En ce samedi de début janvier, Music Waves est en Belgique pour le 1
er festival de l’année. Organisé par la dynamique équipe du Hellzine, le Cercle Metal Festival se déroule à Chapelle Les Herlaimont. Il accueille 10 groupes sur deux scènes dans des styles très variés. Chaque scène propose 5 groupes : la première se situe dans le club de la salle, intimiste elle permet de mettre à l’honneur des formations en devenir. La deuxième est située dans la salle principale et propose dans un cadre agréable et très bien agencé une affiche riche. Grâce à la qualité de l’affiche et à une équipe motivée qui a mené une promotion importante, la salle va afficher quasi complet et l’ambiance sera bien chaude. Les hostilités commencent dès 13 heures dans le club, celui-ci sera le plus souvent complet et même rempli à ras bord. On ne peut que saluer l’idée de cette scène secondaire qui évite les creux dans le programme et permet aux groupes de se faire connaître.
Ce sont les Français d’Out The Monster qui débutent. Originaires de Douai, ils viennent de sortir leur 1er album, "Insane". Avec un metal alternatif à la fois puissant et accrocheur, ils vont proposer une solide prestation. Dans l’esprit d’un Linkin Park, ‘Freakshow’ et ‘Give Up’ sont énergiques, portés par un chant efficace et chargé d'émotions. Musicalement le travail est tout aussi bon, les musiciens sont concentrés et rendent parfaitement la finesse des titres. Avec ‘Insane’, le groupe aura aussi proposé un titre au refrain accrocheur qui a rencontré un joli succès avant de terminer sur une ballade teintée de piano. Out The Monster a donné un concert intéressant et maîtrisé, prometteur de belles choses pour l’avenir.

Originaire de Laval, Octane a fait un bout de chemin pour proposer une bonne dose de hard rock direct porté par les chants de Morgane et Alex. Cela va donner un excellent concert, Octane a de la bouteille et sait envoyer la sauce avec une énergie brute. Que ça soit avec ‘Never Say Goodbye’ ou ‘In Your Head’, il se taille un joli succès dans un style proche de Black Label Society. ‘Riders’ rend hommage aux bikers de belle manière. La voix puissante de Morgane apporte un plus très fort à côté du ton rocailleux d’Alex. On aura aussi apprécié une reprise surprenante et explosive de Bruno Mars, le tout devant un public participatif et qui apprécie cette prestation chaleureuse. Les potes de Drakkar ont donné une belle prestation et se sont fait sans nul doute de nouveaux adeptes.

Avec Cathubodua, nous partons vers Louvain. Tirant son nom d’une déesse gauloise, le groupe évolue dans un metal symphonique situé entre Epica et Nightwish avec une violoniste. Le groupe a bien fait les choses avec un décor superbe. Après une intro grandiloquente typique, il envoie la sauce avec énergie. Evoluant dans un style où tout ou presque a déjà été fait, Cathubodua sans être original va faire le métier avec talent, parfaitement servi par des titres riches. Avec ‘Glorious Day’ ou ‘SPQR’ il se fait convaincant et séduit le public. Sara est parfaite avec un chant symphonique maîtrisé et on apprécie les airs de violons qui se marient bien au côté speed de la musique. L’ensemble est très vivant et théâtral et plonge chacun dans la Rome et la Gaule antiques. Cathubodua aura été une découverte intéressante pour pas mal de gens et on lui souhaite de faire son trou dans le genre tant il en a les capacités.

Avec Baraka, le style va radicalement changer. Les Belges évoluent dans un deathcore déglingué et plein d’humour qu’ils qualifient de fritcore. L’intro avec un Rocky parodié donne le ton, les musiciens sont déguisés mais il ne faut pas s’y tromper, ils ne sont pas là pour plaisanter. Car dans le genre brutal, Baraka ne fait pas semblant et va enchaîner les titres comme on distribue les coups. La salle affiche comble et l’ambiance est torride, il y a aura même des circle pit avec de la sueur. Niveau chansons, l’humour est au rendez-vous avec ‘Fritcore’, ‘Black Dahlia Burger’ ou ‘Rape A Pig’ et chacun s’en donne à cœur joie à l’écoute de cette claque deathcore soutenu par un growl furieux. Baraka a donné un concert fun et déjanté qui a rencontré un franc succès et qui nous confirme la richesse de la scène belge et montré aussi un humour souvent rare dans le metal.

Pour la tête d’affiche, le club va sembler bien étroit tant Innerfire est attendu et tant il a ses adeptes. Il faut dire qu’en matière de death mélodique, le groupe belge a su se faire une belle réputation. La chaleur va vite être étouffante et l’ambiance torride grâce à un Thomas, impressionnant de charisme derrière son micro, qui ne cessera d’aller chercher le public en allant même à son contact. Outre l’attitude, Thomas possède une voix d’outre-tombe parfaite qui se mélange à merveille avec le ton à la fois puissant et accrocheur de la musique. A ce niveau, on saluera le travail des musiciens. Du clavier aux guitares ils créent un ensemble envoûtant dans l’esprit d’un Paradise Lost avec des passages sombres et posés qui se mixent bien à la puissance death métallique. Et avec des brûlots comme ‘My Murderous Venesia’, ‘In The Arms Of Perdition’ ou ‘The Griefs In The Black’, il va tout démonter avec une sacrée intensité. Innerfire achève en beauté la programmation du club et a démontré qu’il avait les moyens de rivaliser avec les meilleures formations du genre.

Dans la salle principale du Cercle les hostilités vont débuter en fanfare avec Trikhorn. Les Belges évoluent dans le folk pirate metal et le drakkar installée sur scène fait son effet. Les musiciens sont tous déguisés et quand ils débarquent, une certaine folie s’empare de la salle. Bien déjantés et dans l’esprit d’un Alestorm, ils vont mettre le feu avec pas mal de fun et un sens certain du spectacle. Chacun aura été servi avec en vrac une bataille de coussins dans la fosse, un combat à l’épée sur scène, l’absence de batteur palliée par un camarade avec des poireaux et une fosse assise pour mieux exploser ensuite dans un joyeux délire avec des musiciens se mêlant au public. L’ensemble est classique du genre mais maîtrisé et évoque aussi un punk celtique digne des Pogues. Les chansons sont des hymnes à la piraterie et la camaraderie et au milieu on en retiendra ‘More Hydromel’, ‘Adventure’ ou ‘Reckless Thunder’. Le groupe reprend ‘Drink’ d’Alestorm et fait un tabac dans une ambiance de dingues et propose une belle version d’un ‘Santiano’ qui a toujours la même force épique. Trikhorn a fait forte impression avec son folk terriblement entraînant.

Avec Ithilien, nous restons dans le folk mais avec une approche différente. Les Bruxellois qualifient leur style de folkcore et cela peut surprendre. En effet aux sonorités folks portées par le violon, la vielle à roue et le bouzouki, le groupe mixe des sonorités metalcore inspirées par Parkway Drive avec un chanteur dans ce registre. Cela donne un mélange percutant, l’ensemble est entraînant et vivifiant et le mariage se fait parfaitement. D’entrée, ‘Blindfolded’ donne le ton, les rythmes folks se font une belle place et on ne peut qu’apprécier l'énergie dégagée. Ensuite chacun aura pu apprécier avec ‘The Dive’ ou ‘If Only’ de jolis aspects épiques en adéquation avec une belle puissance. Car au-delà du folk et des passages tout en profondeur, le groupe sait aussi envoyer la sauce. Au chant, Pierre est parfait dans le registre growl, assurant avec charisme. Par la suite, un titre comme ‘Drinkin Song’ aura fait figure de hit avec un côté dansant irrésistible. En fin de concert, ‘Edelweiss’ achève tout le monde en beauté en étant le parfait exemple du meilleur de ce que peut donner ce mariage musical tant on a envie de danser et de partir dans des circle pit furieux. Ce concert aura été une belle surprise pour un public sous le charme, Ithilien a gagné son pari et a fait office de belle découverte.

Avec Carthagods, nous partons en Tunisie. Le groupe a déjà plus de 20 ans d’existence mais n’a sorti son premier opus qu’en 2015 après pas mal de changements de line-up et des expériences live avec Epica ou Anathema. Le groupe affiche un line-up international avec des musiciens venus d’Italie et des Pays-Bas. Il évolue dans un heavy metal mélodique qui penche vers Queensrÿche et Judas Priest avec un soupçon de Nevermore. Sans être follement original, le groupe va balancer un bon show servi par un son clair et puissant. Il propose un bon compromis entre heavy et progressif et aime à jouer de longues plages instrumentales gorgées de feeling. ‘A Last Sigh’ qui entame le concert en est le meilleur exemple et ravit les amateurs de technique au service de la mélodie. Au chant, Medhi aime pousser dans les aigus. Ainsi avec ‘My Favorite Disguise’, il fait dans un heavy speed de haute volée et se met le public dans la poche. On aura aussi apprécié une excellente reprise du classique d’Yngwie Malmsteen, ‘I Am A Viking’, dont le ton épique fait toujours son effet. En fin de concert ‘Memories Of Never Ending Pains’ confirme l’aisance du groupe pour les longs titres à tiroirs, le tout devant un public réceptif. Carthagods a donné une prestation solide avec des musiciens chevronnés et aura été une belle découverte de plus.

Drakkar est le 1er gros morceau de la soirée. Les Belges viennent de sortir avec "Diabolical Empathy" un album de grande qualité, parfait mixe de heavy mélodique et de thrash. Il est habitué de prestations explosives portées par des musiciens chevronnés et par un Leni redoutable de charisme qui sait parfaitement mettre le feu. Le public est massivement posté devant la scène. D’entrée, Drakkar va frapper fort en choisissant l’option heavy droit dans la tronche. Il nous propose les trois premiers titres de son nouvel album et l’effet est garanti, ‘Rose Hall’s Great House’, ‘Stigmata’ et ‘The Witches Dance’ sont des claques heavy parfaitement jouées. Pat et Richy forment un duo explosif aux guitares et distillent riffs et soli avec une précision chirurgicale remarquable dans un ton digne d’Iced Earth. Leny est en pleine forme avec un ton puissant très maîtrisé. La suite du concert est tout aussi excellente, le public se régale de ce heavy couillu, Drakkar a mangé du lion et fait forte impression. Il met à l’honneur des titres plus anciens issus de "Once Upon A Time… In Hell" comme ‘Lost’ ou ‘Saint Bartholomew’s Night’ et ‘Yerushalayim’ pour un effet garanti. Il a même l’excellente idée de ressortir ‘Rise & Fight’ et ‘Lord Of The North’ de son premier album. Ces titres gardent une sacrée pêche que pas mal ont redécouvert avec grand plaisir. En fin de concert, il balance deux autres extraits de son nouvel album, ‘Plague Or Cholera’ et son explosif single, ‘Hitchhiking Of Pain’. Ce dernier bien thrash et doté d’un refrain fédérateur fait un triomphe auprès du public. Le concert s’achève avec la reprise de Twisted Sister, ‘We’re Not Gonna Take It’. Dans une atmosphère chaleureuse, le titre est repris en chœur, les membres d’Octane montent sur scène dans un bel esprit de camaraderie. Drakkar est venu et a vaincu, frappant un joli coup avec son heavy tranchant. On lui souhaite bonne route et on espère le revoir rapidement à l’affiche d’autres festivals.

Après cette tempête chacun attend la tête d’affiche. En matière de punk hardcore mâtiné de metal, Tagada Jones est une valeur sûre depuis plus de 20 ans et reste toujours aussi engagé comme l’a prouvé son dernier opus, "La Peste et le Choléra". La salle est pleine et va patienter tranquillement le temps que tous les réglages soient faits. Et quand l’intro retentit, c’est l’explosion dans la salle et sur scène. Le groupe est en forme et envoie la purée avec un ‘Envers Et Contre Tous’ rentre-dedans et incisif. Le public suit de belle manière et l’ambiance se fait conviviale et sautillante. De titre en titre avec ‘Zéro de Conduite’ puis ‘La Peste et le Choléra’, le ton monte encore en puissance de belle manière. Au chant Niko impressionne avec son ton abrasif et va chercher le public. Les titres s’enchaînent ensuite sans temps mort, on ne peut qu’apprécier le côté militant du groupe, droit dans ses bottes pour défendre les causes qui lui tiennent à cœur. Avec ‘Tout Va Bien’, ‘Descente Aux Enfers’, ‘Le Feu Aux Poudres’ ou ‘Les Nerfs à Vifs’, il ne fait pas de quartier avec cet esprit punk si fort. En fin de concert l’émotion est présente avec ‘Vendredi 13’ dédié aux victimes du Bataclan et des attentats puis avec ‘Je Suis Démocratie’ dédié lui à Charlie Hebdo et à la liberté d’expression. Et même avec ce côté hommage, ces titres restent des bombes de hardcore teinté de metal. Les rappels arrivent de suite, le groupe ne quitte pas la scène et achève tout le monde avec ‘Cargo’ et ‘Dissident’. Enfin Tagada Jones rend hommage à ses frères d’armes de Parabellum avec un medley explosif, parfait concentré du meilleur de cette mythique formation punk. Le groupe a proposé une belle prestation, il a ravi un public qui aura sué dans les premiers rangs à coup de pogos rageurs. Il achève une superbe journée émaillée de concerts de qualité.

Il nous reste à remercier Bart et ses équipes pour leur travail, leur accueil et leur souhaiter le meilleur pour la suite de leurs aventures avec, on l’espère, nombre d’éditions pour le festival