hommage ou une simple coïncidence ? J’imagine que cette chanson va faire un carton énorme en Europe de l’Est comme en Russie.
Matthew : Je ne connais pas ce groupe ! Je ne dirais pas que c’était notre objectif. Nous avons beaucoup de fans en Russie et on est fascinés par les éléments folks et le sujet des paroles de la musique russe. En Europe de l’Est, il y a une mythologie centrée autour des loups-garous et des loups et ça nous plaît. ‘Nightside Of Siberia’ a été en quelque sorte inspirée par un événement triste. Il y a 3 ans, un homme a été arrêté après avoir tué 80 personnes sur une dizaine d’années, et les médias lui ont donné le nom de « loup-garou de Sibérie ». Les paroles n’ont rien avoir avec ces meurtres de masse, parce qu’on ne va pas promouvoir ça ! (Rires). Je ne suis pas fasciné par ça du tout. Mais c’est triste que cet homme se fasse surnommer le « loup-garou de Sibérie » car les loups ne tuent pas suite à des problèmes psychologiques. Le seul être à pouvoir faire ça est l’être humain, pas l’animal. C’est de ça que parlent les paroles. On voulait que ça ait un rapport avec la Sibérie et quand tu donnes un titre comme ça à une chanson, il faut bien sûr qu’elle contienne des mélodies d’Europe de l’Est.
Falk, tu es un membre très important dans le groupe. On est habitués à entendre parler de « guitar hero », mais tu as créé le concept de « keyboard hero » (héros des claviers, ndlr). Le claviériste est souvent au fond de la scène comme c’était le cas avec Michael Kenney (ex-claviériste d’Iron Maiden, ndlr) par exemple qui était plus ou moins caché, voire derrière la scène. Comment t’est venue l’idée de mettre le clavier en avant ?
Falk : Quand ce groupe était en développement, j’étais déjà un fan de metal. Normalement, tu apprends la guitare, la basse, la batterie, ce genre d’instruments. Mais j’ai appris l’orgue et je suis arrivé dans le groupe plus tard. Je n’avais pas envie de me contenter de me tenir derrière mon clavier. J’ai essayé de rendre tout ça divertissant en développant un jeu avec Attila. J’ai besoin de beaucoup d’espace sur scène ! (Rires)
Matthew : Mais comme je l’ai dit, ce n’était pas prévu, car on ne peut prévoir ces choses-là. Je me rappelle que sur l’un de nos premiers concerts, je jouais de la guitare, et je me suis demandé : « qu’est-ce que c’était que ça ? ». Il y avait quelqu’un qui courait sur scène ! Qui était-ce ? Un peu plus tard, j’ai réalisé que c’était lui ! Au début, ça nous faisait bizarre, mais on a cultivé ça.
Falk : On aime beaucoup faire ça.
Matthew : Si tu ne planifies rien, les choses vont évoluer d’elles-mêmes. La plupart des choses que l’on fait prennent naissance quand on est réunis tous les 5 et que l’on passe des bons moments. Je pense aussi que le public s’en aperçoit. Ce ne sont pas des concerts où l’on se dit : « ton rôle est de faire ci ou ça ». C’est le genre de folie et de chaos dont le metal a besoin.
Nous arrivons à un tournant dans l’histoire du heavy metal. Les musiciens légendaires disparaissent lentement et sont remplacés par une nouvelle génération avec Sabaton, Ghost, Volbeat et vous. Êtes-vous conscient que l’avenir de la musique repose sur vos épaules ? Est-ce que vous considérez comme les héritiers de cette époque légendaire ?
Matthew : Même si les vieux héros sont de plus en plus vieux, j’espère personnellement qu’ils ne disparaîtront pas car je suis fan d’eux bien sûr. Mais en réalité, c’est bien que cette scène-là évolue. Des groupes comme Volbeat ou ceux que tu as mentionnés, et même Powerwolf, occupent la tête d’affiche des festivals, et c’est un bon développement pour la scène heavy metal. Cela montre que les choses continuent. Cette scène n’est pas en train de s’effondrer avec les vieux groupes qui disparaissent, elle continue. Cela ne veut pas dire que je ne serais pas triste qu’ils disparaissent pour autant. On joue au festival Download avec Ozzy Osbourne en tête d’affiche et ça me tarde en tant que fan, mais je n’ai pas hâte du jour où il n’y aura plus d’Ozzy Osbourne sur scène. Il y a des groupes comme Volbeat, comme Sabaton, comme nous, qui sont capables de proposer des gros concerts, et cela montre que les choses continuent.
Tobias Forge de Ghost (le chanteur, ndlr) a dit qu’il ressentait de la pression à l’idée de combler le vide laissé par les musiciens de la période légendaire comme Motörhead, AC/DC ou Black Sabbath. Est-ce que tu ressens la même chose ?
Matthew : Non, on n’a pas peur de ça. J’ai peur de perdre mes héros d’enfance, ça c’est certain. Mais en tant que groupe, on monte sur scène et on s’éclate, et je ne ressens pas de pression par rapport à ça. Si l’on devient encore plus grands à l’avenir, ce sera encore mieux et on s’amusera encore plus. Si tu avais demandé ça à Iron Maiden en 1982, si tu leur avais demandé s’ils ressentaient de la pression, ils t’auraient probablement répondu que non.
Qu’attendez-vous de cet album ?
Matthew : Eh bien… C’est une question difficile. Je suis toujours content quand on commence une nouvelle tournée et que je m’aperçois que les fans aiment les nouvelles chansons autant qu’ils aiment les anciennes. C’est ce que je veux atteindre. C’est le moment qui prouve que l’album est bon, et c’est ça que j’espère. A part ça, j’espère que je pourrai continuer à jouer avec ces mecs pendant de nombreuses années supplémentaires et que l’on s’éclatera.
On a commencé cette interview en vous demandant quelle avait été la question que l’on vous avait posée trop souvent. Au contraire, quelle serait celle que vous aimeriez que je vous pose ?
Matthew : Ah ! « Où mettez-vous tous ces disques d’or ? » (Rires).
Celle-ci est pas mal ! (Rires).
Matthew: Et bien sûr je répondrais : « Je construis une grande maison que pour les entreposer ! ». (Rires).
Merci beaucoup !
Merci !
Merci à Noise pour sa contribution...