Et c'est justement quelques secondes à peine après avoir terminé notre interview Pierre Le Pape pour évoquer le dernier Melted Space que nous avons pu échanger avec Adrian Martinot qui nous présente son nouveau projet personnel Disconnected...
Quelle est la question qu’on t'a trop souvent posée ?
Adrian Martinot : Pour l’instant, il n’y en a pas. Nous sommes ici pour parler du groupe et nous sommes contents qu’on nous pose des questions sur le groupe et de présenter ce projet.
J’avais besoin d’avoir un projet dans lequel je compose vraiment et dans lequel je pouvais vraiment m’exprimer.
Qu’est-ce qui t’a amené à mettre ce projet en route, tu avais besoin d’un cadre supplémentaire pour s’exprimer en parallèle de Melted Space ?
J’avais besoin d’avoir un projet dans lequel je compose vraiment et dans lequel je pouvais vraiment m’exprimer. Dans Melted Space, j’interprète les musiques mais je ne suis pas compositeur. Or j’avais plein d’idées et j’avais besoin de les graver sur un disque.
C’était un manque, même si Pierre nous disait que tu étais quelqu’un d’important dans le projet Melted Space ?
Oui. Mes influences sont un peu différentes. J’avais déjà composé des titres donc oui, je ne dirais pas un manque à proprement parler mais plutôt un besoin de m’exprimer car j’avais l’impression d’avoir des choses à dire.
Pour autant, je me sens très bien dans Melted Space -il n’y a aucun souci- mais mon for intérieur me disait d’enregistrer les compos que j’avais écrites. Et Melted Space m’a permis d’aborder la chose de façon professionnelle, j’avais l’expérience nécessaire et Pierre m’a toujours soutenu dans ce sens de créer mon propre projet.
Toujours concernant Melted Space, vous sortez vos albums en même temps ou presque, ce télescopage n’est pas gênant car même si les univers sont différents il y aura une petite concurrence forcément ?
C’est le hasard parce qu’à la base, l’album de Melted Space devait sortir bien plus tôt. Personnellement, je ne trouve pas que ce soit gênant, ça ne me dérange pas.
Comment te sens aujourd’hui que tu vas voler de tes propres ailes ?
Satisfait et fatigué. Satisfait parce que c’est un projet qui me tenait à cœur depuis des années maintenant. C’est donc une vraie satisfaction de pouvoir tenir l’objet entre mes mains.
Tu as réuni autour de toi un solide line-up composé de gens très expérimentés, on peut parler de super groupe même, comment as-tu organisé ton choix, vocalement notamment cela n’a pas dû être simple de trouver quelqu’un capable d’être aussi versatile ?
C’était une époque où je cherchais des gens avec la même ambition que moi notamment musicale pour faire quelque chose de solide. J’ai beaucoup galéré à trouver un chanteur à tel point que j’étais prêt à partir dans un autre pays. Et finalement, c’est l’ingénieur du son François-Maxime Boutault qui m’a mis en contact avec Ivan. On a échangé et le feeling est super bien passé. Je lui ai envoyé des démos, il a posé des lignes de chant en yaourt : une alchimie s’est créée à ce moment. En effet, avant sa rencontre, il me manquait quasiment l’essentiel -le chanteur qui est au moins aussi important que le reste…
Et tout s’est fait naturellement, même si nous ne sommes pas de la même génération -il écoute plus du Pantera ou ce genre de choses- il a réussi à apporter sa patte sur les compos et ça donne un mélange très intéressant.
Tu évoquais les influences d’Ivan, de ton côté quelles sont les tiennes ?
Mes influences sont principalement Alter Bridge même ça ne s’entend pas forcément sur l’album, j’aime bien aussi tout ce qui est moderne comme Architects, Periphery… Pour autant, nous ne voulions pas entrer dans l’aspect trop technique : d’autres le font déjà et le font très bien…
Le travail d’Ivan est bluffant sur ce disque, passer d’un growl typé core à un chant clair aussi pur, il est l’artisan de la réussite de ce disque, il a été composé en fonction de sa voix en se disant qu’avec lui il n’y avait pas de limites ?
Non pas du tout : j’avais déjà composé les 10 titres avant de le rencontrer. On a modifié, fignolé deux ou trois choses mais 99% des compos sont celles initiales…
Concernant son chant, ‘Feodora’ a des relents de Robbie Williams : était-ce un choix délibéré au risque de déstabiliser l’auditeur ?
On a une influence assez pop et j’aime beaucoup cet esprit mélodique dans la voix…
Nous avons voulu créer notre univers.
Vous n’avez pas eu peur de déstabiliser les auditeurs plus intéressés par le côté djent ou metalcore ?
Nous avons voulu créer notre univers. Quand j’ai composé les titres, je ne me suis pas mis de barrière musicale. Je ne voulais pas entrer dans une case, j’ai donc composé sans aucune limite. Après, j’aime bien les guitares saturés, donc il y a donc un côté metal mais si certains passages déstabilisent un peu comme le côté électro de ‘Wounded Heart’, c’est très bien (Sourire)…
Malgré tout, tu es ici en promo pour que cet album rencontre son public, cette diversité n’est-elle pas un risque ?
Nous proposons notre musique : si les gens adhèrent tant mieux, dans le cas contraire, ils écouteront un autre groupe (Rires) !
Cet album est surprenant, on pense d’entrée à du djent teinté de core avec ‘Living Incomplete’ mais rapidement on est embarqué dans un univers très coloré, très varié et qui mélange pas mal d’influences avec une grosse face progressive et atmosphérique. Ce mélange d’univers c’était l’idée principale au lancement de ce groupe ?
Ça l’est devenu, ça s’est fait naturellement parce qu’à la base, les compos n’avaient pas ce côté atmosphérique avec notamment ces ambiances guitares claires et claviers… J’ai ajouté toutes ces choses tout en ne sachant pas si ça allait être cohérent mais finalement, c’est tous ces ajouts qui ont créé le fil rouge : le côté ambiant et le chant ont tout lié…
Ce premier titre ‘Living Incomplete’ avec ses sonorités introductives proches des baleines de "From Mars to Sirius" de Gojira a été placé en début de disque pour rassurer l’auditeur métallique et l’amadouer avec un son aussi solide ?
C’était le but d’avoir un titre fort dès le début. Même si d’autres titres sont beaucoup calmes par ailleurs, on a tous trouvé que cette introduction marchait super bien pour débuter l’album et c’est vraisemblablement ce titre qui ouvrira nos concerts aussi.
Et ces sonorités introductives qu'on qualifie de Gojira ?
C’est un groupe que j’écoute mais ce n’est pas le groupe que j’écoute le plus… Je n’ai vraiment pas pensé à eux en faisant ce son. C’est un son que j’ai trouvé avec ces effets et j’ai trouvé que c’était intéressant.
J’ai fait ma tambouille en fonction de ce que j’aimais de chaque groupe que j’écoute.
Rapidement après, nous sommes entraînés dans un tourbillon. Sur ‘Blind Faith’ on retrouve un ton qui emprunte autant à Alter Bridge dans le chant qu’à Devin Townsend dans la musique typée atmosphérique et puissante. Peut-on dire pour coller une étiquette à Disconnected est à la croisée de ces chemins ?
Oui, ce sont des groupes que j’ai écoutés, c’est donc normal qu’on retrouve leur empreinte dans cet album. J’ai fait ma tambouille en fonction de ce que j’aimais de chaque groupe que j’écoute.
On l’a évoqué avec ‘Wounded Heart’ et ‘Feodora’ vous allez loin dans le côté accrocheur et mélancolique, j’ai pensé même à Muse sur le chant profond un peu plaintif mais aussi aux Deftones pour ce côté sensible et émotionnel…
C’est assez logique de retrouver ce côté mélancolique car quand je compose, j’ai un vrai besoin d’intérioriser : le côté mélancolique est la base de toutes les compos…
A tout ça vous ajoutez cette pincée de core et de djent, ce mélange est surprenant mais fonctionne très bien, comment mixe-t-on tant d’influences différentes et venant d’horizons très diversifiés ?
Je ne sais pas, je ne saurais pas vraiment expliquer… Ce n’est pas une recette, j’ai juste des idées qui partent souvent d’un riff de guitare, de batterie… Je pars souvent de quatre mesures et je brode autour un couplet puis un pont, un refrain… Nous n’avons pas encore vraiment composé de titre à deux -avec Ivan- puisqu’il est arrivé après mais sur cet album, j’ai travaillé ainsi en composant tout de A à Z.
Tu dis ne pas avoir encore composé à deux. Avez-vous commencé à le faire dans l’optique du deuxième album ?
J’ai des idées de titres mais ce ne sont même pas encore des maquettes. Aujourd’hui, nous sommes vraiment dans la démarche du live et nous n’avons pas vraiment le temps pour composer parce que j’aime prendre mon temps mais j’ai des idées que j’ai mises dans un coin de mon iPhone…
Mais maintenant que tu connais Ivan, est-ce que cela va influencer ton écriture ?
Je ne sais pas… Sans doute… A la base, je voulais déjà vraiment laisser de la place au chant sur les compos et à l’avenir, même si je n’ai pas encore mis le nez dedans, comme il sera à la base de la compo, il pourra tout de suite l’arranger et ainsi gagner du temps… Et même si il était à l’aise sur les titres de cet album, il le sera encore plus…
On voulait vraiment faire des chansons et pas un album de démonstrations techniques
Avec ‘White Colossus’ ou ‘Blame Shiter’ le ton est plus typé métallique mais toujours accrocheur, en fait à l’écoute on pense à du progressif, du djent qui serait écoutable et accessible sans les travers qui en font un genre de puristes qui se regardent trop souvent jouer et qui perd le sens de ce qu’est une chanson ?
(Rires) La base de mes compos étaient les mélodies et ensuite, on a essayé d’intégrer des choses un peu plus techniques comme le djent qui fait partie de ma culture. On voulait vraiment faire des chansons et pas un album de démonstrations techniques : nous voulions vraiment avoir des refrains forts et des morceaux avec un format chanson. C’est notre influence Alter Bridge d’avoir cet aspect mélodique toujours mis en avant et d’avoir des refrains forts : c’est notre marque de fabrique !
Comme je ne mets pas de barrière, personne ne sait comment va sonner le prochain album…
Et le fait de travailler à deux avec Ivan risque-t-il d’accentuer le côté chanson justement ?
Peut-être… On ne sait pas ! Tout dépend de la couleur des titres mais comme je ne mets pas de barrière, personne ne sait comment va sonner le prochain album…
Ça sera du pop djent…
(Rires) Va savoir ? Peut-être… Je suis un grand fan de djent avec des Français qui le font très bien comme Kadinja dans lequel évolue Morgan (NdStruck : Morgan Berthet) avec qui j’ai joué dans The Mars Chronicles mais quand tu regardes l’évolution de ces groupes et notamment le premier groupe djent que j’ai écouté, Periphery, qui a sorti une paire d’albums, ils reviennent à des choses beaucoup plus simples : si l’album était très technique, ils reviennent désormais à des formats chanson…
Justement, catchy c’est le bon terme pour qualifier ce disque, mais dans le sens noble du terme, il s’agit de faire des chansons et pas de la technique sans âme, c’était ton idée de base ?
Totalement, c’était l’idée directrice de la composition. Je me suis imposé en composant d’avoir des mélodies fortes rien qu’avec les instrumentaux car je n’avais pas encore le chant… Avec Ivan, on a essayé d’accentuer le côté mélodique et des refrains forts : il fallait que tu puisses chanter la ligne de refrain après son écoute…
Pour le coup, Disconnected, c’est vraiment moi, c’est ma façon de m’exprimer !
N’est-ce pas la réponse à notre question initiale finalement ? Faire de la musique avant tout, ce que ne peut se permettre un Melted Space avec certaines règles imposées ?
Pour le coup, Disconnected, c’est vraiment moi, c’est ma façon de m’exprimer ! Quand j’écris mes morceaux, j’extériorise un sentiment, un ressenti… dans Melted Space, je ressens la musique à laquelle j’adhère totalement mais je la ressens moins que Disconnected parce que je ne suis pas à la base du truc…
Qu’attends-tu de cet album ?
J’espère que des gens vont l’écouter, qu’ils adhéreront et viendront nous voir en concert…
… justement où en êtes-vous ? Avez-vous des dates ?
On a trouvé des tourneurs en France et à l’étranger et les réponses sont plutôt positives pour l’instant : on a des pistes…
A l’étranger également ?
Oui notamment pour une tournée au Canada, en Hollande… et on est en train de monter une date parisienne début mai…
Malgré tout, nous sommes voués à nous exporter !
Tu parles de l’étranger, penses-tu que la musique de Disconnected soit plus adaptée au marché étranger que français ?
Bien sûr, déjà de base, on chante en anglais donc… et clairement, en France, tu as moins de chance de mettre en avant un projet comme le nôtre qui ne passera jamais en radio… Mais ça n’empêche pas qu’on adorerait tourner en France, les festivals qu’on a contactés sont majoritairement français… mais malgré tout, nous sommes voués à nous exporter !
On a commencé par la question qu’on t’avait trop souvent posée, au contraire, quelle est celle que tu souhaiterais que je te pose ?
Je trouve qu’on a abordé tous les sujets : on a évoqué la composition, ce qui est très intéressant. Quand je lis une interview d’un artiste que j’aime, j’aime bien savoir comment il aborde la composition, comment il créé… c’est quelque chose de très intéressant et que tu ne peux pas savoir rien qu’en écoutant la musique.
Maintenant que vous êtes bien lancés avec cet album que vous allez défendre sur scène, quand faut-il réserver un créneau pour la promo de votre deuxième album ?
La priorité est clairement le live mais le deuxième album -parce qu’il est quasiment acquis qu’il y en aura un deuxième- même si on n’a pas encore commencé à travailler dessus, on se dit que d’ici 2019, il faudra vraiment bosser dessus pour une sortie en 2020…
Merci
Merci à toi…
Merci à Noise pour sa contribution...